La condition des femmes au Timor oriental
À l'intérieur de l'ambassade, Odilia Victor et Maria Sarmento firent une déclaration décrivant la situation faite aux femmes du Timor mais cela ne fut pas révélé à l'opinion publique avant qu'elles ne soient parties pour le Portugal où elles vivent maintenant.
En juillet 1996, Odilia fut invitée au Japon par la Free East Timor Japan coalition. Plus tard, en juillet, la coalition soumettait une pétition au Comité pour la décolonisation des Nations-Unies à New York. Cette pétition contenait divers témoignages d'abus faits aux femmes. L'un d'entre eux était celui d'Odilia.
Odilia déclarait avoir fuit le Timor car elle craignait pour sa vie. Son cousin avait été arrêté et torturé pendant deux semaines, et les soldats indonésiens lui avaient dit qu'ils projetaient de capturer et de violer Odilia. Dans la déclaration qu'elle fit à l'intérieur de l'ambassade australienne, elle affirmait avoir été présente lors du massacre de Santa Cruz en 1991. À la suite de cela, elle rejoignit la Popular organisation of Timorese women (OMPT) et leva des fonds pour la résistance. Dans son témoignage pour les Nations-Unies elle décrivait des cas patent d'esclavage sexuel : «épouses locales» et «femmes de confort».
Son témoignage soulignait aussi la tragédie personnelle et les abus dont sa sœur fut la victime, celle-ci fut contrainte de servir avec trois autres femmes timoraises comme esclaves sexuelles pour les troupes indonésiennes pendant près d'un an. Elles étaient gardées dans une maison sur Kakan Lidun street à Dili, directement derrière les quartiers généraux des brigades mobiles anti-émeute.
En 1977, elle fut forcée d'être l'«épouse locale» d'un officier de l'armée de l'air indonésienne nommé Agus Korek. Après ses six mois de service accompli, il retourna chez sa femme en Indonésie. La sœur d'Odilia accoucha plus tard d'un enfant qu'il ne reconnut pas.
Avant l'invasion, sa sœur fut mariée à un Timorais, et était enceinte au moment de l'invasion. Il prit le maquis et elle fut laissée derrière. Bien qu'il revint plus tard, lui et la sœur d'Odilia ne vécurent jamais ensemble du fait de l'exclusion de la communauté que doivent supporter les femmes qui furent forcées de devenir des «épouses locales» d'Indonésiens. L'expérience de sa sœur n'est pas unique ni même rare.
«Les femmes des leaders de la guérilla qui restèrent aux villages sont fréquemment forcées de vivre avec des Indonésiens... Au Timor oriental, le viol est une tactique systématique des forces occupantes. Quelquefois les viols se déroulent devant les maris. Le mari de Lucas Bayasa devint mentalement instable après avoir été témoin du viol de sa femme par un soldat et elle donna ensuite naissance à l'enfant du violeur.»
Les témoignages présentés aux Nations-Unies relataient différents cas du même type identifiant quelquefois les bataillons indonésiens. «Le cas de "Mademoiselle H" est bien similaire, elle enfanta deux fois après avoir été violée par deux soldats du bataillon 511... Joana Soares du village de Luwa fut enlevée pour être violée à Onu Laran et fut poignardée à mort par des soldats du 405e bataillon après avoir résisté quand elle fut forcée avec une autre jeune femme d'entrer dans un camion militaire. "Mademoiselle C" dû servir comme esclave sexuel pour les soldats qui venaient depuis 1990 dans sa maison. Les soldats la menaçaient (si elle refusait) de la dénoncer comme coopérant avec le Freitilin.»
Depuis 1975, de nombreuses violations des droits de l'Homme ont été relatés. Les méthodes de torture incluent (outre le viol) l'administration de chocs électriques, la submersion dans des citernes d'eau, des brûlures de cigarettes sur différentes parties du corps, dont les parties génitales.
En octobre 1996, Monica Pereira, une journaliste brésilienne qui était au Timor appris que durant l'opération pour capturer Xanana Gusmao en 1992, une des femmes détenues fut torturée par chocs électriques et l'introduction forcée d'un serpent dans le vagin.
L'organisation populaire des Timoraises
Rosa Muki Bonaparte affectueusement nommée la «petite révolutionnaire» et «Rosa Luxembourg», revint au Timor après ses études au Portugal au début 1975. Décrite comme une personne pleine d'idées, elle fut faite secrétaire de la Popular organisation of timorese women (OPMT) qui fut créée le 28 août 1975, en partie pour sa participation et son travail à la commission de décolonisation à Dili.
L'OPMT travailla avec le Popular youth movement et d'autres organisations comme le Comité international de la Croix rouge et l'Australian council for overseas aids pour faire face à la crise et à l'appauvrissment. Ces organisations, par leur travail, eurent un impact important sur le développement de la communauté.
Leurs projets les plus importants étaient de travailler avec les personnes déplacées, de placer les orphelins dans de nouvelles familles, d'établir des crèches pour enfants des rues ainsi que mettre en œuvre et gérer des programmes d'alphabétisation.
Si elle survécut à l'invasion indonésienne en décembre 1975, en janvier 1975, durant une attaque de parachutistes indonésiens à Taibesbe dans la banlieue de Dili, Rosa fut une des nombreuses Timoraises traînées de force par des soldats vers des barges de débarquement et des navires de guerre. Sa résistance fut si acharnées qu'ils décidèrent de l'abattre sur le quai. Son corps fut jeté dans le port.
Maria Gorete est considérée par beaucoup comme un symbole de lutte des femmes timoraises. On se souvient de Maria comme d'une femme intelligente, active politiquement, franche et très belle. Au moment de l'invasion elle était une étudiante de dix-sept ans. Elle fut emprisonnée, torturée et violée à maintes reprises par des soldats et finalement elle accepta de devenir la propriété d'un officier indonésien pour sauver sa vie.
Pendant cette période, elle espionna pour la résistance en lui fournissant les informations qu'elle obtenait de soldats indonésiens ivres. Elle fut libérée de prison puis réarrêtée, les indonésiens espéraient qu'elle les mèneraient aux combattants de la résistance. Maria Gorete disparut en 1979, elle a probablement été exécutée.
En octobre 1996, un groupe de femmes timoraises de Melbourne défilèrent à travers la ville. Elles participaient à la manifestation annuelle «Reclaim the night» qui dénonce les violences faites aux femmes. Elles défilèrent avec leurs sympathisantes australiennes sous une bannière du Timor oriental. Une Timoraise me dit avec l'assistance d'un interprète, «c'est formidable qu'en tant que femmes, nous soyons toutes ensembles pour dénoncer cette terrible violence vécue par beaucoup d'entre nous».
Alicia Cullen
Freedom