Vidéobouyawash
Télé de quat'sous
La région Rhône-Alpes connaît une production de vidéos expérimentales d'une richesse impressionnante. Lors des échanges franciliens-lyonnais organisés par Claude Trinquesse et Philippe Lefresne à la Flêche d'or, dans le cadre de leurs soirées Trafic, nous avons pu voir les œuvres de quelques-uns des réalisateurs de cette pépinière d'art vidéo qu'est devenue la région Rhône Alpes.Mais, contrairement à Grenoble, Lyon, manque encore de lieux de diffusion, déplore Philippe Chatelain, vidéaste : «Il y a bien eu des projections en appartement, ou des projections dans les cafés organisées par Celluloïd ainsi que dans une ou deux galeries, mais cela ne suffit pas à répondre à la demande du public et des créateurs. Autre manque, des réseaux de contacts, d'information : il existe bien un gratuit, 491, consacré à l'art, aux concerts, au théâtre, mais ce n'est certes pas l'organe de l'art vidéo. Nous arrivons à une situation paradoxale : certaines productions indépendantes prêteraient volontiers du matériel à des vidéastes, les vidéastes cherchent du matériel, et ils ne se rencontrent pas. Nous sommes dans le creux de la vague pour la diffusion, mais pas pour la création. Je me suis rendu compte que nombre de films que j'avais appréciés dans les festivals ne vivaient plus après. Il y a un an, j'ai créé une association, Club Atomic, qui organise des projections Vidéobouyawash. J'en fait quatre par an.
Je n'ai pas de subvention : les locaux ainsi que le matériel sont prêtés par l'école des Beaux-Arts où j'ai été élève en section art et média. (J'effectue actuellement mon année de recherche expérimentale après diplôme.) L'entrée est libre, et nous avons à chaque fois plus d'une centaine de personnes. Il y a donc une réelle demande et le public est là. Mais mes projections ne suffisent pas. Il faudrait d'autres relais. Ce que je désirerais mettre en place, c'est une structure permettant de découvrir régulièrement les œuvres présentées dans les festivals étrangers afin de nourrir les projections. Je voudrais faire tourner les programmes en France et dans les pays limitrophes. En effet, de plus en plus, les festivals français présentent sous couvert d'art vidéo, des films qui sont en fait des gags.
Les œuvres présentées en premier plan ne me nourrissent pas. J'évite d'aller dans les festivals en France : il faut aller explorer dans des festivals comme Oznabrück en Allemagne, ou New-visions à Glasgow. Je ne privilégie pas un genre spécifique : ce qui m'intéresse, c'est une attitude de travail personnelle face à un médium. Cela peut aller des films de vacances aux films expérimentaux abstraits. Je ne choisis pas de thème de programmation. Chaque film pourrait être un contrepoint de l'autre. Pour permettre plusieurs points de vue par rapport à l'image, il peut y avoir aussi bien des films d'animation, que des films de danse, etc.
C'est un mouvement qui est demandé au spectateur afin qu'il se mette en phase avec le film. Pour la prochaine projection, qui aura lieu le 6 mai, nous avons tenté une nouvelle expérience et fait un appel à projet : une œuvre filmée pour 4 bandes sera diffusée simultanément sur 4 moniteurs. Une dizaine de projets seront ainsi présentés.»