Marées noires
!à perte de vue
119 000 TONNES - Torrey Canyon 1967, Land's End (Grande Bretagne). 80 000 tonnes - Othello 1970, Tralhavet (Suède). 115000 tonnes - Sea Star 1972, Golfe d'Oman. 100000 tonnes - Urquila 1976, La Corogne (Espagne). 99000 tonnes - Hawailian Patriot 1977, Pacifique. 223 000 tonnes - Amoco Cadiz 1978, Bretagne. 60 000 tonnes - Cabo Tamar 1978, Chili. 47 000 tonne - Andros Patria 1978, Cap Finistère (Espagne). 41 000 tonnes - Gino 1979, Ouessant. 276 000 tonnes - Atlantic Express, Trinidad et Tobago (Caraïbe). 102 000 tonnes - Irenes Serenade 1980, Navarin (Grèce). 8000 tonnes - Tonio 1980, Bretagne. 18000 tonnes - Cavi Cambanos 1981, Corse. 250000 tonnes - Cazstillo de Beliver 1983, Le Cap (Afrique du Sud). 51 000 tonnes - Assimi 1984, Oman. 40000 tonnes - Exxon Valdez 1989, Alaska. 70000 tonnes - Kharg 5, 1989 Safi (Maroc). 25000 tonnes - Aragon 1989, Madère. 40 000 tonnes - Haven 1991, Gènes (Italie). 80000 tonnes - Aegian Sea 1992, La Corogne (Espagne). 60000 tonnes - Katina, Maputo (Mozambique). 84000 tonnes - Braer 1993, Îles Shetlands. 16000 tonnes - Seki 1994, golfe d'Oman. 70000 tonnes - Sea Empress 1996, Milford Haven (Pays de Galles). 4400 tonnes - Nakhodka 1997, mer du Japon. 53000 tonnes - San Jorge 1997, Uruguay. 13 400 tonnes - Diamond Grace 1997, Tokyo. 26 000 tonnes - Orapin et Evoikos 1997, détroit de Singapour. 12 décembre 1999, naufrage de l'Erika : 20 000 tonnes; 19 novembre 2002, le Prestige se brise en deux au large de la Galice avec 70000 tonnes de fuel. Reparler des marées noires: cela devient la chronique qu'il faut réécrire et qui pourrait de nouveau resservir dans quelques mois.Les faits sont là, et une fois de plus intraitables! La consommation de pétrole augmentant sans cesse, les lieux de production étant souvent éloignés des lieux de consommation, il fallait donc transporter cet or noir. Le transport de cette matière première suit donc une courbe croissante. Comme la recherche de profit est le seul objectif des compagnies pétrolières, l'âge des bateaux est au plus haut et leur niveau de sécurité au plus bas: 70 % des super pétroliers ont été construits entre 1973 et 1977. Un bateau construit à cette époque était amorti en 5 ans.Alors après 15 ou 20 ans de service, pour toujours davantage de profit, la majorité des navires fut revendue dans le tiers monde et réemployée après avoir été « retapée ». Nantis de certificats de navigation délivrés par des organismes des plus sérieux, ils ont continué leur carrière pendant que la corrosion progressait dans leur structure… C'est ainsi que grâce aux bateaux poubelles sur-amortis, le coût du transport est descendu très bas.
Après chaque marée noire on a le droit aux même discours. Et le gouvernement Raffarin a retenu les leçons de l'histoire afin de ne pas reproduire les erreurs tactiques deVoynet. Même Chirac est monté au créneau en prenant des mesures (très partielles et sur une courte durée) d'exclusion sur le territoire maritime de bateaux poubelles. Mais les commandes de bateaux neufs n'augmentent pas particulièrement.
Actuellement on peut donc affirmer que vu leur âge 70 % des super pétroliers sont dangereux et devraient être remplacés.Tout ceci est parfaitement su par les « acteurs » du monde du pétrole. Ainsi lorsque Total a affrété l'Erika, c était en parfaite connaissance de cause.
Sur ces bateaux poubelles travaillent des équipages de pays du tiers monde. Pour ce faire les États associés aux pétroliers ont créé les pavillons de complaisance afin d'exploiter « légalement » cette main d'œuvre bon marché. Les salaires sont divisés par 4 sans protection sociale ni congés. Ces équipages de la misère sont recrutés par des « marchands d'hommes », dont on nomme le travail « ship management ». Petit a petit les compagnies pétrolières qui possédaient leur propre flotte se déchargèrent de cette besogne au profit de sous traitants que sont les « traders », les « courtiers » et autres intermédiaires. De véritables nébuleuses dans lesquelles il est bien difficile de se retrouver. Ce qui explique qu'en cas d'accident le responsable soit difficile juridiquement a nommer tant que l'on n'aura pas envisagé la notion de responsabilité collective. Le capitalisme dans toute sa splendeur! Mais le pavillon de complaisance comporte d'autres intérêts et avantages car s'il permet de contourner les règles sociales, ils permet aussi de contourner les règles fiscales. Pavillon de complaisance rime avec paradis fiscal. Le lobby du pétrole comme le lobby nucléaire est basé sur le mensonge. L'hypocrisie et l'opacité: l'actualité avec l'affaire Elf est là pour nous le rappeler.
Les sociétés pétrolières se sont développées, et ont développé ces méthodes avec la collaboration et la complicité des États producteurs et des États consommateurs. Les États occidentaux ont toute leur responsabilité dans cette situation.
Et évitons de tomber dans le piège de l'émotion du lendemain d'une marée noire car les marées noires sont permanentes puisque les nettoyages des soutes des pétroliers appelés dégazage représentent deux millions de tonnes de pétrole dans la mer par an. Rien qu'en Méditerranée, c'est l'équivalent d'une marée noire de l'Erika par semaine…
D'après les « spécialistes » nous avons pour 40 à 50 ans de réserves de pétrole. Le bon sens voudrait que l'on pense un avenir avec de moins en moins de pétrole et de plus en plus d'énergies renouvelables (ENR). Côté économies d'énergie c'est plutôt raté puisque l'on consomme toujours plus de pétrole… Comment peut-on encore installer des chauffages au fuel sans au moins y adjoindre une énergie renouvelable? Car il faudra bien les utiliser un jour ces ENR… Le vent, le soleil sont gratuits ainsi que les déchets fermentescibles qui permettent de produire du méthane. Les moteurs thermiques peuvent fonctionner au gaz de bois. Ces fameux gazogènes ont fait de sacrés progrès depuis 1940 et sont parfaitement au point! Les solutions alternatives ne manquent pas.
Le problème c'est que ces alternatives ne représentent pas un marché potentiel: elles ne permettent pas de marges énormes, voire elles peuvent être gratuites: une notion détestée et rejetée par le capitalisme.
Alors autant continuer, faire du profit, entériner les risques écologiques (c'est à dire les intégrer dans les prévisions financières et les assurer) : le capitalisme est un système économique morbide.
Un marin anonyme