Pariapunk et Final Blast en CD
Chanson
mémoire anarcho-punk
Si on ne peut pas affirmer qu'il y a eu une présence massive d'anarcho-punks dans les années 80 en France, il y a eu, tout de même, ça et là, des personnes ou des groupes (de musique, de rédaction de zines, d'organisation de concerts et d'actions, de squatts, ...) qui ont imprimé au mouvement punk dans son ensemble la trace de leur passage. Parmi toutes ces personnes, il y avait les groupes Pariapunk (Lyon, 86/88) et Final Blast (Pontarlier, 83/86), dont la réédition complète en CD vient de sortir. Un livret (épais) en français et en anglais retrace leur histoire, leurs textes. En voici quelques extraits :Yann (à l'initiative du CD) : «Je voulais sortir ce CD car je pense qu'il est triste de laisser disparaître à jamais tous ces vieux groupes ; ils font partie de l'histoire de notre culture.
Leur message et leur approche sont toujours originales, poignantes et valables de nos jours. Ils n'étaient pas musiciens mais ils ont sorti un disque. Ils n'étaient pas poètes mais ils écrivaient des textes. Ces groupes peu répandus sont autant de pavés dans la mare du rock institutionnalisé et commercialisé.»
Bouth (chanteur de Final Blast) : «Est-il besoin de préciser que pour nous, et pour tous les groupes "souterrains" de l'époque, le seul canal de diffusion était un réseau naissant de fanzines et de radios associatives, ce dont je me souviens comme l'un des éléments assez excitant de cette période ?
Je me rappelle des centaines d'heures passées à répondre au courrier, à dupliquer des démos qui parfois allaient être expédiées à l'autre bout du monde.»
Steph (batteur de Final Blast) : «FB était le prolongement d'une attitude, un passage à l'acte. Peu importe si le matériau était brut, on essayait, on apprenait... On avait des choses à dire et on les disait fort. C'était tout à la fois une sorte d'exutoire et d'initiation, le genre d'alchimie qui me fait toujours vibrer.»
Martial (chanteur de Pariapunk) : «Pour se faire une idée de la manière contrastée dont nous étions perçus il y a dix ans, il y a déjà les avis négatifs : on nous a trouvé intolérants, anachroniques, hippie-punks, ayatollahs du drapeau noir, on a trouvé qu'on allait trop loin. Côté positif, on nous a trouvé un beau pessimisme combatif, un souci d'être compris et d'être clairs, une exigence de l'action quotidienne, une lucidité révoltée...
Un autre aspect de Pariapunk, c'est la démarche de ne pas s'arrêter aux évidences, de défricher les idées et les pratiques, de manière collective et avec le souci de l'individu. Enfin, même si la "fatigue et (la) déception ne nous ont pas enlevé l'émotion et la révolte, face à l'injustice qui agresse, face à la souffrance qui blesse" (Pariapunk), il reste l'absence d'espoir, de perspective et d'amour de la vie dans Pariapunk.
À côté de la révolte et de l'éthique, et en complément, il y a d'autres dimensions comme l'humain ou la politique, qui permettent une compréhension plus complète et plus fine de la réalité et des moyens de la modifier, encore et toujours, dans un sens d'égalité et de respect. Pour une vie vivable et enviable, salut et anarchie.»
Ricardo
groupe Kronstadt (Lyon)