éditorial du n°1190
Pour la gauche qui a perdu ses complexes en matière sécuritaire, pas un acte de violence ou d'incivilité ne doit rester impuni. Ainsi, le dernier conseil de sécurité intérieure encourage les procureurs à incarcérer les mineurs de moins de 16 ans. Mais là où le matraquage idéologique nous somme de voir des incivilités, nous apercevons en réalité l'indocilité d'une jeunesse sans travail, sans qualification et sans avenir. À défaut de pouvoir changer la société, il ne reste plus qu'à la détruire et l'école fait partie de ces institutions qui représentent l'ordre et qui est la première à les rejeter en leur inculquant de plus en plus tôt leur inutilité sociale. Quand il n'y a plus rien à perdre ou à attendre, la violence ne peut que se retourner contre la société toute entière.
Personne ne doute que la rage des nouvelles générations s'amplifiera. L'État le sait. D'année en année, il accumule les dispositifs de pacification sociale destinés à accueillir les flots grandissants de population que les patrons jettent à la rue. Il peut compter sur des syndicats obéissants comme le SNES-FSU, principal syndicat des enseignants du second degré, qui considère que les mesures du plan de lutte contre la violence « ne peuvent se concevoir sans être accompagnées d'une meilleure prise en charge, notamment par la politique de la ville » de ces populations. Lorsque les syndicats en viennent à réclamer un renforcement du contrôle social des quartiers, ceux-ci ne devront pas s'étonner, qu'un jour ou l'autre, les jeunes sous prolos s'en prennent à eux.