éditorial du n° 1087
Ce positionnement n'est pas sans piment : il reprend partiellement des propositions discutées par le parti socialiste. Dans ce qu'il présente comme une « politique alternative », le PS prévoit en effet de négocier avec les pays d'origine un système de « migrations alternées ». De même, la gauche du PS prône, depuis de long mois, la mise en place de quotas. Peu imaginatif, l'élève Charles Pasqua copie sur son petit camarade Julien Dray, mentor de SOS racisme.
Sur le dernier point qu'il évoque, Pasqua parvient à marquer sa différence. Mais gardons en mémoire que le droit au regroupement familial a déjà été restreint à quatre reprises : deux fois par la droite (Pasqua en 1986 et 1993) et deux fois par la gauche (Dufoix en 1984 qui a défriché le terrain et Joxe en 1989).
Cette troublante proximité idéologique peut surprendre ceux pour qui le débat politique reste limité au petit jeu des oppositions politiciennes. Pour nous, elle confirme simplement que, sur ce sujet comme sur bien d'autres, la gauche et la droite s'accordent sur l'essentiel. Vouloir combattre l'immigration, c'est faire de l'Europe une forteresse et de Vigipirate un modèle de société.
En porte-à-faux aussi bien dans la lutte des sans-papiers que dans la mobilisation contre la loi Debré, la gauche rejette la perspective d'une régularisation massive et n'avance que de vagues promesses sur la « suppression des lois Pasqua et Debré ».
Un retour au premier plan de la lutte des sans-papiers pourrait bien constituer une sérieuse épine dans le pied du nouveau gouvernement de gauche. Celui-ci ne leur fera aucun cadeau, aidé en cela par tous les tenants d'un antiracisme institutionnel et inféodé au nouveau pouvoir. Les sans-papiers doivent en être conscients et conserver à tout prix le contrôle de leur lutte. Notre soutien actif leur est acquis.