Incendie à l'usine Frigicrème
Région nantaise
L’usine Frigicrème (Saint-Herblain, banlieue nantaise) depuis sa création n’a cessé d’être convoitée et rachetée successivement par BSN, Miko et en 1994 par la multinationale Unilever. Ce groupe depuis quelques années a abandonné son secteur de la lessive avec à la clé quelques centaines de licenciements pour investir dans l’agro-alimentaire et particulièrement les glaces. Il faut dire que pour un patron la glace est un excellent placement avec une valeur ajoutée énorme : la glace est constitué à 70-80% de vent qu’il ne paye bien évidemment pas ! Le groupe Unilever a donc ces cinq dernières années racheté Miko, Motta, Frigicrème et d’autres unités qu’il a depuis fermées. Cette stratégie monopoliste et concentrationnaire du capitalisme est bien évidemment connu, ce qui n’empêche pas « nos » libéraux de défendre l’intérêt de la concurrence comme source d’émulation et de richesse.Le 9 juin dernier l’usine Frigicrème a brûlé. Hasard, accident ? Toujours est-il que cet incendie est une véritable aubaine par rapport à la stratégie du groupe car en cette période chaude pour la glace (été) la production a été compensée sur les autres sites.
Mais l’aubaine pourrait devenir suspecte quand plusieurs éléments graves interviennent. Temps long entre l’incendie et l’appel des pompiers, alarme éteinte, non écoute des salariés qui sentaient le brûlé le matin alors que les flammes prendront dans l’après-midi… Le soupçon se confirme quelque peu quand on apprend que le groupe refuse de nommer un expert pour étudier les causes du sinistre. « C’est un détail de rechercher les causes et les responsabilités » (Ouest France, directeur de la communication du groupe). Alors que le code du travail impose une telle expertise, la justice de classe a encore une fois montré sa réelle nature : le TGI a réfuté la demande de la CGT et a même condamné la section syndicale à une amende de 1500 FF, le tout avec l’appui de l’avocat des assurances !
Rester solidaire
Dans cette histoire la seule surprise du Groupe Unilever, c’est la résistance et le rapport de force qu’ont su créer les salariés. Le groupe Unilever espérait certainement que les choses se passent comme il y a quatre ans lorsqu’une de ses usines de surgelés à Saint-Philibert (20 km de Nantes) a brûlé. Cet accident n’avait pas fait de bruit en l’absence de réaction syndicale dans la boite. Mais dans le cas présent, la résistance se maintient avec plus de 200 personnes régulièrement présentes sur le site. Même les saisonniers (payés jusqu’en septembre) sont resté présents. Au cours d’un CE (comité d’entreprise) du mois de septembre, le groupe annonce la fermeture de l’usine (non reconstruction) et pour tenter de désamorcer le conflit a annoncé que tout le monde serait payé jusqu’en décembre. Loin de se contenter de ces miettes la lutte continue au moins par dignité, voire plus…
Lors d’un CA du groupe, plusieurs dizaines de salariés se sont imposés lors de cette réunion et les usines d’Argentan et Saint-Dizier se sont mises en grève. Des actions sont en cours de discussion pour la fin du mois [[Intervention sur le sujet le jeudi 23 septembre sur Radio Alternantes (98.1 sur Nantes et 91 sur Saint-Nazaire) lors de l’émission du groupe FA de Nantes.]].
Face à cette agitation, les politiques se sentis obligés d’intervenir pour affirmer leur solidarité (à droite comme à gauche). Et c’est bien là que nous devons affirmer notre spécificité car ces discours hypocrites sont rejetés. « Nous ne devons faire confiance qu’à nous-mêmes ». Que le capitalisme cherche et trouve des moyens de plus en plus sophistiqués pour réaliser des profits, c’est tout naturel. Et que l’on soit Vert, PCF ou L O…, ce n’est pas en discutant dans les Conseils municipaux, généraux, régionaux de l’intérêt des fonds publics pour l’embauche ou d’une éventuelle loi anti-délocalisation que l’on pourra ébaucher de nouvelles perspectives. Les enjeux ne se situent ni au niveau politique ni au niveau des chantres du syndicalisme institutionnel. Notat nous l’a encore démontré lors de cette rentrée [[Le Monde, 27 août 1998.]] en constatant que la situation économique et politique est globalement positive. On croit rêver !
Théo Simon
groupe de Nantes