Dérive des transports publics
« c'est tout naturel ! »
À partir du lundi 12 mai, la direction de la STIB [[Transports intercommunaux bruxellois]] entend expérimenter sur les usagers et sur ses conducteurs le mécanisme de la montée obligatoire par l'avant des véhicules.Sa raison d'être tient en peu de mots : contrôle systématique (chacun étant tenu d'exhiber et de composter son titre de transport) ; application efficace de l'accès payant à la minorité d'usagers (environ 30 %) qui supporte encore elle-même ce paiement (la plupart bénéficiant déjà de l'accès gratuit ou à tarif très réduit) ; préparation des esprits et des pratiques à la reprise progressive de la STIB par des opérateurs privés.
Vous trouverez sur le site du CST un texte resituant cette manœuvre dans le cadre des politiques sécuritaires actuelles et des tendances paradoxales à l'œuvre à la STIB en matière de contrôle de l'accès[[ [http://cst.collectifs.net/article.php3?id_article=161- http://cst.collectifs.net/article.php3?id_article=161] ]]. Il fait prendre tout leur relief aux propos de Jean-Pierre Alvin (responsable communication de la STIB), lorsque celui-ci a recours à l'écran de fumée des « actes d'incivilité, de vandalisme et de fraude massive » pour motiver cette mesure de ségrégation sociale.
La ligne de bus 59 retenue en premier lieu pour inculquer ce comportement « tout naturel » [[Slogan officiel de la campagne : « Monter par l'avant, descendre par l'arrière, c'est tout naturel ».]] chez les usagers, n'a pas été choisie au hasard. Selon les conducteurs de la STIB, cette ligne dont les véhicules accueillent le plus de poussettes (qui y rentrent bien sûr par l'arrière) et dont le tracé dessert le plus grand nombre d'écoles.
Autrement dit, si les managers de la STIB font admettre cette rivalité entres les usagers avec et sans tickets durablement, ils pourront étendre le dispositif à l'ensemble du réseau.
La STIB laisse planer peu de doute sur le ressort principal auquel ce système devrait faire appel : une adhésion suffisante de la part des voyageurs non affectés pour les rendre indifférents au sort des usagers refoulés. Peut-être même réjouis d'en voir contraints à rester sur le trottoir. Les transports publics devenus école de la suspicion et de la compétition individuelle généralisées...
Néanmoins, rien ne garantit que la quasi-totalité des passagers « avec » ticket acceptera de relayer la discrimination induite par cette mesure. Des formes de résistance pourraient apparaître. Nous invitons toutes celles et tous ceux qui ne se résignent pas à enterrer une STIB en libre accès à nous contacter[[CST-Bruxelles, 35, rue Van Elewijck, 1050 Bruxelles. ]].
Laurent (CST-Bruxelles)