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par Francis PIAN • le 17 novembre 2024

Les intermittents du spectacle, un statut d’une complexité rare

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Parmi nos amis, nos proches, nous connaissons de ces femmes et hommes du spectacle aux ressources fragiles, au statut incertain. Serge Proust dans son livre Les intermittents du spectacle, 35 ans de lutte publié aux Presses Universitaires de Lyon, retrace les conflits, les atermoiements des pouvoirs publics. Il présente des statistiques, une analyse juridique qui donnent au lecteur, au militant des outils pour mieux se défendre et argumenter face aux institutions et aux employeurs.

Ecoutons-le : « Depuis plusieurs décennies, les occupations de bâtiments publics, l’annulation de multiples spectacles et festivals, les sarcasmes adressés à différents ministres de la culture ou la vue d’artistes qui se dénudent au cours de soirées professionnelles donnent aux mobilisations des intermittents du spectacle une visibilité sociale et politique considérable. L’annulation des grands festivals de l’été 2003 constitue ainsi un choc pour de nombreux professionnels de la culture, qui en gardent le souvenir et en espèrent ou en craignent la réédition. » Nous pourrions considérer que 2003 est ancien, pour autant la situation des intermittents reste encore incertaine.
L’ouvrage analyse les raisons pour lesquelles la lutte est pérenne et mobilise une grande diversité d’acteurs sociaux, l’attention des médias et celle des responsables politiques.

Hétérogénéité et tensions entre les acteurs
Les champs du spectacle en audiovisuel, cinéma, danse, musique et théâtre connaissent un ensemble de règles en matière d’assurance maladie, de retraite, proches du monde des salariés. C’est l’assurance chômage déterminée par des règles atypiques qui constitue le régime de l’intermittence du spectacle. La situation entraîne l’interpellation des responsables politiques afin de rééquilibrer un rapport de force inégal. Cette politisation trouve une de ses sources dans la centralisation françaises des relations professionnelles et l’intérêt marqué par l’Etat envers l’art et les artistes.
La réalité des luttes révèle une grande hétérogénéité et tensions entre les acteurs : les intermittents, les militants, les organisations syndicales et patronales, voire les coordinations locales. Les ministères, donc les pouvoirs publics, notamment le ministère chargé du travail et celui de la culture affichent leurs divergences. Pour Serge Proust, le public est aussi concerné du fait de l’annulation des spectacles et de la stratégie des groupes de protestation qui espèrent leur soutien.

Pour comprendre la situation actuelle, il convient de reprendre tout un historique des luttes et des acquis. Dans une première partie, l’ouvrage reprend ce qui conduit les groupes protestataires à constituer l’intermittence en enjeu politique et l’orientation des méthodes d’action. La deuxième partie présente l’organisation des groupes et les raisons pour lesquels le théâtre public constitue le champ central de la lutte. Enfin la troisième partie souligne la crise de 2003 décisive tant par les ruptures qu’elle sanctionne que par ses effets durables jusqu’en 2016 et au-delà. Bon nombre se retrouveront dans ces pages de luttes soulignant l’importance et la singularité de ce dispositif essentiel à la vie culturelle et à celle des personnes qui lui donnent corps.

• Serge Proust
Les intermittents du spectacle, 35 ans de lutte
Ed. Presses universitaires de Lyon, 2024

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris
Emission Au fil des pages sur Radio libertaire

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