éditorial du n°1114
Une élégante et démagogique manière de brouiller et de désamorcer les revendications du mouvement des chômeurs qui exigeait clairement, entre autres choses, la revalorisation des minima sociaux et une refonte du système d'indemnisation du chômage. Mais pour M. Jospin et Mme Aubry, comme pour tous les gens de pouvoir, toucher aux profits et aller à l'encontre des intérêts du patronat, s'apparenterait à un crime de lèse-majesté. De toute façon leur rôle politique est clairement défini : s'il sont au pouvoir, c'est pour gérer, pas pour changer les règles du jeu !
Depuis quelques longues années, la méthode reste la même : surfer sur de généreux sentiments de type humanitaires et caritatifs, capitaliser les espoirs populaires et se référer aux grandes valeurs de la République pour, au bout du compte, appliquer la rigueur et accompagner les restructurations «imposées» par le capitalisme.
Faire du «social», «agir contre l'exclusion» est une vaste fumisterie. Quand allons-nous en finir avec ce consensus mou, qui va de la gauche caviar à la nouvelle gauche rouge-verte, et qui se borne à vouloir gérer les conséquences d'un système totalement injustifiable tout en faisant mine d'œuvrer pour plus de justice sociale ?
Au nom du « c'est mieux que rien », chacun y va de son couplet pour tenter de légitimer les mesures de gestion de la misère. Les Travaux d'utilité collective en 1984, c'était déjà au nom du «c'est mieux que rien» ; la mise en place du RMI fut orchestrée sur la même musique. Lorsque furent créés les CES (Contrat emploi-solidarité) on trouva encore des personnes pour nous dire : ne critiquez pas, soyez positifs, les CES permettent de cotiser aux ASSEDIC et pour la retraite alors que ce n'était pas le cas des TUC. Quelle belle avancée vers un monde meilleur ! Au nom d'une telle logique, certains peuvent donc, semble-t-il, justifier toutes les reculades sociales.