éditorial du n° 1081
Plusieurs dirigeants d'entreprise se sont exprimés sans ambiguïté à ce propos. A l'aide d'une argumentation apparemment sans réplique. Si, bien sûr, on se place du côté de la bonne santé du capitalisme.
Sera-t-il possible, interrogent nos grands managers, de contenir le déficit budgétaire de l'État français à la hauteur exigée par Maastricht pour, le 1er janvier 1999, le passage à la monnaie unique, à savoir 3 % du PIB ? On imagine bien que les réponses des pouvoirs publics devaient être plutôt hésitantes - la période considérée, en effet, se situerait en 1998, année légale du renouvellement du corps de mesdames et messieurs les parlementaires. Et quelle politique économique suggèrent-ils, ces capitaines d'industrie, pour tenir ces fatidiques 3 % ? Un très net infléchissement libéral, dont les mesures se déclineraient de la manière suivante : baisse des impôts, ceux payés par les riches et les entreprises ; accroissement des privatisations, les noms de France Télécom et de Gaz de France ayant été prononcés ; réduction des aides sociales diverses, qu'il s'agira de réduire sans complaisance ni faiblesse ; relèvement de la contribution sociale généralisée ; remplacement partiel des fonctionnaires partant en retraite…
Des mesures qui ne correspondent pas vraiment à la réduction de la fracture sociale. Et qui devraient s'appliquer durant le temps d'une campagne électorale. Dur, très dur même. Un coup à perdre les élections, et obliger le patronat à négocier avec les socialistes. Une vraie calamité pour les gaullistes, parce que ces deux-là sont capables de tout, y compris de s'entendre.
Contourner la difficulté est enfantin. Plutôt que de matraquer d'abord et de voter ensuite, on vote avant et on matraque après, et le tour est joué. On appelle ça de la politique.