éditorial du n°1204
Force est de constater que face à la lame de fond qui prépare le terrain à la privatisation du système éducatif, le léger recul du nouveau ministre par rapport aux projets de son prédécesseur semble bien dérisoire. Après Allègre et ses gros sabots, voici Lang le mielleux, qui comme en 1992 après l'échec de Jospin, vient jouer les pompiers de service et calmer le jeu à moindres frais. La méthode reste la même : temporiser... Déjà les principaux syndicats viennent lui manger dans la main et lui accordent un satisfecit alors que l'essentiel des revendications du mouvement reste lettre morte. Cela n'empêche pas de nouveaux chantres de la réforme de se trouver des vocations. Si Allègre avait su mettre dans sa poche un Mérieu qui a servi de caution à sa politique de merde, voici que pointe son nez un Gabriel Cohn-Bendit, patron de « lycée autogéré », qui espère bien devenir le nouveau relais « pédagogiste » du gouvernement. Et les grandes idées creuses fusent : « conseil de l'innovation et de l'expérimentation », « établissements pionniers » dans les banlieues...
Mais les parents, élèves et enseignants du Gard qui ont constitué le cœur de la lutte contre les projets gouvernementaux ne sont évidemment pas dupes. Une nouvelle manifestation est aussi prévue le 13 mai à Montpellier pour rappeler les revendications de titularisation des personnels précaires et de création de poste, pour l'instant non satisfaites.
Ce n'est pourtant pas la pauvreté des projets de la base ou leur « conservatisme», qui a mis les grévistes à la merci d'un changement de ministre. Ici se révèlent pleinement les effets pervers d'une représentativité syndicale centralisée, qu'il faudra bien un jour dépasser.