Succès d'une tournée !
Solidarité Nord-Sud
À l’occasion de la participation de Moussa Diop, délégué d’Actions Utiles Pour l’Enfance et la Jeunesse de Tivaouane au 44e congrès de l’ICEM une tournée de conférences fut organisée par Bonaventure pour présenter cette alternative sociale autogérée du Sénégal [[Cf. Le Monde libertaire n°[1130- rub1269], [1131- rub1270], [1132- rub1271].]]. Des groupes de la Fédération anarchiste, le mouvement libertaire italien, des syndicats alternatifs ou anarcho-syndicalistes, des associations sociales se sont mobilisées pour organiser des rencontres, des conférences.Sur Oléron un «tie-bou-diène-conférence» a réuni 80 personnes, une séance de cinéma avec débat 70 spectateurs démontrant ainsi l’intérêt que pouvait susciter cette expérience sociale.
À Lyon, Bordeaux, Paris, Angoulême, Nantes ou Poitiers l’intérêt des militants syndicaux, sociaux ou libertaires débouchera vers une solidarité Nord-Sud financière, matérielle et politique.
Des enjeux socio-économiques
Pour inscrire durablement les initiatives d’AUPEJ : formation professionnelle, école maternelle, activités culturelles et sociales, lycée autogéré, caisse d'épargne des femmes etc. un local et deux postes d’animateurs sont des préalables à la poursuite de cette aventure. L’objectif financier de solidarité entre les précaires, les travailleurs du Nord et du Sud ont été atteints.
Cela démontre que des liens internationaux politiques et sociaux créent des espaces de liberté. La mondialisation du libéralisme économique forcené n’est pas une fatalité pour les peuples du Nord ou du Sud. Bien que symbolique cette mobilisation crée une brèche dans l’inéluctabilité de la pauvreté. Donner les moyens financiers et politiques à la population d’un quartier de créer son propre espace social, d'être à l’initiative de caisse d'épargne et de crédit, de formation sociale pour d’autres quartiers ou villages voisins concrétise un slogan que nous avons tous au fond du cœur : la ville gérée par et pour ses habitants.
Vers un élargissement de la solidarité internationale
Trop souvent le mouvement libertaire international abandonne aux ONG liées aux politiques gouvernementales et aux subventions caritatives ou institutionnelles l’aide logistique pour permettre aux populations des pays «pauvres» de gérer «correctement» leur pauvreté. Dès lors qu’un contact direct, des échanges politiques s’installent entre des espaces alternatifs (tels AUPEJ et Bonaventure) une solidarité financière donne sens non plus à une gestion de la pauvreté mais à un mouvement d’auto-organisation des populations concernées. Même symbolique ce mouvement empreint d'échanges, de construction de pratiques alternatives combat de fait l’idéologie dominante de l’aide humanitaire.
Créer deux emplois solidaires à Tivaouane c’est donner au salariat non plus un seul sens économique (petits boulots inintéressants et difficiles : petites bonnes, manœuvres etc.) mais un sens social émancipateur pour les personnes et le quartier.
Bonaventure en interpellant à la fois le mouvement libertaire, des groupes de sans-papiers, des mouvements pédagogiques et le syndicalisme radical à créer des passerelles ponctuelles mais réelles pour un projet commun entre des acteurs institutionnels qui trop souvent s’ignorent.
Le mouvement social occidental se fragmente à l’image même de la société qu’il combat. La mise en place de ce réseau solidaire bien que ciblé symbolise l'énergie sociale émancipatrice dont un mouvement social radical est porteur au-delà des divergences, des corporatismes, des intérêts institutionnels.
Bonaventure et AUPEJ en ouvrant, depuis un an, un chantier international (élaboration d’un regroupement d’associations d'éducation populaire autogérée) ont découvert que ces liens transversaux rompaient l’isolement dans lequel vivotent les alternatives éducatives. Cette tournée est donc un préalable parmi d’autres à la construction d’un mouvement social solidaire, international et émancipateur : c’est un pari que nous avons relevé : en serez-vous ?
Moussa Diop et Thyde Rosell pour AUPEJ et Bonaventure