éditorial du n°1220
C'est d'ailleurs ce qu'on semble nous inciter à penser en annonçant que plus de 1,8 millions de travailleurs sont considérés comme pauvres, avec un revenu inférieur à 3 500 FF, et que près de 3 millions de personnes vivent dans un ménage pauvre (moins de 7 340 FF pour quatre personnes). Or ces travailleurs pauvres sont précisément les victimes des formes de travail les plus flexibles tant prisées par les employeurs : temps partiels, vacataires, contractuels, intérimaires, CES, etc.
Ne considérer que la baisse ou la hausse des demandeurs d'emplois officiels, c'est donc fonctionner avec une vision bien partielle des choses. Mais il s'agit là bien sûr d'un subtile stratagème pour faire bonne figure devant un électorat qu'il est toujours bon d'amadouer. Martine Aubry peut se tenir la tête haute après avoir quitté le gouvernement pour d'autres horizons électoraux, l'optimisme affiché sur la question du chômage reste de la poudre aux yeux. Pis, le gouvernement prend toutes les précautions pour éviter des mouvements de revendications salariales qui commencent à titiller sérieusement chez les laissés pour compte de la croissance. Le chômage devrait cesser de baisser d'ici 2003-2004, les effets des 35 heures, des emplois-jeunes et autres « contrats aidés » arrivant à leur terme. Par cet épouvantail, le gouvernement utilise la question de l'emploi et du chômage pour faire valoir l'« impossibilité » de satisfaire des revendications sociales, notamment sur les salaires. Nous ne nous laisserons pas duper.