On se dispute la charogne de la bête immonde
Officiellement, le FN affiche « une totale sérénité » face à la popularité de Sarkozy qui bénéficie selon lui, « d'un état d'indulgence ». Mais, en privé, le F. Haine reconnaît « qu'il serait suicidaire d'attaquer, bille en tête, un ministre aussi populaire ».
La guerre officieuse est donc déclarée ; Bruno Gollnisch, le nervi de la facho-nostalgie prépare, en conséquence, la riposte du FN. Pour contrer l'effet Sarkozy, le parti va articuler son discours autour des « dangers de l'immigration ». Ce fond de commerce qui, selon Gollnisch, « alimente la délinquance ». Ainsi, le délégué général du FN et Carl Lang recommandent encore « d'instaurer un véritable contrôle des frontières », de « revenir sur les accords de Schengen » et de « couper les pompes aspirantes, comme la CMU ». Mais surtout (qui s'en étonnerait) de « rapatrier les clandestins en réquisitionnant, par exemple, des paquebots de la Marine nationale ». Rien que ça !
Le Pen se veut plus serein. En effet, pour lui : « Si le ministre de l'Intérieur coupe l'herbe sous le pied du FN, celui-ci est loin d'être abattu, car qui peut dire dans quelle situation se trouvera la France, dans deux ans. » D'ailleurs, sa fille, dite la « Jean-Marine » ajoute que « Sarkozy ne fait que surenchérir les analyses du FN. Il crédibilise nos positions », et à l'exemple de ce qui s'est passé avec Charles Pasqua, qui affirmait en 1986 « vouloir terroriser les terroristes et celui-ci n'a fait que ramener les électeurs vers le FN qui, deux ans plus tard, comptait 14,4 % des suffrages aux présidentielles ».
En revanche, l'hebdo Minute, très enjoué, rend hommage à Sarkozy, après son intervention sur France 2 et met en avant « sa courtoisie, lors de son échange avec Jean-Marie le Pen ».
Voilà donc deux personnages qui n'ont pas fini de s'apprécier mutuellement. Mais Sarkozy, s'il souhaite s'imposer lors des élections présidentielles de 2007, a plutôt intérêt à se démarquer assez vite des sympathies d'extrême droite. À défaut, il entérinera l'idée qu'affirmait déjà Act-Up, au lendemain du second tour : « Le Pen a gagné les élections ».
Nous anarchistes, sommes depuis bien longtemps convaincus que Sarkozy ne fait que mettre en marche le plan d'action du Front national, après les tenants de la gauche, les Jean-Pierre Chevènement, Julien Dray, etc., pour satisfaire des électeurs qui ont voté « le mai 1968 des vieux », en avril dernier. Car même si le « Sinistre de l'Intérieur » s'en défend publiquement et ne supporte pas qu'on traite sa politique de « fasciste et liberticide », c'est ce qu'elle est pour nous, de fait, tous les jours, sur nos lieux de vie. Nous n'avons donc plus d'autre choix que de régler ce problème dans nos rues et nos quartiers, pour éradiquer l'ordre moral et la peste brune. Bonnes luttes 2003 !
Patrick Schindler, groupe-claaaaaash@federation-anarchiste.org