Le vote de la loi ‘Immigration’ est qualifié par la majorité des analystes comme un tournant historique du quinquennat.
C’est effectivement une étape majeure dans la conquête du pouvoir par l’extrême droite. Nous n’entrerons pas dans les détails de cette loi et ne décrirons pas les mesures une à une.
Notons simplement que ce sont des mesures d’inspiration raciste.
Notre propos est de montrer que les idées de l’extrême droite sont arrivées au pouvoir. Déjà, on observait une colonisation des idées fascistes dans la classe politique, faisant suite ou accompagnant cette fascisation des esprits dans la population.

On voyait depuis un moment les Eric Ciotti et Laurent Wauquiez se rendre marino-compatibles et faisant des appels du pied pour une petite place dans un hypothétique gouvernement d’union de la droite et du Rassemblement national.
Cette hypothèse d’un gouvernement puant en 2027 est de plus en plus crédible.
Marine Le Pen parle d’une victoire idéologique du Rassemblement national. Ce n’est en fait, qu’une des étapes de cette victoire, en attendant la consécration. Mais comment en est-on arrivé là ? Comment a-t-on pu accepter que toutes les pièces du puzzle se mettent en place, méthodiquement, insidieusement, sans vouloir en voir le dess(e)in final ? Et, surtout, qui a mis en place toutes ces pièces du puzzle les unes après les autres, ou a favorisé leur mise en place ?

Une des premières illusions est entretenue à intervalles réguliers avec les élections, et tous les 5 ans, par le ‘grand carnaval’. Par trois fois, les adeptes de croyance électorale se sont faits berner en effectuant un bien pauvre choix entre la droite et l’extrême-droite. Ah ! La démocratie !
Par trois fois déjà, on leur a fait croire que l’élection d’un président de droite allait les protéger de la montée inexorable du fascisme. A-t-on enfin compris ? Pas sûr… il est même certain que non, les faits se reproduisant de façon rituelle.
Par deux fois, le président élu, Emmanuel Macron, s’est posé en défenseur de la démocratie, en garant du barrage aux idées d’extrême droite. Par deux fois, le président Macron a favorisé la montée de l’extrême droite, lui a même offert un véritable boulevard. Ce vote de la loi ‘Immigration’ en est le dernier exemple.

Sébastien Fontenelle, dans son livre Macron et l’extrême droite. Du rempart au boulevard, nous en offre tous les exemples : les petites phrases, les petits actes …
Je reprends les dernières lignes de son livre :
« Cela fera bientôt 10 ans qu’Emmanuel Macron a écrit cette abrupte sentence : ‘Si nous ne nous ressaisissons pas, dans cinq ans ou dans dix ans, le Front national sera au pouvoir. Personne ne peut en douter’ On a cru, sur le moment, qu’il exprimait une inquiétude : il serait peut-être temps de se demander s’il n’annonçait pas un calendrier. »

Préparons-nous !

La stratégie d’Emmanuel Macron est celle d’un loser qui veut se la jouer Mister Univers, avec arrogance et cynisme. Et d’abord en affichant une dédiabolisation du Front puis du Rassemblement national, qui ne pouvait rêver meilleur partenaire. Il fallait dédiaboliser l’extrême droite, montrer que le RN était un parti comme un autre, en démontant ses arguments lors de débats où ne devait entrer nulle éthique, nulle morale… Des faits, du pragmatisme. Démontrer l’incompétence et l’impréparation de sa porte-parole en matière économique et sociale. Jouer au professeur condescendant, au manager de la start-up France 2.0.
Seulement, les accords idéologiques ne fonctionnent pas qu’avec du pragmatisme. Il est également une large part d’irrationnel, de l’ordre de l’émotionnel.

En participant à dédiaboliser l’extrême droite, Emmanuel Macron l’a banalisée. Il l’a rendue acceptable.
Pour beaucoup, beaucoup trop, elle est devenue souhaitable.
Pour beaucoup, beaucoup trop, elle est devenue désirable.
Préparons-nous !

Franck
Groupe Henri-Laborit

Sébastien Fontenelle
Macron et l’extrême droite. Du rempart au boulevard
Coéditions Florent Massot / Blast, 2023
15,90 €