Les Cocos à Moscou !
À la petite semaine
Au temps où nos staliniens français remplissaient les urnes à près de 25%, c’était là le furieux cri de guerre des anticommunistes primaires, forcément primaires, qui eussent apprécié que nos cocos s’exilassent au pays des bolchos, d’où leur venaient des fonds, des ordres et la possibilité d’effectuer ces virages à 180° qui ont fait la ligne et la gloire du Parti.Maintenant que les temps et le rouble ont coulé, que la dépouille putréfiée du grand Lénine abandonne l’idolâtrie des foules à celle de Lady Di, les héritiers d’abord déboussolés des Thorez-Duclos-Marchais achèvent avec application une prompte et efficace mutation.
Adeptes d’un marxisme-libéralisme peu orthodoxe mais qui leur permet d’exister, on les entend aujourd’hui proclamer, en experts, que « le marché n’est pas intrinsèquement pervers », et aussi, foin d’idéal, qu’ «il faut réexaminer la pertinence de l’idée même d’un projet de transformation sociale ».
Pour sauver cette Russie qu’ils ont tant aimée, pour que la solidarité internationale des apparatchiks recyclés ne soit pas à son tour une notion galvaudée, pourquoi n’iraient-ils pas sur place exercer leur profitable efficacité ? Car on sent bien qu’un Primakov inexpérimenté, trop peu déstalinisé, ne saurait triompher sur le terrain où s’illustre un Gayssot sous-libéralisé.
Plus que jamais, plus qu’il y a trente ou quarante ans, ce mot d’ordre s’impose ici à nouveau dès maintenant : les cocos à Moscou !