éditorial du n°1127
Pour le premier effet, rappelons-nous : en novembre-décembre 1995, les médias avaient voulu jouer les français contre les mauvais fonctionnaires qui faisaient grève; cela avait été de courte durée, la population étant quasiment solidaire des grévistes; maintenant, ils nous la jouent tous contre les mauvaises grèves dans les transports, que ce soit à Air France ou à la SNCF, qui ternissent l’image de la France à cause du Mondial de football. Ce qui parait évident, c’est que pour les salariés de ces entreprises, c’est un formidable vecteur pour revendiquer et se faire entendre. Nous ne pouvons donc que condamner l’effet réactionnaire qui a découlé de cette campagne médiatique. Il n’est pas dans nos habitudes d'hurler avec les loups, et surtout lorsqu’une grève peut perturber économiquement une manifestation comme le Mondial.
Pour le second, si l’on vous dit «discrimination positive et égalité des chances», vous pensez évidemment aux ZEP, zones d'éducation prioritaires. Cette appellation n’est qu’un pis-aller pour signaler les établissements difficiles où se retrouvent des enfants d’immigrés et de classes sociales défavorisées. Le récent colloque dans la banlieue de Rouen ne peut être qu’un effet de manche par le gouvernement Jospin en direction de la communauté éducative. Des annonces en trompe-l'œil ! Parce qu’on demande plus aux profs de gérer la misère sociale à moyen constant qu’autre chose ! Heureusement, le principal électorat de gauche sait être inventif quant à la pédagogie, lorsqu’il s’agit de maintenir une soupape de sécurité. Mais jusqu'à quand ? Le gouvernement Jospin l’a bien compris. D’où toute cette poudre aux yeux pour rassurer. Mais ne nous trompons pas : pour que l'égalité sociale et économique soit effective, ce ne sont pas les réformes annoncées qui changeront un tant soit peu la réalité. Pour ce faire, nous proposons, et cela sans les effets cités ci-dessus, la révolution sociale. Un projet trop ambitieux ? Et si nous y allions tous ensemble ?