Mesures bidon contre bidonville
Replacé dans la perspective d’une revendication de justice et d'égalité sociales et d’une pratique autogestionnaire pour ce qui touche à la vie des quartiers, donc des villes et villages, le constat dressé et les conclusions de ce rapport sont choquants. Parce qu’il est choquant (mais pas nouveau !) de voir des élus, démagogues la plupart du temps, se soucier des avantages financiers des contrats de ville plus que de la destinée de ceux qui vivent dans les quartiers concernés par cette manne financière. Qu’il est choquant aussi de voir ces mêmes élus faire entrer leurs communes dans une logique marchande (la ville se gère comme une entreprise et se doit d'être compétitive), en attirant des sociétés à coups d’exonérations que le contribuable finira bien par payer au bout du compte et recréant ainsi des oppositions entre communes concurrentes et leurs populations.
Comme il est significatif de voir que le principe de substitution s’accentue : l'État s'étant déchargé de la gestion des budgets sociaux (RMI…) sur les conseils généraux, on s’avancerait (d’après l’auteur du rapport) vers un nouveau transfert de cette lourde tâche sur les communes. C’est le capital qui décide de la politique économique, les communes en supporteraient les conséquences et l'État pourrait mieux encore se concentrer sur sa tâche historique : quadriller son territoire et empêcher la contestation sociale et politique. D’où la nécessité de redéployer des forces de police sous prétexte «d'égalité devant le service public» (on aimerait un tel effort sur les postes d’enseignants, employés de la CAF ou travailleurs sociaux !). Mais démocratiquement, puisque J.-P. Sueur propose un nouveau palier d'élus «d’agglomérations». Poudre aux yeux, les mesures sur la ville que prendra Jospin ne serviront à rien sur le fond car elles n’ont vocation qu'à adoucir la pauvreté et la mal vie qui en découle. Pas à l’abolir.