À la petite semaine
Tu vois qui en finale ?
Nous avons ici même, à maintes reprises, dénoncé ce dangereux glissement sémantique néo-libéral qui, depuis plusieurs années, transforme tout possesseur d’un emploi stable en «privilégié», eu égard aux cohortes de chômeurs, et tout salarié défendant son dû, en général obtenu après dure bataille, en individualiste rétrograde à mentalité petite-bourgeoise, défendant le pré carré de ses «avantages acquis» au mépris de l’intérêt général.Semblable imposture langagière est en passe, depuis quelque temps, de faire passer dans le vocabulaire courant l’expression «prise d’otages» dès lors qu'éclate ici ou là le moindre mouvement de grève. Que les transports s’arrêtent, que le courrier n’arrive plus, que les routiers fassent barrage, que des paysans assiègent une préfecture, et voilà que population, usagers, consommateurs, citoyens se transformer systématiquement en désastre humain, comme l’est une réelle prise d’otages, pour mieux le remettre en cause très bientôt.
Le soutien apporté à cette supercherie ne vient pas seulement -- mais est-ce une surprise ? -- des seuls partisans avoués d’un mondialisme économique agressif et triomphant, mais aussi, encore une fois, de cette gauche politique et syndicale merdeuse qui aura tout renié et qui fait dire aujourd'hui à Louis Viannet que «l'état d’esprit de la CGT n’a jamais été de prendre la coupe du monde en otage». Autrement dit, pendant l'événement planétaire, pas de velléités revendicatives ! Pas de conneries les gars, la lutte des classes attendra le coup de sifflet final.
Au fait, Louis, tu vois qui en finale contre la France ?