Un Dimanche presque à la campagne
Le 8 mars 1998, donc, cette association qui vise à la «renaissance des valeurs chrétiennes» et qui mène chaque année en octobre une «Marche pour la Vie» à Marcq-en-Barœul, organise une journée de conférences sur la «famille», l'«homosexualité et le Contrat d'union social (CUS)» et «contre l'avortement : au service de la vie». Xavier Dor [[Évidemment, Xavier Dor et ses sbires ne cachent pas leurs rapprochements avec les milieux de l'extrême-droite française et européenne ; d'ailleurs, le quotidien catholique traditionaliste Présent annonce systématiquement les heures et les lieux de rendez-vous pour chaque nouvelle action anti-IVG.]], leader des commandos anti-IVG et président de SOS tout-petits, répond à l'invitation de l'association pour présenter ce dernier thème. Ancien chercheur en embryologie, il a fondé cette association le 31 octobre 1986, afin de lutter contre le «nouveau génocide» des temps modernes que représente, selon lui, l'avortement. Il revendique, en 1995, 100 attaques de Centres d'interruption volontaire de grossesse. Sa présence et ces conférences devaient être considérées comme de véritables provocations en cette Journée internationale des droits des femmes.
En effet, les associations présentes prônent le retour de la femme au foyer par l'instauration d'un salaire maternel, l'augmentation des allocations familiales sans conditions de ressources pour relancer la natalité, la suppression de la pilule abortive RU486 et luttent activement pour faire échouer la création du Contrat d'union sociale pour les homosexuel(le)s afin de ne pas leur accorder les mêmes droits que les familles dites «normales» (selon leur expression).
Les associations de défense des droits des femmes et des homosexuel(le)s (les Flamands roses, les DégénéréEs, Du côté des femmes, Femmes du Teepy...) ainsi que les syndicats, les mouvements politiques (Humeurs Noires et May-Picqueray FA, GRAAF, CNT-AIT) et des individus non encartés, réunis en collectif le 3 mars 1998, ont appelé à un rassemblement contre la venue de Xavier Dor ce fameux 8 mars, devant le marché couvert Saint-Joseph.
Celui-ci s'est tenu vers 14 h 30 avec force banderoles, panneaux et slogans. L'affrontement entre les 80 opposants et les organisateurs est resté bon enfant, même si quelques tomates ont volé haut dans les deux sens. Et si M. Dor était blessé, c'était, en fait, dû à un choc dans le TGV du matin. Évidemment, la police nationale s'est interposée, les brigades d'intervention rapides sont... intervenues, puis la BAC (brigade anti-criminalité) est venue jouer les gros bras. Marie-Christine Blandin est venue soutenir -- en famille -- cette manifestation à la grande gêne des forces de l'ordre.
Le reportage de France 3 région sera des plus elliptiques. Le SO de l'organisation a lui aussi fait le plein d'images en nous photographiant à coups de Leica. Nous ne connaissont pas l'impact vécu à l'intérieur puisque les sympathisants qui ont essayé d'assister aux conférences où le public très «famille Framboise» venait même de Suisse, ont été rebutés par l'entrée à 50 FF.
Après un premier départ sous la pression policière, les manifestants sont revenus à l'horaire de l'intervention de Xavier Dor, pour trouver plusieurs affiches de l'AGRIFF et reconnaître un sbire du FN de Tourcoing. La police est revenue plus menaçante et les compagnes et compagnons ont dû refluer. Comme la première fois, des immatriculations ont été relevées par les forces de l'ordre et un manifestant s'est fait coincer, à la cow-boy, par la BAC sur le grand boulevard de Roubaix.
Devant le nombre de témoins accourus, les choses en sont restées là. Malheureusement, les provocations n'en restèrent pas là, puisque lors d'une pose dans «le» pub de Marcq-en-Barœul, des -- bons -- clients ont réussi à inscrire subrepticement des slogans racistes et des croix celtiques sur le matériel des manifestants.
Par ailleurs, divers slogans antireligieux ou autres ayant été bombés sur des bâtiments publics (mairie, église...) la veille -- semble-t-il --, le maire de Marcq, Jean-René Lecerf, a décidé de porter plainte contre les associations qui ont appelé à manifester.
Groupe Humeurs noires (Lille)