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par Francis PIAN • le 4 août 2024

Le mensonge colonial

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On aime bien dans Au fil des pages sur Radio libertaire les ouvrages de George Orwell. Un talent dans l’écriture, un sens de la description et parfois une touche d’humour. Les éditions Les belles lettres rééditent Une histoire birmane.
Une histoire birmane est un roman publié en 1934, situé en Birmanie à l’époque coloniale anglaise. Il raconte l’histoire de John Flory, un Anglais installé depuis plus de dix ans en Birmanie.

Ce livre est directement inspiré de l’expérience de George Orwell comme ancien fonctionnaire britannique en Birmanie.
Les évènements se déroulent dans un village birman appelé Kyautkada, qualifié de « village nord-birman assez typique, qui n’avait pas beaucoup changé entre l’époque de Marco Polo et 1910 ». Le personnage central, John Flory a environ 35 ans, vit depuis plus de dix ans dans ce village comme marchand de bois. Désabusé par sa vie monotone en Birmanie. Il fréquente un club qui n’est ouvert qu’aux rares Européens du village. Il se trouve sans le savoir impliqué dans un complot organisé par U Po Kyin, un administrateur colonial birman qui cherche à être admis au sein du club en organisant une fausse révolte populaire et en l’écrasant.

Racisme et violence
George Orwell écrit Une histoire birmane en cohérence avec sa volonté de prendre parti, non seulement contre ce qu’il considère intolérable mais aussi contre l’Empire britannique pour lequel il a travaillé. Orwell assigne une vision du monde à chacun de ses personnages, de telle sorte à faire dialoguer ces visions du monde et à dénoncer le système oppressif colonial. Ces personnages sont admirablement croqués. Le blanc raciste violent, affichant son mépris à l’égard des habitants. Les collaborateurs birmans plus que véreux. Les propos au sein du Club ne laissent aucune illusion et bercés par les effluves de l’alcool (gin et whisky) consommée sous des chaleurs tropicales, les blancs savent bien qu’ils devront quitter ce pays un jour. Ils s’ennuient, tournent en rond, ânonnent toujours les mêmes propos insignifiants comme pour se donner une raison d’exister.
La critique de l’administration coloniale est redoutable. « Il n’est pas particulièrement indispensable qu’un fonctionnaire britannique aux Indes accomplisse sa tâche avec compétence. »
Je cite encore :
« - Quel mensonge cher ami ?
- Mais voyons, celui qui consiste à prétendre que nous sommes ici pour le plus grand bien de nos pauvres frères de couleur alors que nous sommes ici pour les dépouiller, un point c’est tout. »
Une très forte dénonciation du colonialisme qui trouve un écho dans des textes d’Albert Londres, d’André Gide. Et surtout une analyse qui ne se limite pas au comportement des Anglais mais de tous les colonisateurs. Grâce à l’aisance, à la souplesse de la figure romanesque, Orwell fait passer un message sur la vie coloniale.

• George Orwell
Une histoire birmane
Ed. Les belles lettres, 2024

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris

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