La Distribution des prix
À la petite semaine
Prenez une poignée de mémères et de vieux débris parasites, totalement désœuvrés, embourgeoisés jusqu'à la moelle mais humains, tellement humains et désireux de «faire quelque chose» pour les hommes et la société de leur temps. Cela donne le Centre d'études politiques et de société, qui, en février, décerne un prix à une personnalité ayant paraît-il marqué l'année écoulée.Il n'y aurait rien de particulier à dire ici sur ce type de passe-temps stupide et de cérémonie mondaine sans intérêt si les membres de l'organisme susnommé n'avaient curieusement décidé de baptiser leur récompense prix Louise Michel. Quand on saura, en outre, que le hochet en question a été décerné cette année à un chef d'État, Abdou Diouf, et remis à l'intéressé par un autre chef d'État, Jacques Chirac en personne, on sera tenté de convier cette désolante et sénile assemblée à continuer de faire joujou en laissant la bonne Louise anarchiste en dehors de leurs affligeantes puérilités.
Si, après cet avertissement, le sens du ridicule et de la plus élémentaire pudeur leur demeure étranger, suggérons-leur alors de créer et de remettre illico un prix Louis Lecoin à Bill Clinton, pour n'avoir pas bombardé Saddam ; un prix Pierre-Joseph Proudhon à l'attention, au choix, d'Alain Minc, de Franz-Olivier Giesbert ou l'un quelconque de ces fameux «chiens de garde» du libéralisme conquérant ; sur leur lancée, un prix Fernand Pelloutier pour le «tueur» Ernest-Antoine Seillière aurait un certain cachet ; et puis, pour le libre-penseur Pierre Lambert et son PT, un prix André Lorulot viendrait compléter le tableau ; un prix Bakounine à Robert Hue serait bienvenu et pourquoi pas , un prix conjoint Kronstadt et Nestor Makhno pour Arlette et Alain, de la LCR et de LO.
Mais par pitié, s'il leur venait à l'idée de récompenser l'auteur de ce billet, surtout, surtout que ce ne soit pas le prix Jean-Louis Debré !