La Justice contre la liberté d'expression ?
mis en ligne le 30 novembre 2007
«Le Monde libertaire» attaqué en justice par un maire socialiste Après Le Pen qui n’aime pas nos dessins, après Debré qui n’aime pas nos commentaires sur la police, c’est au tour de Michel Pajon, maire et député PS de Noisy-le-Grand (en Seine-Saint-Denis), qui n’aime pas nos informations, de traîner Le Monde libertaire, hebdomadaire de la Fédération anarchiste, devant les juges. C’est pourtant un fait, ce député-maire socialo a laissé l’extrême droite intégriste construire une chapelle dans sa commune, sans doute pour diviser la droite et conserver son trône de député-maire ! Préférant certainement organiser secrètement ces petites magouilles personnelles, Pajon s’estime diffamé. PS, extrême droite : mêmes méthodes ? Pour avoir dénoncé sa complaisance vis-à-vis de l’extrême droite, le Monde libertaire se voit une nouvelle fois menacé d'étouffement. Ce n’est en effet rien moins que 130 000 francs que Pajon réclame en guise de dommages et intérêts. Qui disait que la liberté d’expression n’a pas de prix ? On sait que sortir du consensus bien-pensant est un sport à risques pour la presse. L’acharnement judiciaire et donc la censure économique menacent en permanence les derniers journaux libres. L’extrême droite se fait un devoir de traîner Charlie-Hebdo de procès en procès, mais d’autres revues sont régulièrement visées, d’autant plus facilement qu’elles sont moins connues. Plus grave encore : ce garottage soft, mais efficace, des voix indésirables, fait des émules. Il y a eu les astreintes astronomiques contre un livre dénonçant les magouilles des chambres de commerces, il y a les biographies qu’on renonce à publier de peur de déplaire, il y a ce livre de photographies qu’un intégriste de la même secte que celle séjournant à Noisy-le-Grand a fait retirer de la vue des clients pas forcément choqués par les photos mais davantage peut-être par l’intégrisme, il y a désormais les élus locaux qui ne supportent pas la contestation chez eux. Non à la censure socialiste ! Radio libertaire, coupable d’exister en dépit de la déferlante des radios-fric. Quinze ans après cet épisode glorieux de socialisme responsable, Radio libertaire continue à faire entendre sa voix sans maître en région parisienne (et l’Administration pénitentiaire lui intente un procès, un de plus, pour la lecture d’une déplaisante lettre de détenu). Que les choses soient claires. Sur ce sujet, le PS aurait bien tort de s’illusionner. Même s’il peut croire que la sale intervention d’un Pajon coûte moins que celle de CRS en termes d’image et de sondages, nous n’avons aucunement l’intention de laisser notre hebdomadaire, Le Monde libertaire, qui défend depuis plus d’un siècle les idées, les analyses et les propositions anarchistes, sombrer sous la censure hypocrite de l’institution judiciaire sans réagir. Ne serait-ce qu’en dénonçant vivement les sales coups des socialistes contre la liberté d’expression. Audience le 19 octobre à 13 h 30 à la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Paris.