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par Francis Pian • le 5 février 2023

Des idées et des luttes : Insurgé.es ! Regards sur celles et ceux de la Commune de Paris de 1871

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A Saint-Denis, elle y demeure encore !

Le musée d’art et d’histoire Paul Eluard de Saint-Denis en Seine-Saint-Denis accueille, jusqu’au 6 mars 2023, l’exposition Insurgé-es ! Regards sur celles et ceux de la Commune de Paris de 1871 dont l’affiche, reflétant le talent de notre ami Eloi Valat, des mains de travailleuses et de travailleurs si reconnaissables.
Pour ceux qui ne pourront pas la visiter, je recommande le catalogue au prix défiant toute concurrence en coédition avec Libertalia.

Il faut savoir que l’un des plus importants fonds sur la Commune de Paris de 1871 se trouve dans ce musée et la médiathèque dionysienne. Des milliers d’œuvres et de documents : dessins, estampes, affiches, journaux, photographies, correspondance, peintures sont rassemblées autour du célébrissime drapeau rouge du 173ème bataillon de la Garde nationale. C’est une forte émotion de saisir le quotidien de ces femmes et de ces hommes qui crurent en un idéal de liberté et de justice sociale. Vous les verrez en photographies et gravures sur le vif, débattre des thèmes encore d’actualité de nos jours.

« La démocratie vraie »
Les co-commissaires de l’exposition, Anne Yanover, directrice du musée et Laure Godineau, Maîtresse de conférences, insistent sur le travail de Jacques Rougerie décédé récemment sur le peuple parisien et la « démocratie vraie ». Autre aspect, comme nous l’avions souligné lors du colloque sur La Commune de Paris organisé par la Fédération anarchiste et la CNT, la Commune ne s’est pas limitée à Paris et plusieurs documents en témoignent, Lyon, Marseille. L’approche n’est pas strictement mémorielle, elle s’ouvre sur d’autres formes de lutte comme pour démontrer que la Commune n’est pas morte, les gilets jaunes et la Commune des ronds-points, la Commune libre de Tolbiac notamment.
A la différence des commémorations antérieures, particulièrement celle du centenaire, la place des femmes est largement soulignée dans l’exposition et le catalogue.

Les thèmes sont d’une grande actualité : république, démocratie, émancipation, égalité dans les rapports sociaux, violences. Vous verrez ces femmes qui animent des clubs dans les églises et interpellent la Commune, les affiches, les journaux au premier rang desquels figure bien sûr Le Cri du Peuple de Jules Vallès.

Comme lors de la Commune, les artistes actuels sont mobilisés, Courbet est dans tous les esprits, accompagné d’Ernest Pignon-Ernest, du collectif Raspouteam, de Raphaël Meyssan, de Tardi, d’Eloi Valat.

« … l’idée est debout »
Après une présentation chronologique rapide mais claire, l’exposition est jalonnée de textes d’historiens (Eric Fournier), d’historiennes (Michèle Riot-Sarcey), de témoins (Jean Allemane) qui, avec leurs spécialités pour les uns et leur authenticité pour les autres, éclairent la lecture des 72 jours.

Vous goûterez sans doute l’affiche de la Garde nationale qui appelle à la lucidité les citoyens dans leur choix lors des élections. Toujours d’actualité cette affiche ! Vous déchiffrerez les convocations manuscrites, les billets, les circulaires. Tenez celle de Rama délégué à l’instruction dans le XVIIe arrondissement qui interdit d’enseigner le catéchisme pendant la classe. Et cette déclaration « toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent ». Nous sommes le 31 mars 1871.

Évidemment la Semaine sanglante est évoquée avec des documents émouvants, la guerre civile d’Edouard Manet, le Mur des fédérés de Picchio, L’Exécution de Varlin de Maximilien Luce et tant de gravures, de photos de Braquehais. Le musée nous offre aussi une série d’eaux-fortes de Pilotell dont celle du cadavre de Raoul Rigault (Vu par l’auteur le 24 mai à 5 heures du soir, rue Gay-Lussac) et une autre illustrant la célèbre citation de Victor Hugo : « Le cadavre est à terre mais l’idée est debout ». Un autre moment d’émotion que de se trouver devant le manuscrit de L’Insurgé écrit de la main de Vallès.

Terminons par ce mot d’Anouk Colombani, militante et conférencière à Saint-Denis, côtoyée au sein de l’Association Faisons vivre la Commune présidée par Marc Plocki : « Alors, si on vous le demande, dites que la Commune a eu lieu à Saint-Denis. Et qu’elle y demeure encore ».

Francis Pian

Insurgé.es ! Regards sur celles et ceux de la Commune de Paris de 1871. Musée d’art et d’histoire Paul Eluard, 2022. Ed. Libertalia,

Nous recevons Anne Yanover, Directrice du Musée d’art et d’histoire Paul Eluard de Saint-Denis et Laure Godineau, maîtresse de conférences à l’Université de Sorbonne Paris-Nord, co-commissaires de cette exposition dans l’émission Au fil des pages sur Radio libertaire 89.4 ou sur le site de la radio.
On vous attend le mercredi 8 février 2023 de 17 h à 18 H 30

PAR : Francis Pian
Groupe Commune de Paris

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