Appel à  la démission du bureau national CFDT

mis en ligne le 7 avril 2004

Du rififi chez l'ancienne calotte autogestionnaire

La décision d'une délégation confédérale CFDT de rompre l'unité syndicale pour signer un accord avec le gouvernement sur les retraites apparaît pour des millions de salariés comme un coup de poignard dans le dos à l'heure d'une mobilisation exemplaire.

C'est le fait d'une petite équipe de professionnels du syndicalisme qui s'est progressivement autonomisée par rapport à ses mandants, les syndiqués CFDT, tout en s'appuyant sur un corps de permanents précarisés et caporalisés. Ce processus est à l'œuvre depuis l'époque d'Edmond Maire, poursuivi par Nicole Notat et aujourd'hui François Chérèque.

Élu en grande partie par des cadres intermédiaires qu'il désigne lui-même, le BN de la CFDT ne doit pas avoir peur des adhérents. S'il est certain de les représenter, il doit remettre immédiatement sa démission en bloc, et s'il le souhaite faire confirmer ou infirmer sa politique par un référendum clair dans ses termes, ouvert directement aux syndiqués, sans passer par le filtre des permanents et des bureaucraties. Ce préalable démocratique est désormais incontournable.

C'est l'appel que nous lançons ce jeudi soir 15 mai 2003 depuis Nantes, patrie de Fernand Pelloutier, précurseur des premières bourses du travail, Nantes, un des cœurs battants de la CFDT, pionnière dans l'unité d'action salariés/paysans, Nantes une terre historique des militants ouvriers de la tendance syndicale « Reconstruction », qui dès les années d'après-guerre et jusqu'à la déconfessionalisation de la CFTC/CFDT en 1964 se sont battus pour un syndicalisme moderne, courageux, réaliste, non démagogique, délivré à la fois du stalinisme, du paternalisme et de la collaboration avec le patronat.

C'est cet héritage qui est détruit par l'actuelle équipe de direction confédérale qui ne représente qu'elle-même, et croit illusoirement développer la CFDT en recopiant la stratégie qui fut autrefois celle de Force ouvrière : un syndicalisme de cogestion complaisante et de division, mais cette fois-ci dans le cadre d'une attaque sans précédent du capitalisme financier contre les salariés, les précaires, les chômeurs, les jeunes en formation, la protection sociale, les services publics non marchands.

La logique à l'œuvre consiste à épurer silencieusement la CFDT de ses éléments combatifs et désintéressés, avec l'appui du gouvernement Raffarin et du Medef. C'est cette logique qu'il s'agit de renverser, en demandant des comptes à une direction confédérale auto proclamée et isolée.

Nous invitons les adhérents et sympathisants CFDT à diffuser largement cet appel, à le critiquer si nécessaire, à se mettre en relation entre eux pour pousser au dialogue patient, sans haine ni exclusive, à s'auto-organiser dans les luttes unitaires avec les salariés syndiqués et non syndiqués, afin de permettre une expression publique (mais non une tendance ni un nouvel appareil) : une expression des adhérents de base attachés aux idéaux historiques de la CFDT, la vraie.

CFDT : Reconstruction !