éditorial du n°1304
On peut toujours s'en sortir par une pirouette en constatant que les soldats prêts à en découdre sont après tout tous volontaires, que l'état des forces de l'Irak n'est rien face à celle des Yankees, et que la guerre ne durera pas trois semaines et qu'alors L'Express pourra titrer sur le salaire des cadres en France face à la crise économique. Il reste que le jeu de massacre annoncé aura bel et bien lieu. Si ce n'est en Irak ce sera ailleurs.
À une autre échelle les Ivoiriens qui s'affrontent, les Coréens qui gesticulent, les conflits ethniques dont on parle peu ou trop mal ne sont que le reflet de la manipulation, opérée de manière professionnelle par des êtres humains dont la soif de pouvoir n'est jamais assouvie. Qu'on le veuille ou non, beaucoup d'hommes aiment la guerre. La fascination des armes est un fantasme parfaitement identifié. Mais, il y en a aussi qui ne l'aiment pas. Qui la vomissent et qui tentent de la combattre. La guerre c'est des larmes, des viols, de la boue, des pluies de fer, de feu, d'acier, de sang. L'Amérique a compris qu'elle avait perdu au Vietnam parce qu'elle avait montré la guerre par jounalistes interposés. Il y a douze ans, une formidable campagne de désinformation fit croire à des millions de gogos abusés et affolés qu'il était possible de faire une guerre sans morts. Fantastique intoxication et bonne leçon de communication. Goebells l'avait compris bien avant qui montrait des soldats allemands au retour du front russe en sifflotant Heïlli, Heïllo on rentre du boulot. À l'heure actuelle, des dizaines de soldats américains (tous volontaires, répétons-le) continuent de crevouiller d'un mal mystérieux.
Notre traditionnel discours sur l'insoumission et l'objection a fait long feu dans la mesure où l'armée de conscription a maintenant disparu. Nous aurions mauvaise grâce ) nous en plaindre. Mais il redevient dorénavant nécessaire.