La grève ignore les frontières
mis en ligne le 21 novembre 2012

La CNT, la CGT espagnole, Solidaridad Obrera, étaient évidemment partie prenante de ce vaste mouvement de protestation, en y ajoutant également une grève de la consommation. 60 % des petits commerces des centres-villes avaient baissé leur rideau. Nos camarades anarcho-syndicalistes rappelaient ainsi que « le bonheur n’est ni dans la consommation, ni dans la croissance forcenée » et qu’« il est important de proposer un changement de modèle économique qui résolve les besoins des êtres humains, sans avoir comme objectif le profit, la productivité, la compétitivité, et sans épuiser les ressources naturelles ».
La grève n’a toutefois pas réussi à paralyser le pays, même si certaines régions ont atteint des records de participation ; ainsi en Catalogne, aux Asturies et en Galice le taux de participation à la grève a-t-il atteint 85 %, tandis qu’en Andalousie, en Cantabrique, à Madrid il frôlait les 80 %. Ce qui n’empêche toujours pas Rajoy de s’entêter en déclarant : « Ma politique plaît à certains et pas à d’autres. » Ben voyons ; sûr qu’employeurs et salariés ne sont pas du même avis sur les « bienfaits » de cette politique, puisqu’ils ont des intérêts opposés, même que ça s’appelle la lutte des classes. Mais les dirigeants n’en démordent pas et insistent : c’est vrai ça va mal, mais ça pourrait être pire, alors « retournez au travail pour freiner le chômage » (Alberto Ruiz-Gallardón, ministre de la Justice). Et pour que le message passe mieux, rien de tel que des explications musclées. Les forces de l’ordre ont amplement « justifié leurs salaires » : 118 arrestations, 74 blessés (dont 43 policiers, comme quoi y a pas que des mauvaises nouvelles). Les images diffusées à la TV et surtout sur le Net ne laissent aucun doute sur la sauvagerie des policiers, qui n’ont pas hésité à matraquer courageusement à la tête un adolescent de treize ans qui participait à une manifestation pacifique à Tarragone.
Pour la CGT espagnole, cette grève générale a été « un pas de plus dans la mobilisation permanente pour le changement de modèle économique, social, politique et environnemental ». Alfonso Alvarez, secrétaire général de la CNT, rappelle lui, que « les anarchosyndicalistes invitent à créer une société différente tant du point de vue économique que politique, ayant pour base l’horizontalité dans les prises de décisions et la justice sociale. Nous offrons aux travailleuses et travailleurs nos outils pour la défense de leurs intérêts dans les entreprises, que ce soit au plan de l’action sociale ou juridique, démontrant ainsi jour après jour que la solidarité dans l’action, dans les entreprises ou dans la rue est le meilleur si ce n’est le seul mécanisme d’autodéfense existant ».
Bien évidemment, aussi bien la CGT que la CNT ainsi que les syndicats alternatifs ne manquent pas une occasion de rappeler qu’une grève générale c’est bien, mais qu’une grève générale illimitée c’est mieux et que ça reste leur objectif pour un futur que l’on espère le plus proche possible.