éditorial du n°1312
Quand bien même la douce mort d'un grand marchand de canons apporte un peu de gaité dans notre esprit d'anarchistes et d'antimilitaristes, nous avons conscience que le système continue à broyer un peu plus d'existences en y mettant les bouchées doubles.
En effet, les journalistes ne se lassent pas de se désoler des baisses enregistrées sur les places boursières. Cette crise plus terrible que celle de 1929 n'empêche pourtant pas les records de chiffres d'affaires et de résultats nets. À chaque publication triomphale de leurs bénéfices et économies réalisés, les actionnaires décrètent au mieux blocage des salaires et aggravation des rythmes de travail et au pire des plans sociaux. Ces augmentations de richesses et ces bénéfices sont bel et bien le fruit de précarisation et d'exploitation accrue des salariés. Sans parler des hausses des prix supportées par les consommateurs. Il y a comme un souci avec la répartition des richesses.
Alors, il ne faut pas être polytechnicien pour comprendre que le système n'a pas besoin de se porter mal pour nous casser un peu plus. D'ailleurs, les réactions radicales des Cellatex, des Arcades, Pizza Hut et autres conflits récents devraient encourager à la rupture avec cette logique prétendue consensuelle. Les expériences social-démocrates de gouvernement subies ces vingt dernières années confirment qu'aucune volonté politique n'a le pouvoir de redistribuer la « donne » sociale. Et c'est aussi notre tâche de rappeler que les révolutionnaires en peau de toutou et autres altermondialistes se plantent complètement en prétendant moraliser le capitalisme.