Michel Dartois n'est plus
N'écrivant pas, intervenant rarement, tenu à l'écart des discussions publiques par une modestie et une timidité natives, il gardait pour l'intimité des réunions amicales, le charme d'un être sensible et cultivé, aimant toujours à s'instruire, n'ayant pas désappris à s'enthousiasmer et apportant dans toutes les conversations la joie ou l'émotion d'un homme ayant beaucoup lu et beaucoup voyagé.
C'est dans ce commerce familier, dans ce tête-à-tête, autour d'une anecdote, d'un texte ou d'une œuvre d'art que Dartois se révélait ; ses connaissances haïssait le pédantisme, et il était resté trop jeune de cœur et d'esprit pour avoir oublié le rire enfantin et les larmes qui font plus brillant les regards.
Je voudrais dire aussi sa sagesse de vie qui ayant fait la part frugale à la nécessité avait élargi celle du rêve.
Sa loyauté, son militantisme tranquille, son absence d'esprit boutiquier, son refus des querelles de tendance, son dégout pour tous les commérages nous avaient fait penser à lui pour assurer la permanence de notre local.
La mort nous prive non seulement de ce projet, mais aussi de la présence de notre cher camarade, décédé brutalement d'une congestion au cours d'une baignade.
Au sein du groupe Louise-Michel dont il était l'un des plus anciens et des plus actifs militants, comme pour tous les camarades des autres groupes qui n'avaient pu que l'apprécier, il ne reste que des regrets.
Il ne nous reste que le souvenir qu'il laisse à tous ceux qui l'ont aimé et à tous ceux qui l'ont connu. Et j'ai du mal à imaginer que ceux-ci ne soient pas ceux-là.