Un Débat vieux d'un siècle
Il y a deux manières de traiter ce genre d'interventions, -- soit ne pas y répondre -- en se disant que l'anarchisme organisé n'a rien à «foutre» de ces donneurs de leçons qui tous les 5/7 ans comme les autres politiques se réveillent au moment des élections pour sortir de leur inaction, -- soit prendre sur son temps libre (dégagé du temps salarié et de son temps militant) pour répondre et répéter -- de fait -- ce qu'écrivait il y a cent ans, l'anarchiste Malatesta pour contrer son vieil ami Merlino devenu partisan de la présence anarchiste aux élections.
«Les anarchistes restent, comme toujours, des adversaires résolus du parlementarisme et de la tactique parlementaire... Adversaires de la lutte parlementaire, parce qu'ils pensent que loin de favoriser le développement de la conscience populaire, elle tend a déshabituer le peuple de s'occuper lui-même directement de ses propres intérêts et qu'elle est une école de servilisme pour les uns et de mensonges pour les autres. Nous pensons que la lutte électorale et parlementaire éduque au parlementarisme et qu'elle finit par transformer en parlementaristes ceux qui la pratiquent... Nous devons faire en sorte que les ouvriers s'habituent, dès maintenant et dans toute la mesure du possible, a régler eux-mêmes leurs propres affaires, dans les associations de différents types et non pas les encourager dans la tendance a s'en remettre aux autres.» [[Dans La pensée de Malatesta, textes reunis et présentés par Gaetano Manfredonia, Édition du groupe Fresnes-Antony de la FA et également dans Pour ou contre les élections, éd. du Premier d'Annecy.]]
Oui, déjà en 1897 des «modernistes» s'opposaient aux vieilles barbes, aux papes de l'anarchie. [[Clin d'œil à Jean Grave l'éditeur de Temps nouveaux surnommé par les mauvaises langues le pape de l'anarchie.]]
À ceux qui pensent que le contexte n'était pas le même, effectivement le contexte était différent : les socialistes (parlementaires) parlaient encore de Révolution et de socialisation des moyens de distribution et de production. Encore en 1908, au congrès de Toulouse du PS (SFIO), Jaurès déclarait : «Le parti socialiste, parti de la classe ouvrière et de la Révolution sociale, poursuit la conquête du pouvoir politique pour l'émancipation des prolétaires par la destruction du régime capitaliste et la suppression des classes». [[Dans Parti socialiste ou CGT, édition Acratie.]] Aujourd'hui, ils s'efforcent de vaseliner le libéralisme.
Les seuls a parler d'égalité économique et sociale et a remettre en cause une économie de marché basée sur les profits et non sur les besoins de la population, restent les anars. Aussi en mettant de côté l'aspect disons «théorique» de l'abstentionnisme anarchiste, peut-on sérieusement penser qu'apparaître à la télévision juste après disons le Parti de la Loi Naturelle - ceux qui sont sponsorisés par Épeda/Lévitation - peut faire avancer la Cause de l'anarchisme ?
Notre présence continuelle dans les luttes, dans la rue, par la diffusion de nos tracts et la vente militante de nos journaux [[C'est la démarche des groupes de la Fédération anarchiste avec son journal hebdomadaire (depuis 1977) Le Monde libertaire, dont un supplement gratuit spécial élection vient de sortir.
c/o : Librairie du Monde libertaire, 145 rue Amelot 75011 Paris.]], sur les murs par nos affiches, sur les ondes des rares radios libres, ne serait-elle pas plus payante et respectueuse de l'adéquation fin et moyen. Bien sur, ce genre de démarche, sortir de sa tour d'ivoire, c'est moins reposant que d'aller voter et de faire son Devoir civique tous les 5-7 ans...
Jean-Marc
groupe Albert-Camus (Toulouse)