éditorial du n°1131
Nos intellectuels, en grande forme, vont plus loin. Ils expliquent la montée du FN par une formule quasi mathématique : « plus l’État a reculé, plus l’extrême droite a avancé ». Une analyse aussi fine des causes du développement du fascisme laisse pantois. La solution coule donc de source : il faut mettre partout plus d’État. Pour que la République ne se fasse pas doubler sur sa droite, elle doit devenir parfaitement policée. Par conséquent, le moindre acte « d’incivisme » doit être châtié sans remord : « c’est en tendant vers une tolérance zéro face à une petite incivilité qu’on pourra demain remédier à l’incivisme en grand ». Quelles sont ces « petites incivilités » ? Les exemples pleuvent, avec entre autres : « le piétinement des plates-bandes municipales » et les « tags sur les murs des écoles repeints à neuf » ! Allant toujours plus fort les auteurs veulent faire redécouvrir le drapeau tricolore « emblème de la Révolution » et « figure de Jeanne d’Arc » ! On croit rêver à la lecture de ces propos qui raviraient le premier pétainiste sorti des poubelles de l’Histoire.
Ont-ils des revendications ? Hélas oui ! Il faudrait supprimer les allocations familiales « aux parents qui n’assument pas leurs responsabilités ». Frapper les plus démunis, envoyer derrière les barreaux les voleurs d’autoradios : voilà le programme prôné par ces Républicains-nationaux musclés.
Alors, nous vous le disons en face : votre « République » à les atours d’un 1984 d’Orwell ou plus exactement d’un Brazil. Vos références marxistes-léninistes par essence totalitaire, rebrassées à la sauce de la démocratie bourgeoise, font de vous des philosophes d’une barbarie soft. Celle qui vous tue à petit feu au nom de l’intérêt général et de l’économie de marché, celle qui mène à la chaise électrique le petit fauteur de trouble. Votre utopie est judiciaire, policière et carcérale, et, comme tant de vos prédécesseurs « républicains », vous êtes la frange la plus sournoise de l’avant-garde du fascisme !
Pour toutes ces raisons, nous vous adressons, mesdames et messieurs les nationaux-républicains, notre haine la plus tenace !