Climat pesant à la BNF
Nous recensons aujourd'hui le départ d'au moins 62 personnes, les trois quarts étant intérimaires (fin de mission) et les autres sont allées voir ailleurs (certains sous la pression). Le contrat qui a été signé entre la BNF et Idex stipule qu'il faut un effectif de 20 personnes.
Je suis arrivé en tant qu'intérimaire en octobre 2002 et ai été embauché au mois de janvier 2003. Au début nous n'étions guère plus que 3 ou 4 intérimaires, et par la suite nous représentions plus de la moitié de l'effectif. Seulement 4 sont passés en CDI.
Je passerai sur la jalousie et la putasserie de certains collègues (qu'on nommera collabos de classe) envers les intérimaires. Cela a été suscité par des salaires plus élevés en intérim. En effet, il est plus facile, et donc plus lâche, de casser du précaire plutôt que de broyer le patronat.
Au mois de février 2003, un collègue a été licencié pour faute grave. Je l'ai assisté lors d'un entretien avec le directeur d'agence. Deux semaines plus tard, le verdict tombe : licencié pour faute grave avec, à l'appui, des témoignages bidons et non fondés. Une action aux prud'hommes est en cours. En marge de cela je dénonce l'attitude dégueulasse et faux-cul des collègues qui n'ont rien fait pour le soutenir : « tant que c'est pas moi qui suis viré... »
En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que la direction a pour volonté de se séparer des « anciens », avec leur franc-parler, qui nuiraient au bon fonctionnement de la société et inciteraient les plus jeunes à des actes de rébellion. Ce qui se traduit par l'embauche de jeunes plus malléables et corvéables à merci.
D'autre part, récemment, un collègue a fait un malaise. C'est un technicien d'une autre boîte prestataire qui l'a retrouvé. C'est la deuxième fois que ce genre d'accident lui arrive. Aucune précaution n'a été prise de la part de la direction. Nous avons envoyé un courrier à la direction d'Idex, et aussi à celle de la BNF. Notre collègue a passé une visite médicale : inapte au travail (merci la médecine patronale), tout en lui suggérant de changer de boulot. Cinq jours plus tard ces mêmes notables le remettent apte.
Aujourd'hui la situation est très critique. Nous ne sommes plus que 15 dont 8 techniciens sur le terrain. Afin d'éviter toute mésentente avec le client ou avec certains délégués du personnel, nous pouvons voir sur les planning 20 personnes. Ils n'ont pas enlevé les personnes parties.
Ajoutez à cela le gel financier. Idex n'achète plus de matériel, y compris de consommables, sous prétexte qu'ils sont déficitaires sur ce site, donc sans argent. Cela se traduit par le non-changement des pièces défectueuses sur les installations.
Actuellement, des rumeurs persistent à dire que la société va perdre le site. Qu'en est-il vraiment ? Aucune info ne circule, cela reste plus ou moins tabou. Du coté de la BNF, cette situation est plus que profitable. En effet, sur chaque retard sur le travail, Idex leur verse des indemnités.
Vis-à-vis des collègues, la mentalité régnante est carrément fondée sur l'antisyndicalisme. Ils critiquent mais sont incapables de soutenir des collègues dans la merde. Où sont donc passées la solidarité et la dignité ouvrières ? Les syndicats ? ils existent. Deux syndicats patronaux en tête : la CFTC majoritaire au CE et la CFDT. La CGT reste pour l'instant assez contestataire, du fait qu'elle n'est pas encore majoritaire.
Pour ce qui est des retraites, les travailleurs du privé persistent à dire que ces réformes sont bonnes car elles obligent le public à cotiser le même nombre d'annuités qu'eux (ils n'ont certainement pas dû s'informer de la suite).
Tout ce que nous allons subir avec les diverses réformes qui tendent vers la précarisation et l'individualisation des travailleurs, et donc à l'esclavagisme moderne, nous travailleurs du privé le méritons. D'une part par notre non-participation aux luttes même locales, et d'autre part par certaines mentalités purulentes fondées sur une guerre : privé contre public. Nous aurons ce que nous prendrons !
Nico, CNT-BNF