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par Yannick • le 9 janvier 2023
Apostat hérétique
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article extrait du Monde libertaire n° 1844 de novembre 2022
Monsieur l’évêque,
Ayant reçu mon baptême à l’âge de quelques mois, à l’insu de mon plein gré car mineur non émancipé et non encore conscient, je vous fais part, par la présente, de mon intention de ne plus apparaître dans vos registres.
Je ne crois pas et n’ai jamais cru en l’existence d’un Dieu qui aurait créé le monde en une semaine. Je ne crois pas non plus en l’histoire de Jésus, qui serait né d’une mère vierge, aurait pu marcher sur l’eau, multiplier la nourriture, et serait revenu à la vie après avoir été crucifié.
Je ne suis également pas en accord avec les textes de la Bible : quand elle prône l’amour de son prochain, que penser de la lapidation du conjoint adultère, qu’elle prescrit également ?
Je ne partage donc pas les croyances fondatrices de l’Église et ne souhaite pas cautionner des écrits parfois violents.
Je ne souhaite pas faire partie d’une communauté souvent concernée par des cas de pédocriminalité. Le rapport Sauvé estime à 300 000 le nombre de victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé ou de son personnel. Le refus papal de la démission du cardinal Barbarin, pourtant condamné pour non dénonciation d’atteintes sexuelles, montre que l’Église n’a toujours pas pris ses responsabilités. À de nombreuses reprises, l’Église a préféré muter les prêtres impliqués dans des cas de pédocriminalité au lieu de les dénoncer.
Je ne souhaite pas cautionner l’attitude de l’Église envers les personnes LGBT+, qui juge leurs inclinaisons "objectivement désordonnées".
Je ne peux pas accepter la position des membres de l’Église au moment du débat sur la légalisation du mariage pour tous. Je pense notamment à sa participation aux marches de La Manif Pour Tous, collectif composé à plus de 50% d’association religieuses, ou encore aux déclarations du cardinal Barbarin, qui n’hésite pas à comparer le mariage homosexuel à l’inceste. Plus récemment, j’ai trouvé choquants les propos du Pape François, qui recommande la psychiatrie pour les enfants aux "orientations homosexuelles" et qui renvoient à l’idée que l’homosexualité est une maladie. Ces positions archaïques de l’Église sont néfastes et encouragent l’homophobie à laquelle les personnes LGBT+ font face quotidiennement en France.
Je m’oppose au baptême systématique des enfants en bas âge, une pratique encore fortement ancrée dans les mœurs et encouragée par l’Église. Toute personne devrait pouvoir choisir librement sa religion (ou de ne pas en avoir), avec une conscience éclairée, à l’âge adulte. De plus, cette pratique permet de gonfler les chiffres des membres de l’Église : celle-ci annonce qu’environ 70% des français sont catholiques alors que des enquêtes d’opinion montrent que plus de la moitié des français ne se réclament d’aucune religion.
L’Église est encore aujourd’hui un obstacle à l’égalité entre hommes et femmes, que ce soit en son sein ou dans la société civile. Les postes d’importance au sein de l’Église sont exclusivement masculins alors que cela serait impensable dans n’importe quelle autre organisation. L’Église ne doit pas être exemptée d’appliquer l’égalité hommes/femmes. De plus, l’Église véhicule une image patriarcale de la famille, où la femme doit se soumettre à l’homme. La lutte pour l’émancipation des femmes a dû ardemment faire face à cette vision chrétienne de la famille afin de faire évoluer les mentalités. Je n’approuve pas le refus de l’avortement de la part de l’Église et je pense qu’une femme doit avoir accès à l’avortement légal, sûr et gratuit. En Argentine, l’Église a contribué à l’échec de l’approbation d’une loi qui aurait permis de mettre fin aux nombreux avortements clandestins et parfois mortels dans le pays. Si l’avortement est à utiliser en dernier ressort, il me parait justifié dans certaines situations particulièrement difficiles. Au-delà de ça, la possibilité d’avorter est un garant du droit des femmes à disposer de leur corps.
Je pense qu’empêcher les religieuses et les religieux de se marier ou même d’avoir des relations sexuelles n’est pas une bonne chose. La sexualité est une part intégrante de la vie d’une personne qu’il ne faut pas inhiber. De plus, cette règle de chasteté force certaines religieuses ou religieux à vivre une relation amoureuse dans la clandestinité, et les empêche de l’officialiser ou de fonder une famille.
Je trouve absurde la réticence de l’Église face au progrès scientifique qui s’est démontré tout au long de son histoire. C’est ainsi que des catholiques brûlaient jadis ceux qui affirmaient que la Terre tournait autour du Soleil et que Galilée ne fut réhabilité par l’Église qu’en 1992, soit 359 ans après sa condamnation. De plus, la théorie créationniste, selon laquelle l’Homme a été créé en l’état par une volonté divine, n’a aucun fondement, et le refus de la théorie de l’évolution est une preuve que l’Église se voile la face devant les innombrables preuves scientifiques qui viennent toujours plus invalider les théories chrétiennes.
Les religions ont été maintes fois la source de nombreuses violences et guerres de l’histoire de l’Humanité. Les exemples sont nombreux, de l’Inquisition aux guerres de religions, des croisades au massacre de la Saint Barthélémy. Le fait que certaines personnes puissent mourir à cause de la religion me paraît invraisemblable.
Je trouve que l’attitude de l’Église au sujet du port du préservatif est irresponsable. En continuant à affirmer que le préservatif n’est pas une solution face aux maladies sexuellement transmissibles, elle participe notamment à la progression de l’épidémie du VIH qui tue près d’un million de personnes dans le monde chaque année.
Je suis en désaccord avec l’Église pour qui toute forme d’euthanasie doit être prohibée. Je pense que dans certains cas encadrés, l’euthanasie volontaire (lorsqu’une personne, capable physiquement et mentalement, demande l’euthanasie ou qu’elle a pu exprimer précédemment un tel souhait) peut être envisagée. Les patients en grande souffrance, pour lesquels les soins palliatifs ne suffisent plus, doivent pouvoir choisir de terminer leur vie dans la dignité.
En conclusion, je considère que la question même de l’existence d’un dieu et a fortiori d’une Église ou d’une religion, quels qu’ils soient, ne se pose pas.
Pour toutes ces raisons, je vous demande de radier mon nom et toute autre donnée me concernant du registre des baptêmes et de tout autre fichier manuscrit ou informatisé que vous détiendriez. Cette lettre fait office de décision définitive, il est donc inutile de me demander une quelconque confirmation. Conformément aux articles 38, 39 et 40 de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, cet acte d’apostasie ne peut m’être refusé. Conformément à la loi précitée, les données me concernant doivent être "effacées". Suite à la décision de la Cour de cassation, vous êtes pour le moins tenu d’ajouter la mention "a renié son baptême par lettre datée du 30 septembre 2022" en marge des registres. Je vous rappelle cependant que rien ne vous empêche d’effacer complètement (rendre illisible) mon acte de baptême. Conformément à l’alinéa 2 de l’article 40, je vous demande de me fournir, sans frais, une attestation confirmant cette radiation. Conformément à l’alinéa 2°c de l’article 11 de cette même loi et en cas de non réception de mon attestation de radiation, je serai au regret de saisir la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), voire d’engager toute procédure nécessaire pour obtenir le respect de ma volonté présentement exprimée. Veuillez agréer, Monsieur, mes sincères salutations.
Hérétique et fier de l’être. Ça ne sert pas à grand-chose, c’est symbolique, mais ça soulage la conscience.
Yannick – Individuel 87
https://apostasiepourtous.fr
Ayant reçu mon baptême à l’âge de quelques mois, à l’insu de mon plein gré car mineur non émancipé et non encore conscient, je vous fais part, par la présente, de mon intention de ne plus apparaître dans vos registres.
Je ne crois pas et n’ai jamais cru en l’existence d’un Dieu qui aurait créé le monde en une semaine. Je ne crois pas non plus en l’histoire de Jésus, qui serait né d’une mère vierge, aurait pu marcher sur l’eau, multiplier la nourriture, et serait revenu à la vie après avoir été crucifié.
Je ne suis également pas en accord avec les textes de la Bible : quand elle prône l’amour de son prochain, que penser de la lapidation du conjoint adultère, qu’elle prescrit également ?
Je ne partage donc pas les croyances fondatrices de l’Église et ne souhaite pas cautionner des écrits parfois violents.
Je ne souhaite pas faire partie d’une communauté souvent concernée par des cas de pédocriminalité. Le rapport Sauvé estime à 300 000 le nombre de victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé ou de son personnel. Le refus papal de la démission du cardinal Barbarin, pourtant condamné pour non dénonciation d’atteintes sexuelles, montre que l’Église n’a toujours pas pris ses responsabilités. À de nombreuses reprises, l’Église a préféré muter les prêtres impliqués dans des cas de pédocriminalité au lieu de les dénoncer.
"Je m’oppose au baptême systématique des enfants en bas âge."
Je ne souhaite pas cautionner l’attitude de l’Église envers les personnes LGBT+, qui juge leurs inclinaisons "objectivement désordonnées".
Je ne peux pas accepter la position des membres de l’Église au moment du débat sur la légalisation du mariage pour tous. Je pense notamment à sa participation aux marches de La Manif Pour Tous, collectif composé à plus de 50% d’association religieuses, ou encore aux déclarations du cardinal Barbarin, qui n’hésite pas à comparer le mariage homosexuel à l’inceste. Plus récemment, j’ai trouvé choquants les propos du Pape François, qui recommande la psychiatrie pour les enfants aux "orientations homosexuelles" et qui renvoient à l’idée que l’homosexualité est une maladie. Ces positions archaïques de l’Église sont néfastes et encouragent l’homophobie à laquelle les personnes LGBT+ font face quotidiennement en France.
Je m’oppose au baptême systématique des enfants en bas âge, une pratique encore fortement ancrée dans les mœurs et encouragée par l’Église. Toute personne devrait pouvoir choisir librement sa religion (ou de ne pas en avoir), avec une conscience éclairée, à l’âge adulte. De plus, cette pratique permet de gonfler les chiffres des membres de l’Église : celle-ci annonce qu’environ 70% des français sont catholiques alors que des enquêtes d’opinion montrent que plus de la moitié des français ne se réclament d’aucune religion.
"l’Église véhicule une image patriarcale de la famille, où la femme doit se soumettre à l’homme."
L’Église est encore aujourd’hui un obstacle à l’égalité entre hommes et femmes, que ce soit en son sein ou dans la société civile. Les postes d’importance au sein de l’Église sont exclusivement masculins alors que cela serait impensable dans n’importe quelle autre organisation. L’Église ne doit pas être exemptée d’appliquer l’égalité hommes/femmes. De plus, l’Église véhicule une image patriarcale de la famille, où la femme doit se soumettre à l’homme. La lutte pour l’émancipation des femmes a dû ardemment faire face à cette vision chrétienne de la famille afin de faire évoluer les mentalités. Je n’approuve pas le refus de l’avortement de la part de l’Église et je pense qu’une femme doit avoir accès à l’avortement légal, sûr et gratuit. En Argentine, l’Église a contribué à l’échec de l’approbation d’une loi qui aurait permis de mettre fin aux nombreux avortements clandestins et parfois mortels dans le pays. Si l’avortement est à utiliser en dernier ressort, il me parait justifié dans certaines situations particulièrement difficiles. Au-delà de ça, la possibilité d’avorter est un garant du droit des femmes à disposer de leur corps.
Je pense qu’empêcher les religieuses et les religieux de se marier ou même d’avoir des relations sexuelles n’est pas une bonne chose. La sexualité est une part intégrante de la vie d’une personne qu’il ne faut pas inhiber. De plus, cette règle de chasteté force certaines religieuses ou religieux à vivre une relation amoureuse dans la clandestinité, et les empêche de l’officialiser ou de fonder une famille.
Je trouve absurde la réticence de l’Église face au progrès scientifique qui s’est démontré tout au long de son histoire. C’est ainsi que des catholiques brûlaient jadis ceux qui affirmaient que la Terre tournait autour du Soleil et que Galilée ne fut réhabilité par l’Église qu’en 1992, soit 359 ans après sa condamnation. De plus, la théorie créationniste, selon laquelle l’Homme a été créé en l’état par une volonté divine, n’a aucun fondement, et le refus de la théorie de l’évolution est une preuve que l’Église se voile la face devant les innombrables preuves scientifiques qui viennent toujours plus invalider les théories chrétiennes.
Les religions ont été maintes fois la source de nombreuses violences et guerres de l’histoire de l’Humanité. Les exemples sont nombreux, de l’Inquisition aux guerres de religions, des croisades au massacre de la Saint Barthélémy. Le fait que certaines personnes puissent mourir à cause de la religion me paraît invraisemblable.
Je trouve que l’attitude de l’Église au sujet du port du préservatif est irresponsable. En continuant à affirmer que le préservatif n’est pas une solution face aux maladies sexuellement transmissibles, elle participe notamment à la progression de l’épidémie du VIH qui tue près d’un million de personnes dans le monde chaque année.
Je suis en désaccord avec l’Église pour qui toute forme d’euthanasie doit être prohibée. Je pense que dans certains cas encadrés, l’euthanasie volontaire (lorsqu’une personne, capable physiquement et mentalement, demande l’euthanasie ou qu’elle a pu exprimer précédemment un tel souhait) peut être envisagée. Les patients en grande souffrance, pour lesquels les soins palliatifs ne suffisent plus, doivent pouvoir choisir de terminer leur vie dans la dignité.
En conclusion, je considère que la question même de l’existence d’un dieu et a fortiori d’une Église ou d’une religion, quels qu’ils soient, ne se pose pas.
Pour toutes ces raisons, je vous demande de radier mon nom et toute autre donnée me concernant du registre des baptêmes et de tout autre fichier manuscrit ou informatisé que vous détiendriez. Cette lettre fait office de décision définitive, il est donc inutile de me demander une quelconque confirmation. Conformément aux articles 38, 39 et 40 de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, cet acte d’apostasie ne peut m’être refusé. Conformément à la loi précitée, les données me concernant doivent être "effacées". Suite à la décision de la Cour de cassation, vous êtes pour le moins tenu d’ajouter la mention "a renié son baptême par lettre datée du 30 septembre 2022" en marge des registres. Je vous rappelle cependant que rien ne vous empêche d’effacer complètement (rendre illisible) mon acte de baptême. Conformément à l’alinéa 2 de l’article 40, je vous demande de me fournir, sans frais, une attestation confirmant cette radiation. Conformément à l’alinéa 2°c de l’article 11 de cette même loi et en cas de non réception de mon attestation de radiation, je serai au regret de saisir la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), voire d’engager toute procédure nécessaire pour obtenir le respect de ma volonté présentement exprimée. Veuillez agréer, Monsieur, mes sincères salutations.
Hérétique et fier de l’être. Ça ne sert pas à grand-chose, c’est symbolique, mais ça soulage la conscience.
Yannick – Individuel 87
https://apostasiepourtous.fr
PAR : Yannick
Individuel 87
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