À bas les étrangers !
Pourtant, cet étranger l'est moins qu'on le suppose, car il vit de la même vie de misère et de privations que ceux qui le combattent ; il a les mêmes besoins et surtout les mêmes aspirations. Si, parfois, il est réduit par la misère à donner sa sueur pour un salaire dérisoire, le bourgeois qui profite de cette situation pour augmenter ses bénéfices, est seul coupable, et c'est lui qui doit être voué à la haine des souffre-douleur.
Les travailleurs, quel que soit le sol qui les a vus naître, ne sont pas étrangers les uns aux autres. Leurs maux sont identiques et ils doivent s'unir pour lutter contre l'ennemi commun : le capitaliste qui, lui, est le véritable étranger, car il forme une caste à part, et en pratiquant l'exploitation de son semblable, se procure toutes les jouissances, possède tous les privilèges et ne se considère pas comme l'égal de ceux qui produisent pour elle.
L'étranger pour le peuple, n'est pas le peuple, mais tous ceux qui se considèrent comme étant au-dessus de lui : la finance, le clergé, l'armée, la magistrature.
Le financier qui détient la fortune publique.
Le prêtre qui atrophie les cerveaux pour mieux opprimer les consciences.
Le soldat qui prime le droit par la force et abrutit la jeunesse.
Le magistrat qui rend des arrêts de complaisance.
L'étranger en un mot, est celui qui peut dire à un homme : « Fais ceci ! » quand cet homme n'a pas le pouvoir de se soustraire à cet ordre. Voilà les étrangers contre lesquels les déshérités doivent unir leurs efforts, s'ils veulent arriver au but de leurs légitimes revendications.
Les travailleurs de toutes les contrées doivent, dans chacune de leurs réunions et dans tous les meetings, préconiser la grande alliance des exploités contre les exploiteurs, et le cri qui devra s'échapper de leurs poitrines doit viser directement les classes privilégiées. À bas les étrangers-là !
Les groupes anarchistes de Marseille