Pas de trève pour les mal-logés
Drancy
Le collectif de soutien aux mal-logés de Drancy, issu de la lutte pour le relogement des sans-abri de la rue Gabriel, existe depuis deux mois et a déjà quelques victoires à mettre à son actif. Animé par des mal-logé(e)s, des Drancéen(ne)s, de la FA, de la LCR, du DAL, de la CGT (qui nous ouvre les portes de la Bourse du travail pour nos réunions) et d'associations locales, son mode de fonctionnement est démocratique et transparent. À chaque situation déclarée de personnes mal-logées est attribuée un groupe référent qui a en charge de suivre le dossier. En AG hebdomadaire, de trente à quatre-vingts personnes, un compte rendu est fait, et les décisions des actions à mener sont prises en commun.Les premiers résultats de notre combat se sont révélés positifs. L'organisation de la lutte collective des locataires de l'immeuble de la rue Castelnau, déclaré insalubre en 2002, a permis le remboursement et la suppression des loyers indûment réclamés par la ville (propriétaire d'appartements insalubres achetés en 2002 !) ou par des propriétaires privés. Notre lutte a permis des relogements et le réexamen de demandes de logement par les pouvoirs publiques.
Le samedi 21 décembre 2002 a été choisi par le collectif pour rappeler au maire les conditions insupportables que vivent des dizaines de Drancéens. Au matin, cinquante personnes avec banderoles et sono se sont rassemblées devant la mairie et ont demandé à être reçu par le maire (UDF). Devant son refus, nous décidâmes de nous rendre au foyer Assotraf. Ce foyer a subi un incendie en début de semaine mettant à la rue un millier de personnes. Ces personnes ont été parquées pour quelques jours dans deux gymnases avant d'être, pour certaines, réintégrées dans le foyer sinistré. D'autres ont été dispersées dans des foyers en Île-de-France sans passer de convention et ce, bien sûr, sans tenir compte de leur volonté de rester ensemble. Durant cette semaine, le collectif a pu rencontrer et se faire connaître des résidents du foyer malgré les grilles, les flics municipaux, les vigiles et les chiens mis en place par le maire. Une fois au foyer, la manifestation a pris de l'importance jusqu'à atteindre deux-cent-cinquante personnes qui ont défilé dans la ville et contraint le maire à recevoir une délégation de six personnes constituées de trois résidents du foyer et de trois membres du collectif.
Après négociation, nous obtenons que huit anciens habitants du foyer qui viennent d'être expulsés de leur lieu d'accueil de Villeparisis soient relogés en chambre d'hôtel à Drancy pour le week-end (au frais de la ville, s'il vous plait !) et qu'ils réintégrent le foyer de Villeparisis, après convention signée par la ville dès le lundi.
Des travaux de colmatage des dégâts, provoqués par l'incendie et les pompiers, seront réalisés par les services municipaux, et le DAL pourra participer au comité de pilotage des travaux de réhabilitation du foyer avec la préfecture et la mairie. Pourtant, dans une situation d'urgence, les logements décents dont certains achetés récemment n'ont pas été utilisés, démontrant bien le verrouillage du parc municipal.
Cette action a montré au pouvoir en place la capacité intacte du collectif à mobiliser. Il est et doit être un outil d'action directe dans la lutte des Drancéens contre la politique sociale de la municipalité visant, sous couvert de lutte contre l'habitat insalubre à rejeter les immigrés et les pauvres hors de la ville. La lutte continue.
Jean-Louis et Pierre, pour le collectif