éditorial du n° 1241
Oui, mais voilà, non seulement cette analyse est absurde, car elle associe des données entre elles de manière fort aléatoire, mais surtout elle oublie des critères importants : milieu social, scolarité, origine territoriale… Car si je m'appelle Samia, que j'ai un BEP et que j'habite disons les minguettes à Venissieux (banlieue lyonnaise), le chômage a beau baisser, la seule inscription de mon nom et de mon adresse sur mon CV suffira à un patron pour ne pas retenir ma candidature au poste de secrétaire en CDD de trois mois qu'il proposait. Et franchement son CDD de trois mois, ce n'est pas vraiment emballant.
Un autre argument que nos charmants politologues oublient en effet, c'est que si le chômage baisse, la précarité augmente de façon galopante. La précarité et son lot d'incertitudes, où l'avenir immédiat est déjà flou, ou aucun projet sur le long terme n'est vraiment possible…
L'INSEE, qu'on ne peut taxer de vilains gauchistes vient d'ailleurs de produire des chiffres intéressants à ce sujet. Entre 1990 et 2000, l'intérim a progressé de 130 %, les contrats en CDD de 60 %, les stages d'insertion divers de 65 %. Et les CDI de 2 %. Ces divers contrats de précarité concernent trois fois plus les jeunes ayant fini leurs études depuis moins de cinq ans. Ces mêmes jeunes sont deux fois plus au chômage que leurs aînés. Alors le chômage diminue en effet, mais nous sommes de plus en plus corvéables à merci entre les mains d'un patronat qui accumule, qui prend et qui jette en fonction de ce qui est le plus rentable. Et être jeune ou vieux aujourd'hui, ce n'est pas un critère de rentabilité.