éditorial du n°1553
Du haut le coeur à la maladie, la marge est ténue. Le Parlement s’apprête à adopter définitivement la loi Bachelot. Or ce texte est un véritable bouillon d’onze heures en ce qu’il programme la disparition de la médecine hospitalière au profit d’une médecine livrée pieds et points liées au marché. La recherche compulsive de la rentabilité est une pathologie qui a pour effets désastreux de sacrifier la santé en vertu de l’imperium accordé au compte d’exploitation de l’hôpital.
Pas de quoi émouvoir Fillon, ce mec qui adore s’habiller en croque-mort. L’ex « gaulliste social » (d’aimables farceurs l’avaient paré de ce costume il y a quelques années) croasse pour « condamner les manifestations de violence dans les entreprises et appeler les partenaires sociaux au dialogue pour surmonter la crise. » L’homme du pays des rillettes aurait-il la tête dans le pâté ? C’est à croire, vu que les « partenaires sociaux » qu’il évoque et invoque sont tellement bourrés de narcotiques que les patrons peuvent roupiller tranquilles. Par contre, il est fort goûteux de voir les travailleurs se réveiller pour refuser d’être pris en otage par les salopards qui veulent les priver de leur gagnepain.
Puisqu’il est question de bectance, notons que le gouvernement s’apprête à diminuer encore l’Impôt sur la fortune (ISF) de près de 3 000 contribuables fortunés (les 5% du haut du panier). Comment? En augmentant l’exonération de l’ISF de 50 000 à 100 000 euros, pour peu que les avaleurs de gâteaux en question investissent directement soit dans une PME, soit via une holding spécialisée, soit via un fond de placement, dans un délai de... 30 mois. La page d’histoire dans laquelle nous sommes plongés est faite d’un furieux mélange de cruauté et de laideur. À la violence qu’exerce la capital sur le travail, se rajoute l’insoutenable lourdeur du paraître des puissants. Le printemps est là. Pensez-vous que sa seule présence suffira à nous apporter toute la sève nécessaire pour que nos vies soient enfin bonnes et belles ?