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par Francis PIAN • le 17 décembre 2023

DES IDEES ET DES LUTTES: Ripostes,, archives de luttes et d’actions 1970-1974

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Dans les luttes et l’action

La période 1970-1974 n’est pas si loin et pourtant c’est déjà de l’histoire. Elle paraît quelque peu tombée dans l’oubli. Pierre Overney, le Larzac, la loi Debré, le coup d’Etat au Chili, les brigades rouges… La Contemporaine, bibliothèque, lieu d’archives, musée des mondes contemporains sur le campus de l’université de Nanterre propose jusqu’au 16 mars 2024 une exposition de plus de 500 documents relatifs à cette période de luttes, intitulée Ripostes, archives de luttes et d’actions 1970-1974. Comme le souligne Philippe Artières, commissaire de l’exposition, ce n’est pas une exposition nostalgique à destination des anciens « qui y étaient » mais plutôt pour les jeunes afin qu’ils comprennent la logique de l’histoire et l’actualité de certains questionnements. En un temps où l’information circule vite et où les évènements se succèdent, se remplaçant les uns les autres, il est difficile de garder la mémoire et la mise en perspective. Il relève aussi la complexité des faits et l’enchaînement des idées, des luttes. Aucun schématisme dans cette exposition, au contraire les documents nous sont fournis après un choix méticuleux grâce au travail de l’équipe de Franck Veyron, responsable du département des archives de la Contemporaine et autre commissaire de l’exposition. Le catalogue reprend la quasi-totalité des documents de l’exposition avec des contributions de sociologues, d’historiens, d’enseignants éclairant les enjeux de cette période ce qui en fait un ouvrage de réflexion.

Ripostes ! l’exposition affiche, à l’entrée, la loi anticasseurs de 1970 qui notamment sanctionnait les organisateurs de manifestations si des participants commettaient des dommages. Cette loi est une atteinte aux principes du droit pénal français mais le pouvoir pompidolien et son ministre de l’intérieur Raymond Marcellin voulaient casser la dynamique d’extrême-gauche après les évènements de 1968. L’Etat est violent, les mouvements contestataires se mobilisent. Des références militantes et historiques fortes les animent : la Résistance, la guerre d’Espagne, la lutte contre la guerre d’Algérie, la Commune de Paris. On lit beaucoup en cette période. Des maisons d’édition se développent comme Maspero, Champ libre, 10-18, elles diffusent les classiques mais aussi de nouveaux auteurs tels Guy Debord. Les intellectuels Sartre, Foucault, Deleuze s’engagent. Le poids de la Chine populaire est déterminant. Les arrestations se multiplient dans une société où l’information est cadenassée. Des revues sont interdites comme Tricontinentale. Il faut créer des contre-pouvoirs. Informer passe par la création de relais et l’agence de presse Libération va recueillir les témoignages des luttes, des grèves, des protestations jusqu’à la création du journal Libération, l’objectif était de faire un autre journal pour diffuser une autre information. Un journal indépendant refusant d’être prisonnier du capitalisme.

L’opposition est dans la rue
Deux salles d’exposition, l’une consacrée aux fondamentaux et l’autre aux luttes. L’opposition à Pompidou est dans la rue.
Les luttes ne manquent pas sur un plan tant international que national et les groupuscules se multiplient. Une grande salle avec en suspension au plafond, des verbes : informer, soutenir, un mur couvert d’affiches, celles du Larzac, celles dénonçant les violences policières, l’assassinat de Pierre Overney à la porte de Renault, l’extrême-droite, les tribunaux d’exception… des tables au centre exposent des tracts, des manifestes relatifs aux conditions de détention en prison, à la loi Debré, à l’insoumission, aux droits des femmes.
Et une fresque murale chronologique, soulignant le contexte international, le soutien aux peuples en lutte, le Front Polisario, Le Vietnam, les dictatures en Amérique Latine (Uruguay notamment), la Palestine. Des vidéos exposent la violence de la répression en Irlande, le jour du bloody Sunday en 1972, l’arrestation d’Andreas Baader, l’assaut de l’armée chilienne contre le palais présidentiel, la Moneda en 1973. Déjà apparaissent les protestations dans les pays de l’Est, ainsi à Gandsk qui reçoivent, tout comme les refuzniks, le soutien de la gauche non communiste en France.
La répression en Espagne tient une place importante avec le procès de Burgos, l’assassinat de Puig Antich en 1974, l’attentat contre Carrero Blanco, ministre et successeur désigné de Franco.
Les luttes sociales sont déterminantes, le soutien aux travailleurs immigrés, l’usine Lip à Besançon, celle du Joint français à Saint-Brieuc, la lutte contre le flicage des ouvriers dans les ateliers.
A la lecture des documents, le visiteur, le lecteur du catalogue sera frappé par l’actualité de nombreux thèmes qui animent les débats d’aujourd’hui.

Pourrions-nous reprendre la citation de Guillaume Apollinaire dans Le pont Mirabeau qui conclut l’exposition : « Et comme l’Espérance est violente ».

• Exposition Ripostes, archives de luttes et d’actions 1970-1974
La Contemporaine
Université Cours Nicole Dreyfus 92 000 Nanterre
• Catalogue Ripostes !
CNRS Editions, 2023

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris
Emission Au fil des pages sur Radio libertaire

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