Colloque international libertaire
Sà£o Paulo, 9-11 septembre 2004 ; Rio de Janeiro, 13-15 septembre 2004
Plinio Coelho : Le colloque a été un réel succès à tous les niveaux, qu'il s'agisse de la participation brésilienne ou internationale - conférenciers et public - de la discussion théorique. Il y avait des gens de Bahia, du Nordeste, de villes très éloignées de São Paulo, la capitale, de tout le Brésil.Certains ont fait jusqu'à cinquante heures de voyage pour assister au colloque. D'autres venaient du Chili, d'Argentine. Pour nous, ce colloque est un événement important car nos moyens sont modestes et les distances sont grandes. Retrouver des anarchistes européens - venant de pays riches -, pouvoir confronter des réalités différentes, discuter les pratiques et les applications de la théorie anarchiste sont autant d'échanges importants, en particulier pour les jeunes, ici.
Mais finalement pour tout le monde, car c'est intéressant de voir ce que ressentent ces jeunes du bout de l'Amérique du Sud et de comparer deux réalités sociales.
Chroniques rebelles : Les réflexions, les critiques, les questions étaient intéressantes et illustraient le niveau de conscience politique des jeunes qui assistaient au colloque. J'ignore si cela reflète une réalité de la société brésilienne.
Plinio Coelho : C'est difficile à dire. Le colloque vient de se terminer, et il faut peut-être attendre encore pour analyser.
Dans le mouvement anarchiste brésilien, il y a actuellement 90 % de jeunes. Ils essaient de comprendre, ils veulent changer le monde, mais il leur manque encore la théorie et la pratique.
C'est pourquoi cela peut paraître confus, mais ils cherchent une voie pour une société nouvelle et des formes libertaires de vie. Et ce type d'initiative, comme le colloque, peut aider les jeunes à discuter, les inciter à poursuivre une réflexion sur la réalité au Brésil et ailleurs. C'est un début, il faut continuer à travailler et faire en sorte que ces jeunes aient une idée plus claire.
Chroniques rebelles : Quels étaient les participants au colloque ?
Plinio Coelho : Le colloque - Historia do movimento operario revolucionario - s'est déroulé en deux parties, d'abord à São Paulo, du 9 au 11 septembre, et ensuite à Rio de Janeiro, du 13 au 15 septembre. Les intervenants brésiliens travaillent dans les universités brésiliennes et sont des militantes et des militants anarchistes.
Tout d'abord Margareth Rago, historienne, qui a parlé du collectif Mujeres libres pendant la Révolution espagnole. Alexandre Samis, historien du mouvement anarchiste brésilien, qui a fait un travail précis sur Clevelândia - camp de concentration brésilien dans les années 1920 - où les anarchistes étaient déportés. Plus de 50 % sont ainsi morts dans la forêt amazonienne. Il est également intervenu sur le syndicalisme au Brésil et la répression du mouvement ouvrier révolutionnaire. Eduardo Valladares, historien, a parlé de la Confédération ouvrière brésilienne (COB) et de l'éducation libertaire. Carlo Romani, historien et militant, s'est aussi intéressé aux camps de concentration en Amazonie et à la répression des immigrés anarchistes. Il a d'ailleurs réalisé un film - projeté pendant le colloque - sur cette question des exilés en Amazonie. Renato Ramos, géologue et vieux militant anarchiste de Rio de Janeiro, qui a brossé un tableau du syndicalisme révolutionnaire et de l'anarchisme à Rio de Janeiro. Et bien d'autres.
On ne construit pas un mouvement révolutionnaire anarchiste sans les livres, sans la réflexion. Ce n'est pas tout, mais c'est un début. J'espère qu'à partir de ce colloque les échanges continueront et prendront d'autres formes entre nous et les participants venant d'Europe, Eduardo Colombo, Daniel Colson, Frank Mintz et Larry Portis. Les projets sont larges et il faut y travailler.
« Chroniques rebelles », Rio de Janeiro, 16 septembre 2004