Une vie de riche

Il pleut comme vache qui pisse
Des billets verts dans le chapeau
Haut de Forme, bien entendu
Du magnat étasunien du pétrole.
Il n’a que mépris pour la foule
Surtout celle qui roule en Golf
Mais il l’abreuve en carburant
Et lui présente la douloureuse.
Il mâche un bâton de réglisse
Tout en songeant au paquebot
Qu’il offrira peut-être à sa grue
Si elle fait de son sexe une idole.
Et pendant que l’argent coule
De ses pipelines dans le Golfe
Il se félicite de ses placements
Se dit qu’il a eu la dent creuse.
Parfois une hésitation le gagne
A l’heure de quitter son domaine
Il peine à choisir parmi les dix-huit
Cabriolets qui lui tendent les bras.
Cela tourne même à la tragédie
Un drame étranger à l’humanité
Qui n’a pas dix-huit Mercedes
Et se plaint d’avoir trop peu.
Il imagine alors une vie en pagne
Une vraie vie d’indien aborigène
Sans même un pot de terre cuite
A mâcher de la feuille de coca.
Bien vite il recouvre ses esprits
Retrouve son sourire carnassier
Et rit de son accès de faiblesse

Que crèvent tous ces pouilleux !

Céd.