Contre le FN, la lutte et la solidarité

mis en ligne le 4 décembre 2014
Bien connaître pour mieux combattre. L’ouvrage de Valérie Igounet intitulé Le Front national de 1972 à nos jours contribue à alimenter la réflexion des militants pour combattre ce mouvement d’extrême-droite. Après la Seconde Guerre mondiale, l’extrême droite est discréditée, elle ne pèse plus rien en termes électoraux. Pourtant la bête n’est pas morte. L’auteur fait un travail d’historien pour présenter l’évolution de ce groupuscule fondé en 1972 agglomérant d’anciens collaborateurs de Vichy, d’anciens Waffen SS de la division Charlemagne, des poujadistes, des membres d’Ordre nouveau.

Un héritage fasciste
Le Front national (FN) a vocation à regrouper tous les nationaux sans exception sous la houlette de JM Le Pen connu pour son comportement en Algérie et ses condamnations pour diffusion de disques à la gloire de Pétain. Un temps soutenu par les fascistes italiens du MSI qui lui donnent l’autorisation de reprendre la flamme tricolore en guise de drapeau, le FN reste faible et les partis dits institutionnels ne s’inquiètent pas de son existence. Pourtant, son idéologie reprend les thèmes classiques de l’extrême droite : la lutte contre l’immigration, l’insécurité, l’antisémitisme. Les mots sinistres de son leader historique démontrent que même si la dédiabolisation anime le discours officiel repris par Marine Le Pen, la réalité profonde de ce mouvement ne change guère et si par malheur, il arrivait au pouvoir, il mettrait en œuvre une politique d’exclusion et de rejet à l’égard des étrangers. Il se définit comme droite sociale, populaire et nationale. Deux de ces adjectifs montrent bien son état d’esprit, d’autant que le mouvement extrémiste Ordre nouveau dissous dans les années 1970 constituait sa base militante d’origine. Ces références internationales à cette même période étaient l’Espagne franquiste, la Grèce des colonels et le Chili de Pinochet.

Un danger plus perfide
À partir de 1985-1986, le FN se développe en s’appuyant sur le développement du chômage pour en attribuer la responsabilité aux étrangers. Le mouvement se structure et théâtralise ses meetings à l’instar des rassemblements fascistes en faisant appel aux mêmes pulsions. Les élections lui sont inégalement favorables, la fragilité apparente de son recrutement, les révolutions de palais, les confusions programmatiques ne l’empêchent pas de gagner des mairies et de montrer la réalité de sa politique : hystérie sécuritaire, mise au pas de la culture, baisse des subventions sociales, préférence nationale, le tout avec une incompétence sidérante. Nous pourrions presque dire que cette incapacité à gérer est source de soulagement. C’est à partir de 2006 que le FN se professionnalise en affinant son discours et en reprenant à son compte des termes, des concepts républicains, voire de gauche et de gauche radicale. C’est un danger beaucoup plus perfide, les candidats sont relookés, finis les crânes rasés en première ligne (même s’ils ne sont pas loin derrière), le discours est policé, les militants sont formés au porte à porte, à la prise de parole. Ils se prétendent les défenseurs de la laïcité, mais une laïcité d’exclusion, le rejet de l’étranger pratiquant une autre religion que celle que la FN considère comme nationale. Ils tentent de réécrire l’histoire, notamment la période de Vichy ou de la colonisation en Algérie. Ils se présentent comme proches des ouvriers. Ce camouflage ne doit tromper personne, ce mouvement reste d’extrême droite et l’actualité dans les communes qu’ils gèrent montre que nous devons rester vigilants mais surtout actifs pour dénoncer et expliquer que même dans les difficultés quotidiennes, ce n’est pas par l’exclusion mais au contraire par les luttes et la solidarité que nous pourrons aller vers une vie meilleure.

FPC