Du chômage.... «mais de qualité !»
Les grandes tendances de la restructuration tournent en fait autour d'un axe majeur : l'ANPE doit avant toute chose se mettre au service des patrons et leur fournir ce dont ils ont besoin. Le verbe «fournir» correspond d'ailleurs parfaitement à la nouvelle idéologie que tente d'imposer l'encadrement. Voilà bien longtemps que l'on ne parle plus «d'usagers» et encore moins de «chômeurs». Le rôle de «l'Agence» est de satisfaire des clients, point.
Les termes d'efficacité, de rentabilité, de productivité, de gains, d'objectifs et de résultats ont fait leur entrée en force dans un établissement où les salariés sont invités à oublier toute fibre «sociale» !
Ensuite, parallèlement à cette propagande ultralibérale, se mettent en œuvre les offensives concrètes. On peut citer, entre autres :
*l'inscription des chômeurs transférés l'année dernière aux ASSEDIC (ce qui pour les allocataires va représenter de sérieuses difficultés supplémentaires, les agents ASSEDIC étant forcés de se montrer beaucoup moins indulgents que les agents ANPE, concernant les erreurs de pointage par exemple) ;
*les entretiens individualisés ont été progressivement supprimés ou réduits à presque rien ;
*des accords ont été passés avec les entreprises d'intérim (avec consigne de traiter ces offres en priorité quitte à stopper le travail en cours !) ;
*de nouveaux entretiens d'évaluation, joliment baptisés «entretiens de progrès» ont été créés ;
*les agences sont passées récemment en ouverture continue avec un allongement sensible du nombre d'heures d'ouverture au public. Les horaires flexibles ont été instaurés avec... la pointeuse. Pour couronner le tout il ne serait guère étonnant que la direction générale fasse prochainement le forcing pour l'ouverture le samedi matin.
Pour l'instant, la direction s'attache à faire la promotion de son nouveau «plan génial» : la NOS («Nouvelle Offre de Service»). Plan qui consiste, globalement, à soigner les employeurs aux petits oignons ! L'ANPE sera donc, une fois de plus, «relookée» et les unités les mieux notées se verront attribuer des labels de qualité, on croit rêver ! Du côté des chômeurs, (pardon, des «clients demandeurs d'emploi») les mesures prises sont aussi fumeuses que cyniques : des agents se verront par exemple intimer l'ordre d'aller les accueillir à l'entrée pour s'enquérir des raisons de leur visite ! Les «visiteurs» apprécieront ! Comme on le voit, on aura toujours plus de chômage mais du chômage de qualité... !
Jelif
Conseiller ANPE