Une Petite erreur...
Chronique des bas-fonds
Un billet d'humeur signé l'Atèle paru dans Le Monde libertaire du 20 juin 1996 nous vaut les poursuites du ministère de l'Intérieur. Des policiers y étaient qualifiés de « parents douteux »... Nous allons vous livrer jusqu'au jour du procès, des informations, des faits concernant les nombreuses bavures pour lesquelles il n'est pas question d'émettre de doute...Le 12 janvier 1994, Le Canard enchaîné nous livrait des informations qui faisaient suite à des articles parus une semaine auparavant dans Le Figaro et France-soir.
Il s'agissait en fait des bizarreries judiciaires et policières entourant l'affaire Moussa Kraouche, le porte-parole de la Fraternité algérienne en France. Qu'en était-il en réalité ?
On se souvient de la rafle anti-islamiste opérée le 9 novembre 1993, rafle dont Charles Pasqua espérait bien tirer un bénéfice politico-médiatique.
Mais, très rapidement, Moussa Kraouche et son avocat Jacques Vergès, crient à la « manipulation policière ».
En réalité, il est question, selon leurs explications d'« un mauvais remake de l'affaire des Irlandais de Vincennes ».
Dans l'affaire Kraouche « des enquêteurs auraient glissé dans les papiers saisis au domicile de l'Algérien des documents en provenance directe des terroristes du FIS ou du GIA », rapporte Le Canard en précisant : « l'ennui : c'est que Kraouche a attendu deux mois pour dénoncer cette manœuvre ».
Une autre explication, que Pasqua reprend d'ailleurs à son compte dès le 11 janvier 1994, laisse entendre que « les enquêteurs de plusieurs services [...] ont commis une petite erreur matérielle au moment de mettre sous scellés les documents saisis. Ils auraient confondu les pièces trouvées chez Kraouche et les photocopies des mêmes documents dont certains services et notamment la DST disposaient. »
Le Figaro du 11 janvier 1994, poursuit Le Canard, avait rapporté que le document le plus compromettant pour Kraouche, la traduction d'un texte du GIA serait exactement, au mot près, « la traduction qu'aurait la DST »
Un inspecteur de la 6e section de la PJ, Patrick Robert, avait fait savoir au juge Le Loire, chargé de l'affaire, que les « irrégularités » avaient été commises lors de la mise sous scellés des documents récupérés...
Erreur, manipulation, falsification, la rafle avait fait naître une affaire où la bavure policière rejaillissait sur le ministre de l'Intérieur de l'époque et sur une partie de ses services qui s'employèrent en toute indépendance à fabriquer des pièces afin de « terroriser le terroriste ».
À la semaine prochaine, en direct des bavures qui éclaboussent un ministère au-dessus de tout soupçon !