La Raison du plus fort
Hier encore, on a fermé une usine, jetant sur la route des milliers de personnes.
Pas assez rentable. Alors on ferme, on fusionne, on délocalise.
Alors qu'en face, on construit une prison.
Faut-il effrayer les chômeurs ?
Faudra-t-il que les exclus enferment leurs désirs sous peine d'être enfermés eux-mêmes ?
Que sommes-nous en train de faire ?
Avons-nous perdu la raison ?
Patrick Jean
C'est ainsi que commence et se termine cet excellent documentaire. Pendant que la gôche plurielle, la gauche à 100 %, les politiciens de tout poils analysent ce qui s'est passé le 21 avril, Patrick Jean donne la parole aux exclus de Bruxelles, Lille, Lyon, Marseille... Il les a rencontré en prison, dans des caves, un tribunal, ou les cités.
Contrairement à Patrick Jean, je ne me sens aucunement responsable de cette situation. Les coupables, nous les connaissons, ils sont à la une des journaux, à la télé tous les jours. Nous faisons le même constat et nous le dénonçons tous les jours. Cette société est invivable ! En tant qu'anarchiste, par contre, ce film « m'interpelle ». Il y manque un chapitre : tout raser, mais pour construire quoi ? S'il est urgent d'arrêter tout ça, ce que nous proposons est-il adapté à la situation ? Que sommes-nous en train de faire pendant ce temps là ? Il ne s'agit pas de battre sa coulpe ou de faire de l'autosatisfaction en s'agitant beaucoup (notamment entre Bastille et République).
Ce film montre l'urgence qu'il y a à faire émerger un projet sociétaire libertaire dans les classes populaires et dans les cités. Un projet capable de mettre en place ici et maintenant les pratiques préalables et nécessaires à une transformation totale et immédiate de la société. Si nous n'en sommes pas capables, nous ouvrons les portes des cités à tous les gourous, les barbus, les fachos, blacks, blancs ou beurs... Et le prochain « 21 avril », le borgne passera au 1er tour.
Wally, groupe Louise-Michel