"Tous à poil" plumé par Copé
mis en ligne le 13 mars 2014
![1734TousaPoil](http://monde-libertaire.net/images/stories/flexicontent/1734TousaPoil.jpg)
Ce sont des figures du quotidien ou issues de l’imaginaire des enfants : il y a le personnel de la cantine, la maîtresse d’école, qui fait référence à la chanson La Maîtresse en maillot de bain. Pour les auteurs de l’ouvrage, il s’agit donc d’un faux débat autour de la nudité et d’expliquer : « Nous avons essayé de proposer une approche originale et drôle. Si l’on suit la façon de penser du patron de l’UMP, il ne faudrait plus emmener les enfants au musée. Le plafond de la chapelle Sixtine ne choque personne ! » Quant à l’idée du livre, il est né tout simplement parce que les deux auteurs ont des enfants qui avaient entre 11 et 16 ans à l’époque de la sortie. « Nous savons que les enfants se posent des questions sur leur corps : ils cherchent à savoir s’ils sont normaux, à savoir comment nous sommes faits, comment les autres sont faits. Si on laisse les enfants se débrouiller seuls avec ces questions, que trouvent-ils sur Internet ? Nous voulions proposer un autre regard sur la nudité qui soit décomplexant. » On peut alors se poser la question de savoir comment l’ouvrage est arrivé entre les mains de Copé. Le Monde libertaire en a une vague idée : ne serait-ce pas à l’initiative des mouvements issus de la Manif pour tous – qui se sont dernièrement recyclés contre la théorie du genre à l’école et pour lesquels c’est comme s’il y avait un complot lancé par des instituteurs n’ayant pour objectif que de pervertir les petits enfants. Car il est de notoriété publique que tous les instituteurs sont des pervers polymorphes ! Mais l’argumentaire de la politisation du corps enseignant n’est pas nouveau et sans rappeler l’atmosphère de la IIIe République, dont visiblement la droite dure est bien nostalgique. Une époque où les instituteurs étaient traités de Hussards noirs (notamment par un certain Charles Péguy qui les trouvait « sévères »), après le vote des lois Jules Ferry et celle de séparation des Églises et de l’État en 1905. Plus tard, ce sont les ligues fascistes qui les traitaient tous de bolcheviques et de francs-maçons. Ce n’est donc pas très original de la part de Copé et ses grands amis du Printemps français de remettre ces vieux clichés éculés au goût du jour. C’est s’en prendre une fois encore de façon violente à l’éducation nationale, sans remettre en question l’évolution de la société. Mais ces messieurs-dames les réacs préfèrent certainement les programmes proposés à la jeunesse sur des chaînes spécialisées, ces émissions de téléréalité qui véhiculent tous les clichés sur le couple et la sexualité contre lesquels nous nous sommes battus depuis des décennies. Pour autant, le bien-fondé de ces émissions, tellement juteuses pour les auteurs, les réalisateurs, les producteurs et les annonceurs ne sont, elles, jamais remises en question. Ce n’est justement pas le cas du livre. Au cours de la même interview, les auteurs nous expliquent : « Nous sommes bien conscients du fait que le livre peut faire débat. Quand Tous à poil est paru il y a eu des discussions dans les librairies et les bibliothèques : certains se demandaient si cela ne poserait pas de problème de le mettre en avant. Les fois où l’on en a parlé avec des enfants, certains enseignants nous ont dit qu’ils n’étaient pas à l’aise avec et qu’ils n’en parleraient pas. Mais ils tenaient à nous laisser en parler. Encore une fois, nous n’avons cherché à obliger personne à le lire ou le faire lire. » Le Monde libertaire a déjà alerté sur des actions des militants du Printemps français qui tournent un peu trop autour des écoles ces temps-ci, notamment dans le sud de la France, pour intoxiquer des parents naïfs qui pourraient confondre théorie du genre et apologie de la pédophilie, comme si l’une découlait naturellement de l’autre…
Comme de bien entendu !
COMMENTAIRES ARCHIVÉS
Romuald
le 31 mars 2014
Article très intéressant, il y manque toutefois les guillemets autour de l'expression "théorie du genre", cette théorie n'existe pas, seules existent des études sur le genre. Reprendre à notre compte les mensonges de l'adversaire ne nous aidera pas à leur faire entendre raison...