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Littérature
par Patrick Schindler le 1 septembre 2023

Les vendanges du rat noir. Septembre 2023, un bon cru...

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En ce début septembre, rentrée studieuse avec le Rat noir ! Cours d’histoire grecque pour commencer : Mémoires de Yannis Makriyannis. Puis, Sciences naturelles, en compagnie d’Elisée Reclus et l’Histoire d’un ruisseau. Petit saut historique dans le Philsterburg (Allemagne) des années 30, avec le jeune résistant Jacques Decour. Récréation avec La grande vie de l’ineffable Jean-Pierre Martinet. Histoire de l’art des Roms, des Sintis ; Gitans ; Manouches et autres voyageurs. Petite pause ultra-ludique : l’impayable polar féminin à déguster : La fiancée de Zorro de Nicolatta Vallorani. Philo, avec L’éco-éthique de Tomonobu Imamichi. Et pour finir, Entre haine et tendresse : les bouleversantes confidences de Natacha Pierre.



Femme vampire, quartier de Psyri (Athènes), photo Patrick Schindler, 2023

« La gourmandise est la passion la plus forte des enfants et des vieillards. La première jouissance de l’homme, celle qui le réjouit depuis la naissance jusqu’à sa dernière heure » Charles Fourier

Yannis Makriyannis : Mémoires



Dans la préface de Général Makriyannis, Mémoires (éd. Albin Michel, traduction Denis Kohler), Pierre Vidal-Naquet brosse le portrait de la Grèce au temps de Makriyannis. Peuplée alors de Rouméliotes, de bergers valaques, d’Albanais) et bien sûr des occupants ottomans. Avant que le nouveau territoire grec ne soit envahi, après la révolution de 1821, par les puissances occidentales. La « Xénocratie », remplacée par la « Bavarocratie » du roi Otton. Ce dernier, obsédé par le modèle urbain venu de Paris, Londres et surtout, Munich, mais tout-à-fait incapable de résoudre le problème des langues (entre le savant Katharévousa et la Dhimotiki populaire) et de bien comprendre les divergences entre les anciens combattants de la révolution.
A son tour dans sa préface, Denis Kohler tente de situer Makriyannis, au sein de ce contexte explosif. Mariyannis, combattant Rouméliote de 1821, « mais, de second plan », se faisant cependant remarquer vingt ans plus tard, comme un des investigateurs du coup d’Etat du 3 septembre 1843. Et ce, jusqu’à son emprisonnement, sa condamnation et sa trop tardive réhabilitation. Makriyannis « un des rares érudits grecs autodidactes, passionné par l’histoire de son pays, ses victoires et ses échecs ».
De plus, Georges Séféris ajoutait que ces Mémoires, faisaient de Makriyánnis, le « maître de la prose grecque moderne ».
Elles furent également considérées comme un des textes fondateurs de la littérature en langue populaire.

Son histoire est également un véritable feuilleton. Enfin, Makriyannis prend la plume ! Il commence par nous préciser qu’il n’a écrit ses mémoires « que dans le but de ne dire que la vérité nue ». Mais il commence par nous raconter « en toute objectivité », ses années de jeunesse, jusqu’à la révolution grecque. Son enfance au sein d’une famille pauvre et nombreuse de Roumélie, pratiquement réduite au statut d’esclavage par le tout puissant Ali Pacha, dans la région de Ianina. Après la mort du père et de trois enfants de la fratrie, les survivants fuient avec leur mère à Livadia. Agé de 7 ans, le garçon est « placé » pour travailler et part, sept ans plus tard, à Arta où il va s’initier à l’Hétairie.
Un intéressant passage est consacré à cette société secrète révolutionnaire. Grace à son témoignage de tout premier ordre, nous allons également pénétrer au cœur des forces et alliances qui opposent ou réunissent Grecs, Albanais et mêmes les quelques Turcs opposés à l’autocratie d’Ali Pacha.
Il nous raconte les destins tragiques des héros Capétans de la révolution de 1821, (dont celui de Gogos « cet honnête homme, patriote courageux et généreux ») durant les huit longues années de la « Guerre d’indépendance » s’étant déroulée en Roumélie, dans le Péloponnèse et dans l’Attique. Tout ceci sous l’œil curieux des Anglais, Français, Autrichiens et Bavarois.
Madriyannis va nous raconter comment lui a réussi miraculeusement se sortir de ce bourbier « où les Grecs exerçaient les mêmes actes sadiques que les Turcs » ! Viols, têtes coupées et exposées en public « Je suis écœuré d’être Grec, voyant quels cannibales nous faisons » ! Son récit est tout aussi édifiant lorsqu’il nous expose plus loin, les oppositions qui séparent les membres du gouvernement exécutif (les Kolokotronis, Metaxas, etc.) et les membres législatifs, (Catépans, magnats et grands propriétaires). Manipulations, magouilles en tous genres « une bande de politiciens, délateurs et fonctionnaires véreux qui cherchent à diviser les combattants, dépensent des trésors de fourberies, font leur pelote des biens pillés aux Turcs et réduisent le peuple à la terreur et la misère. La merde trouve sa pelle et notre patrie était réduite à n’être plus qu’une serpillière à canailles ». Ça a le mérite d’être franc !
Il est à noter que Makriyannis n’évoque jamais (ou très peu) sa vie privée. En revanche, il ne cache nullement ses convictions sexistes et antisémites (équivalentes à celles proférées dans l’occident médiéval, selon une note de bas de page, « Epoque oblige » ?! …
Bref, nous allons suivre les péripéties qui attendent Makriyannis après la révolution. Notamment, durant la reprise de l’Acropole aux Turcs,e tc. Makriyannis ne reprend sa narration qu’à partir de l’élection de Capodistria, en tant que Gouverneur de Grèce en 1827 « sombre période de magouilles à tous les étages, tandis que la population roumeliote est persécutée, sous les yeux complices des puissances occidentales et de la Russie ». Quelle solution en attendant l’arrivée du roi ? C’est ainsi que nous arrivons au début du règne du roi Otton, sous le regard jaloux des autres puissances qui n’attendent que l’occasion de reprendre la main. Mis à part ces moments historiques, on en apprend également beaucoup sur les différentes identités grecques traditionnelles, sur la religion et le contexte général en Grèce à cette époque. Makriyannis épluche ensuite les années du « drôle de règne d’Otton ».
Il consacre un long passage à nous présenter son projet de constituer 125 illustrations, représentant les « moments clés » de la révolution grecque « afin de laisser en image, seulement la vérité contre les contre-vérités historiques ».
Puis nous en arrivons au fameux soulèvement du 3 septembre 1843 (pour réclamer au roi une monarchie constituante et la justice pour les combattants) : l’apogée des aventures de Mariyannis. Document historique de première main : la sienne ! Mais tous les efforts de ce dernier réussiront-ils à s’opposer aux rivalités entre les différentes factions de la société grecque ? Quid de la question religieuse et de la langue, remise une fois de plus sur le tapis. Mariayannis s’arrête aussi, un temps, sur la « Société philorthodoxe » qui reprend le fantasme de la « grande idée », ou la reconquête de l’ancien empire hellénique, notamment en Asie mineure. Puis, nous assistons aux derniers combats de Makriyannis, au péril de sa vie, plusieurs fois menacée.

Dans sa conclusion, il tire le bilan de sa vie qu’il résume ainsi « Moi, je ne suis qu’un simple citoyen qui cultive son jardin. J’ai écrit tout cela sans passion pour que la vérité soit connue et qu’on cesse d’accuser à tort et à travers notre infortunée patrie. Oui j’ai aussi commis des erreurs, j’en fais encore ! Je suis un homme et c’est un devoir de rapporter ses défauts autant que ses qualités » !

Si cette recension s’est révélée aussi longue, c’est que nous souhaitions montrer toute l’étendue des épisodes évoqués par Makriyannis, d’une époque aussi troublée que celle de la révolution grecque et de ses suites. Mémoires incontournables pour essayer d’y voir un peu plus clair ! Ce que confirme Dinos Christianopoulos [note] dans Vies parallèles, un de ses textes du recueil La mauvaise pente : « Makriyannis ne désirait aucune gloire littéraire, il ne désirait que nous apprendre « de première main » quels monstres ont gouverné et ruiné la Grèce […] L’historien Vlahoyannis découvrit ses manuscrits en 1907 chez un épicier qui s’en servait pour envelopper ses anchois ! […] Personne d’autre que Makriyannis ne nous a rapporté de façon si vivante 1821, la royauté bavaroise et les souffrances de notre peuple. Ses mémoires peu à peu, ont conquis les spécialistes les plus sévères » …

Elysée Reclus : Histoire d’un ruisseau



Elisée reclus est né en Gironde en 1830, dans une famille protestante et sous l’influence d’un père pasteur. Très tôt, il a du mal à supporter l’éducation religieuse et s’intéresse alors, à la politique. Communard, théoricien anarchiste, membre de la Première Internationale, il rejoint la Fédération jurassienne après l’exclusion de Michel Bakounine. Avec Pierre Kropotkine et Jean Grave, il participe au journal Le Révolté. Végétarien, naturiste, partisan de l’union libre et espérantiste, en octobre 1894, avec d’autres professeurs démissionnaires, il crée à Bruxelles l’Université nouvelle. Précurseur de la géographie sociale, de la géopolitique, de la géohistoire, de l’écologisme, Elisée est non seulement un pédagogue novateur, mais aussi un écrivain prolifique. Ses ouvrages majeurs sont La Terre (en 2 volumes), sa Géographie universelle (en 19 volumes), L’Homme et la Terre en (6 volumes !), ainsi que ses plus conscises, Histoire d’un ruisseau et Histoire d’une montagne. Il écrivit environ 200 articles géographiques, 40 articles sur des thèmes divers et 80 articles politiques anarchistes ...



Dans l’introduction d’Histoire d’un ruisseau d’Elisée Reclus (éd. Le Pommier), Valérie Chansigaud nous raconte le chemin passionnant de ce petit fascicule, publié en 1869, en fait, une sous-partie de son ouvrage La Terre, publié en 1861. Cette nouvelle version à forte dimension idéologique (anarchiste), est rédigée sous la forme d’une vulgarisation scientifique mais très non exempte de nombreux passages de pure poésie !

Thématique centrale : de l’influence de l’eau dans la construction des sociétés. Le récit commence « naturellement » à la source, « qui fut de tous temps le symbole de la pureté morale et de l’innocence en poésie ». Des aryens d’Asie aux Hellènes, tous lui rendirent hommage, nous explique Elisée Reclus, et ce, jusqu’aux temps du Moyen-âge. On en apprend beaucoup au passage, sur l’histoire de ces régions et les légendes des ancêtres de ces trois « races de l’ancien monde ». Reclus traite dans un chapitre à part, l’histoire de l’eau dans les pays désertiques (peuples arabiques, Sahara, plateaux d’Amérique du Sud, etc.) « Pour ceux qui y habitent, les oasis sont presque des prisons, alors que pour ceux qui les voient de loin et qui ne les connaissent que par l’imagination, elles sont un paradis ».
Entre beaucoup d’autres questions, Reclus se demande entre autres, pourquoi, nombre de cours d’eau ont disparu d’Afrique et d’Arabie.
Sur de très belles pages, il chante ensuite le charme des torrents de montagne « qui s’élancent en cascades et baignent les herbes de ses gouttes éparses ». Comme la musique d’un ballet ou, « tel le serpent qui glisse dans l’herbe en déroulant ses anneaux » ». Mystères des grottes, « refuge de nos ancêtres qui se ramifient dans les profondeurs de la montagne, sculptées par les eaux souterraines ». Quelques souvenirs d’enfance, ici ou là : « à quelques pas des champs labourés, le charme des ravins où se glissent une multitude d’animaux et bestioles et, protégées du soleil, des plantes groupées librement, suivant leurs affinités et la nature qui les portent, comme une fédération où chaque existence est sauvegardée par l’alliance de toutes ». Barques de pêcheurs abandonnées, terrain de jeu privilégiés des gamins faisant l’école buissonnière.
Après ces belles envolées lyriques, le géologue nous détaille les innombrables variétés de substances, solides et gazeuses, qui jaillissent de nos fontaines. Déluges et écroulements : crues soudaines inondant les gorges des montagnes « masses écumeuses s’avançant à la vitesse d’un cheval au galop ne se calmant qu’avec la déclivité des plaines, mais qui gagne en hauteur et en largeur ». La modification des rives et des ilots ou, « le lent travail des hasards ».
Magnifique passage sur le charme des promenades au bord de l’eau « féérie de l’araignée d’eau, patineur insubmersible qui remonte le courant par des élans soudains. Longues chevelures des faisceaux d’herbes ondoyantes en courbes serpentines sous l’effort du courant. Le plaisir du bain en montagne ou redevenir triton comme l’étaient nos ancêtres ».
Considérations critiques sur la pêche massive et apologie du « pêcheur solitaire malheureux » !
Réflexions sur les « temps modernes » : le ruisseau comme auxiliaire du travailleur agricole, des meuniers, mais victime impuissante de propriétaires terriens et autres patrons d’usines qui provoquent des désastres du fait de leur égoïsme. Passage très instructif sur le flottage du bois, « activité aujourd’hui reléguée dans les gorges des hautes montagnes ».
Le voyage s’achève sur de belles images de flux et reflux maritimes, cycles des eaux qui « sous une autre forme finissent par faire le tour de la planète ». Symbole d’immortalité ?

Le second petit texte du recueil s’intitule Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes, datant de 1866.
Premier thème abordé : les rapports entre les hommes et les montagnes de l’antiquité jusqu’à nos jours, ainsi qu’une comparaison entre les différentes approches des peuples européens depuis le Moyen-âge.
Suivent des considérations d’Elysée Reclus sur l’accumulation des déplacements de population, des migrations et anticipant déjà le « spectre de la désertification ». L’essai s’achève sur une note plus optimiste : les exceptions européennes, en Lombardie, certaines régions britanniques et irlandaises, etc.
Et ce dernier mot donné à Rumford : « On trouve toujours dans la nature plus que ce qu’on y a cherché ».

Jacques Decour : Philisterburg



Daniel Decourdemanche (dit Jacques Decour), est né en 1910 à Paris. Il fait ses études à Paris où il engage des études de droit, mais se tourne rapidement vers la littérature allemande et devient le plus jeune agrégé d’allemand de France. Au tout début des années 1930, il est nommé assistant de français en Prusse, au lycée de Magdebourg. C’est là qu’il écrit Philisterburg, récit qui décrit la montée du nazisme et du racisme. De retour en France, il adhère au Parti communiste et est nommé au lycée Rollin à Paris (qui prendra son nom à la Libération). Mobilisé en 1939, il entre dans la Résistance et crée avec Georges Politzer et Jacques Solomon, la plus importante publication clandestine de la France occupée. En février 42, il est arrêté par la police française et remis aux Allemands. Il est condamné à mort et fusillé le 30 mai 1942.



Octobre 1930. Nous sommes dans le train qui conduit le jeune Jacques Decour (22 ans), à Philisterburg (Prusse orientale), où donc, il est nommé professeur assistant de français.
Dès les premiers lignes, nous sommes conquis par son style particulièrement plaisant qui s’impose dans ce qui n’est alors pour lui, qu’un journal « Journal qui me guette et m’ennuie, m’inquiète, toujours là, méprisant et goguenard ». C’est la raison pour laquelle Decour se promet de « n’exposer uniquement les faits particuliers, d’éviter les clichés et oublier l’image que se font les Français des Allemands ». Facile à dire ! Il ne peut pourtant résister à décrire avec un réalisme cru, les banquiers puis le pacifiste muet, qui partagent son compartiment. Arrivé à destination, il nous fait part de ses premières déconvenues. L’inconfort des lits allemands, la nourriture plus que médiocre, tout comme l’est la ville… Le premier contact avec le directeur de son établissement, vaut aussi son pesant d’or : « Il parle beaucoup. Ses dents mobiles dont il n’est pas plus maître que de sa salive qui tombe en un long firmament sur le revers de sa veste ».
Decour découvre ensuite, avec stupéfaction, les fondamentaux de l’éducation prussienne : méthode, sérieux, discipline et domination « douce » sur les élèves ! Le jeune Jacques s’aperçoit rapidement qu’en dehors de l’établissement, il en est peu ou prou de même « dans cette petite ville où la gravité de Goethe prévaut sur le sourire de Heine ». Rien n’échappe à son regard scrutateur. Uniformes et titres ronflants comme des rouflaquettes. Et de l’autre côté du miroir, un chômage qui explose, la crise financière, l’antisémitisme dès l’école, les vitrines qui explosent sous la propagande nationale-socialiste, rixes permanentes entre communistes et nazis, conséquences d’un Traité de Versailles mal digéré. Bref, cette Allemagne si bien décrite ailleurs, par des Christopher Isherwood ou Klaus Mann [note] , etc. Allemagne des veuves de guerre qui louent leurs chambres inoccupées aux étrangers, etc. Jacques Decour nous livre ici, un petit bijou de scènes intimes entre sa logeuse, son fils chômeur et alcoolique et ses locataires, dont un militant du parti national-socialiste « à l’esprit délimité comme un champ de raves, ses opinions faites au moule dans l’airain le plus dur et une morale de « mâle » ! Parfois le jeune Jacques s’énerve (rarement). Il est surtout, et c’est là tout l’intérêt de son récit, fasciné par les différentes manières d’enseigner des deux côtés du Rhin.
De fil en aiguille, il en arrive faire un comparatif des plus intéressant sur les nationalismes, allemand et français « si bruyants l’un et l’autre que l’on entend pratiquement qu’eux ». La légendaire incompréhension mutuelle entre les deux peuples et leur impossible réconciliation. « En attendant, les ouvriers meurent de faim, portent leurs voix aux partis extrêmes et c’est parmi les pacifistes que se trouvent naturellement les Juifs qu’Hitler fera très probablement fusiller ou expulser et qui brûlent ici d’un patriotisme peu ardent » ...

Prophétique s’il en est ! Ce captivant journal, que Jacques Decour a remanié en France deux ans plus tard, est complété par un petit texte : Goethe et la jeunesse allemande. Pour ne citer qu’une seule phrase résumant parfaitement ce petit essai : « S’il voyait aujourd’hui les adolescents à croix gammée marcher dans les rues en chantant des chants guerriers, Goethe se retirerait dans une tour d’ivoire. En Allemagne aujourd’hui, il serait criblé de balles par les deux partis antagonistes qui l’ont abandonné et jeté par-dessus bord ».
Le petit volume s’achève par la poignante et ultime lettre que Decour envoya à ses parents, datant d’un certain… 30 mai 1942, à 6h45 du matin !

Jean-Pierre Martinet : La grande vie



Jean-Pierre Martinet est né à Libourne (Gironde) en 1944. Son père, professeur d’espagnol, meurt très tôt, laissant une veuve « à la marge de la folie », avec trois enfants dont deux arriérés mentaux. Jean-Pierre Martinet en gardera un souvenir attristé non sans quelques séquelles ! En 1978, après la publication de son roman Jérôme, il quitte son poste à l’ORTF et se réfugie à Tours, où il achète un petit kiosque à journaux ; mais il fait faillite. Il publie deux romans en 1986. Affirmant vouloir arrêter d’écrire, il continue néanmoins, mais les années suivantes sont celles de la déchéance, lors desquelles, Martinet sombre dans l’alcoolisme avant de mourir à 48 ans d’une embolie cérébrale, seul et pauvre. Ses œuvres sont marquées par une noirceur absolue et un profond pessimisme face au « miracle économique », à « l’avachissement moral et les névroses d’un petit peuple déboussolé et désespéré par les mutations de la société ». Il ne s’épargne pas au passage puisque dans sa propre notice biographique, il avait noté : « Parti de rien, Martinet a accompli une trajectoire exemplaire : il est arrivé nulle part. »



Dans La grande vie (réédition L’arbre vengeur) de Jean-Pierre Martinet, le narrateur va rencontrer, ou plutôt « va être forcé de rencontrer » Madame C., concierge rue Froidevaux. Rue qui borde le cimetière Montparnasse dans le 14ème arrondissement. Sa concierge donc, « une force de la nature, presque deux mètres de hauteur, plus de cent kilos », ne supporte pas ses locataires. Elle les tient « dans un mépris tenace, leur reprochant d’habiter dans ce taudis pourri, avec ses WC à la turc dans la cour dans lesquels elle a la phobie de tomber, un jour ».
Le narrateur, à présent. Il habite dans la même rue, « avec sa tête d’avorton maussade, presque toujours ensommeillé, 1 mètre 40, 38 kilos et qui porte des talonnettes à très hauts talons pour ne pas ressembler à un nain de Blanche-neige ». Sa règle de vie : « Vivre le moins possible pour souffrir le moins possible » !
Un père policier vichyste, une mère dénoncée (probablement par lui) et déportée à Auschwitz ... Notre narrateur, lui, travaille dans un magasin d’articles funéraires et veille de sa fenêtre sur la tombe de son père « afin qu’elle ne soit profanée par les chiens, pourtant interdits de séjour ». Il aime son métier « Je me sentais tout drôle devant les veuves de 20 ans. J’avais envie de boire leurs larmes. Si elles enterraient leur mari, j’imaginais qu’elles l’avaient empoisonné ».
Mais, à son corps défendant, il va nouer une relation, dépassionnée de sa part, mais torride de la part de Madame C. qui, tyrannique, va s’enrouler autour de lui, sinon carrément l’avaler !

Jean-Pierre Martinet nous prévient d’emblée : « Il n’y a pas de drame, chez nous, messieurs, ni de tragédie, il n’y a que du burlesque et de l’obscénité ». Nous voilà prévenus. S’en suit un inconvenant, truculent, incontournable et délicieux récit !

Barvalo : Roms, Sinti, Gitans, Manouches, voyageurs



Le « déclencheur » de l’initiative Barvalo (« fier » en romani !), puis de l’édition de l’album éponyme, proposée par le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) et les éditions Anamosa, fut la lettre de l’anthropologue américain, Jonah Steinberg, reçue au Mucem, à Marseille. Ce dernier y faisait remarquer à la direction du musée qu’il ne comportait, deux ans après sa création, aucune référence aux communautés romani et affiliées, comme les Doms. Ces dernières étant également absentes des monuments commémoratifs (notamment de la Shoah) et tout autant que dans les manuels scolaires et leurs langues non reconnues, internationalement.
Alerté, le Mucem se lança alors dans un travail collaboratif de longue durée, avec l’Etiac (Institut européen des Arts et culture Rom) et des artistes roms et non-roms. Le premier objectif visé était de dépasser le sentiment de victimisation, de misérabilisme, ainsi que les clichés et fantasmes auxquels les populations romani sont fréquemment renvoyées. Dans le catalogue Barvalo, Jonah Steinberg nous expose dans un premier temps, les conditions de la mise en place de l’équipe, de leurs enquêtes sur le terrain et autres collectes d’objets (patrimoniaux, transmission des savoirs).
Ainsi, la première partie de l’ouvrage est consacrée aux objets gitans (y compris leur promotion faite jusque dans les magasins Ikea !). Objets d’arts fabriqués à la main par des étameurs et autres professions « dont la polyvalence s’acquière au fil d’une vie ».
Focus sur la Turquie, où plusieurs millions de Roms vivent encore aujourd’hui, tandis qu’ils y habitaient depuis plus d’un millénaire et ce, malgré les stigmatisations historiques successives. Récupérateurs de déchets, musiciens traditionnels, travail de la laine et des tapis, etc.
En France, petit reportage sur les Roms spécialisés dans la récolte du jasmin et des roses à Grasse pour l’industrie du parfum.
Nous partons ensuite pour l’Espagne où, après la chute de la dictature, le milieu associatif Rom a trouvé un nouveau souffle, après la féroce répression qui commença dès le XVIème siècle dans la péninsule.

Nous abordons à présent, la partie « Gadjo » du Mucem ou autrement appelée « le renversement du miroir », qui consiste à inverser le regard du visiteur non-rom, avec un fort recours à l’humour, la dérision et l’autodérision : une réussite !

Autre aspect porté par Barvalo : raconter l’histoire et l’évolution de la dizaine de langues encore survivantes des populations roms d’Europe (environ 12 millions d’individus). Mais aussi aux « antagonismes » existant entre les groupes qui revendiquent leur appartenance à l’Inde, qu’ils ont quitté à la fin du Ier millénaire (Roms, Sintis, Manouches et Gitans) et les groupes qui appuient leur appartenance « totale » au pays d’ancrage. Sujet sensible qui n’est pas sans susciter de nombreuses polémiques, dont on nous explique les causes et conséquences. On en apprend énormément au passage, sur la condition d’esclaves imposée aux Roms moldaves et roumains au XIVème siècle. Autre aspect évoqué tout au long de ces magnifiques pages (prodigieusement bien illustrées) : les fantasmes autour de la « belle gitane », surtout dans les années 60, représentations sexistes auxquelles les jeunes féministes roms ont « déclaré la guerre ».


Delaine Le Bas, «The World of Gypsy romance», 2009.

Les pages suivantes sont consacrées aux nombreux siècles marqués par un antitsiganisme aigu, pratiqué notamment par la police française au début des années 30, et qui atteindra son paroxysme avec l’eugénisme nazi.
En contrepartie, une bonne partie de l’exposition et donc du catalogue, est consacrée aux héros de guerre et résistants (1870/1940), bien sûr, aux victimes de l’holocauste nazi (en Rom Samudaripen), et ce, à l’appui de nombreux documents familiaux. Traces de ségrégation encore présentes en France (campings interdits aux chiens et aux gitans !), aires d’accueil trop souvent situées entre déchetteries, usines polluantes, lignes de chemins de fer, cimetières, centrales nucléaires et tutti quanti. Témoignages de Roms hongrois, roumains, bulgares, tchèques, hollandais, espagnols, français, italiens, etc. Enfin, un bel espace est voué à la dynamique des associations et collectifs militants (l’exemple des LGBT queer roms) et leurs actions sur l’environnement, pour la scolarisation, contre le racisme au quotidien, etc.

Pour clore ce magnifique voyage, quelques portraits de « Barvalos » (dont l’icône du jazz manouche, Django Reinhart) et autres précisions, notamment sur le pèlerinage annuel des Saintes-Maries-de-la-Mer.


Nicolatta Vallorani : La fiancée de Zorro



Nicoletta Vallorani, romancière italienne de romans policiers féministes et de science-fiction, est née en 1959, dans la région des Marches. Licenciée d’anglais et spécialiste de la littérature anglo-américaine, elle est un temps collaboratrice de l’Université de Milan. Traductrice, notamment de nouvelles de science-fiction, et professeur d’anglais, elle débute comme écrivain en 1992, avec un roman de science-fiction. Pour ce qui concerne ses trois premiers romans noirs, ils se déroulent dans un Milan inquiétant, mêlant fantastique, science-fiction et intrigues policières. Ils ont tous été publiés en France dans la Série noire.



Zoé, l’anti-héroïne type, vit dans un squat milanais. Elle est boulimique, grosse (et le sait) : « J’ai horreur des salles de sport. On y transpire, on y devient tout luisant, poisseux et à la fin, on se traîne vers les vestiaires comme des monstres gluants en souhaitant que personne ne vous ait remarqué ». Looseuse, elle a pour premier métier, éboueuse, « un environnement qu’elle adore, plein de surprises » !
Mais elle est aussi, à l’occasion enquêtrice privée, afin de mettre un peu de parmesan dans ses pâtes. Surtout, « elle ne se la pète pas », ne se fait pas trop d’illusions sur elle-même (« j’ai un peu de mal dans mes rapports d’autorité »), mais traîne surtout une sacrée bande de bras cassés derrière elle, dont nous allons faire connaissance tout au long de ce polar décapant.
A commencer par ses deux chiens, Ugo, « tout de guingois et résolument aveugle » et Cicoria, « sourd comme Beethoven et à peu près aussi vieux ». Puis Ariana, sa sœur « qui arrive à chaque fois au mauvais moment avec la précision perverse du mauvais œil ». Ainsi, le jour où elle vient lui annoncer qu’un de ses nombreux ex-amants a été assassiné. « Vu la situation », dit-elle à Zoé, elle ne peut pas s’occuper des petites. Quelles petites ? Les trois filles d’Ariana, les nièces de Zoé, donc : « trois petits monstres travestis en fillettes, aussi furieuses que leur mère. Je les aimais quand elles n’étaient pas là. Comme souvent dans les passions tourmentées ».
Outre l’histoire bien ficelée, le véritable charme de ce polar réside dans la personnalité de Zoé, sa franchise, son franc-parler.
Quelques exemples bien trempés. D’une des protagonistes de l’affaire : « La première chose que je remarquais, c’étaient ses mollets un peu forts comme si, malgré son air élégant, elle s’était trop servie de ses jambes ». D’une autre : « Elle avait des dents qui semblaient alignées par sa propre volonté ». D’une autre encore : « Elle ressemblait à un travesti : un grand poupon sans zizi et quand elle s’énervait : à un crocodile en rut ». D’un protagoniste, lors de l’enquête : « Il se retourna, yeux, nez, dents, et sérieux militaire ». D’un autre : « Un visage en forme de sucrier, les oreilles en guise de poignées ». D’un des amants de sa sœur : « Il est là sans y être, comme beaucoup d’hommes qui ont été amoureux, mais ne le sont plus et s’envolent, solitaires vers un autre destin. Qu’ils ont choisi. Je lui ai tendu la main. Il la saisit et l’approcha de ses lèvres. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé qu’il voulait la mordre. Je pris peur et retirais très vite ce qui m’appartenait, le laissant stupéfait ».
Si Zoé n’a pas la langue dans sa poche, Nicoletta Vallorani se sert de son héroïne pour nous asséner au passage quelques vérités géopolitiques : « Au Maroc quand on tourne le dos à la dernière ville habitée, devant, il n’y a que le désert ». Parfois sociologiques : « Les intellectuels s’assoient autour d’une table et élaborent une politique de gauche en souvenir de quelques batailles qu’ils ont menées quand ils étaient jeunes, mais surtout d’après l’énorme quantité de lectures qu’ils ont faites. Les intellectuels sont snobs ». Caricatures féministes : « Elle était d’un féminisme indéboulonnable qui prétend que les femmes ont toujours raison, et que, à force d’avoir raison, elles se sont emmêlé les neurones, oubliant le temps qui passe ».
Ce qui n’enlève rien à ce récit truffé de bons mots et d’une bonne humeur plus que communicative !

Tomonobu Imamichi : l’éco-éthique



Tomonobu Imamichi est né en 1922, à Tokyo. Philosophe japonais, il était spécialiste de la philosophie chinoise et fondateur de l’éco-éthique. Proche de nombreux philosophes français et européens, tels que Paul Ricoeur, Mikel Dufrenne ou Peter Kemp, il a enseigné en Europe et au Japon. Il a traduit, entre autres, La Poétique d’Aristote en japonais.



En avant-propos de L’éco-éthique de Tomonobu Imamichi, (éd. du Sandre), P.A. Chartel et B. Reber nous expliquent que le soucis principal du philosophe, fut d’élaborer un dialogue entre les philosophes d’extrême-orientaux et occidentaux, « afin de contribuer au développement d’une éco-ethique ». C’est-à-dire, s’appuyer sur un champ de réflexion, allant de l’esthétique à l’éthique et intégrant de façon originale une interrogation sur la nouveauté technologique, (ce que déjà Gregory Bateson et Felix Guattari avaient exprimé avant l’heure).
Ainsi, Tomonobu Imamichi rassembla autour de lui, pour réaliser ce volume, une douzaine de philosophes venus du monde entier. Il ouvre cependant le bal en essayant de répondre, selon trois axes de réflexion.
Devrions-nous inventer de nouvelles valeurs ou de nouvelles vertus ? Quid de l’invention, à l’heure de la globalisation de la communication et des échanges ? Et enfin, qu’en est-il de la tâche de l’art et de l’expérience esthétique à l’époque actuelle ?
Imamichi va ainsi nous entraîner sur la pente des idées depuis leur naissance jusqu’à nos jours et termine en nous conseillant « d’acquérir un minimum de langage technique, afin de maintenir une distance avec les machines, en nous aidant des arts, pour prévenir toute dérive technocratique, aussi bien sur le plan politique que sur le plan éthique ».
Michel Dufrenne reprend la plume et insiste sur la notion ambiguë « d’oikos » (milieu, habitat d’une espère déterminée), afin de nous faire réfléchir sur ce qui en principe, « devrait introduire de l’homogénéité sur notre planète (circulation des personnes, des biens et de l’information), paramètres limités car parfois même interdits à certains endroits de la planète ». Sa conclusion sur l’art rejoint cette de Imamishi.
Pour sa part, Noriko Hashimmoto explore avec nous, l’étendue des principes philosophiques d’Imamishi (souvent provocateurs) et bien sûr, son rapport à l’art « seul capable de libérer l’humain de sa fascination pour les choses matérielles ». Il établit ensuite, selon la théorie d’Imamichi, une comparaison entre l’esthétique orientale et l’esthétique occidentale.
Marco M. Olivetti s’intéresse au lien qui existe « entre l’éco-éthique et le troisième millénaire, pour un européen », notamment à partir des théories d’Husserl, Heidegger, etc.).
Dans le seul texte en anglais (non traduit), Peter Mc Cormick explore le concept éco-éthique, en tant que « nouvelle éthique ».
Peter Kemp évoque le lien entre l’histoire et la nature. Ceci depuis Aristote jusqu’à ses formes les plus modernes (Bergson, Baudrel, Delort, Walter, etc.).
Quant à Jean Ladrière, il s’intéresse aux relations entre éthique humaine, (naturelle) et technique, (instituée).
Pierre Aubenque, à son tour, décrypte le modèle aristotélicien « expressément rejeté par la morale kantienne » pour terminer par cette belle définition de l’art : « qui imite la nature et l’achève ou encore, comble ses lacunes ».
Francis Jacques nous fait réfléchir sur les chances de réussite d’une éthique contemporaine, à l’aide, entre autres, de schémas très explicites.
Bernard Reber clôt ce passionnant dossier collectif, par cette question : « L’éco-éthique est-elle une nouvelle théorie morale ou une proposition « méta-éthique, c’est-à-dire capable de prétendre au rang de nouvelle théorie dans la philosophie morale ? »
Prêts pour ce passionnant voyage ?

Natacha Pierre : Entre haine et tendresse



Un cauchemar peut-il se transformer en conte de fée ? Natacha Pierre répondrait probablement par : « Non » ! En revanche, en lisant la cinquantaine de pages de sa petite autobiographie, Entre haine et tendresse (éd.Wooz), Natacha va nous prouver que, « seule la ténacité et une confiance rageuse en la vie sont capables, contre vents et marées, de venir à bout des pires circonstances ».
Et depuis sa petite enfance passée dans la région rouennaise, les circonstances, c’est peu de dire, qu’elle les a accumulées ! A tel point que l’on se demande : « Comment est-elle parvenue à se sortir, sans trop de dégâts, de ce parcours du combattant ? »
Le message que nous livre Natacha en conclusion de ce récit, (écrit sans fard et sans aucune fausse pudeur), est en effet, celui d’une véritable battante : « Si je veux demain être heureuse sur terre avec les miens, maintenant, il va falloir que je m’y mette avec tous et toutes les opprimés(es). La soumission ne doit plus être de mise. Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des faibles personnes. Chaque être humain sur cette terre doit être respecté en tant qu’être humain. Pour ma part, j’ai dû briser le mur du silence, cesser de culpabiliser et surtout ne plus jamais me taire afin de révéler toute cette violence que subissent trop de femmes ».
Qu’ajouter à cela, sinon commencer par lire cette épopée, à peine imaginable, et pourtant vécue ?...

Patrick Schindler, individuel FA, Athènes


PAR : Patrick Schindler
individuel FA, Athènes
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