Axa mon amour
Claude Bébéar, le patron d'Axa, après avoir acheté des vignobles pour sa compagnie, s'était déjà vanté de pouvoir très rapidement instituer une sécurité sociale privée à l'échelle nationale.
C'était du temps de Juppé ; avec Lionel, qu'en est-il ?
En juillet, Claude Bébéar a proposé aux pouvoirs publics l'expérimentation en Île-de-France d'un réseau de soins géré par son entreprise. Cette expérience qui se limiterait aux personnes affiliées à l'assurance complémentaire Axa, ne concernerait que les personnes volontaires (sic !) résidant en Île-de-France. Des contacts ont été pris avec la caisse nationale d'assurance maladie et l'Agence régionale d'hospitalisation (les casseurs d'hôpitaux) d'Île-de-France.
Ce projet, inspiré des systèmes américains, serait «adapté à la culture française» (on croit rêver). Le patient sera libre de consulter les médecins ou les établissements du réseau mais devra choisir un médecin référent... devant Axa ! Petite carotte pour le patient, aucune avance de frais ne lui sera demandée lorsqu'il consultera les praticiens du réseau...
Il fallait oser, Axa l'a fait et les «socialistes» n'ont pas bougé.
La C.G.T. et les mutuelles de France ont réagi en dénonçant la mise en place d'une sécu privée, allant à l'encontre du principe de solidarité. Mais le gouvernement ne veut pas bouger car il a décidé de réduire les dépenses d'assurance maladie de 25 milliards. Les ordonnances d'avril 1996, dites ordonnances Juppé, prévoyant la casse systématique de la sécu, ne sont pas remises en cause, bien au contraire.
En fait, l'une des ordonnances Juppé prévoyait la mise en place de réseaux de soins liant le privé et le public, pour le bien de l'assuré social. Grande et généreuse idée, sauf que cela se concrétise par le projet d'Axa.
En fait, le réseau de soins signifie l'obligation pour le malade d'être affilié à une assurance privée. Les réseaux de soins sont un aveu du désengagement de l'État vis-à-vis de la santé publique, et la mort des mutuelles. Nous devons encourager la création de centres de soins mutualistes, encore trop peu nombreux, et pourquoi pas, plus tard, de centres de soins autogérés.
Pour conclure, citons quelques chiffres témoins de la «mauvaise santé» de la sécu, et de «l'urgente nécessité de rénover».
Budget 1997 de l'État : 1550 milliards de recettes et un déficit de 258 milliards, soit 16,6%.
Budget 1997 de la sécu : 1700 milliards de recettes et un déficit de 37 milliards, soit 2,17%.
Continue comme ça Martine : la sécu va faire du bénef et on privatisera !
Bruno
groupe Caussimon (Nancy)