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Luttes syndicales
par Konflikt - traduit de l’anglais par Monica Jornet - groupe Gaston Couté le 13 décembre 2021

Comment créer une organisation anarcho-syndicaliste en territoire ennemi ?

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Publié par Konflikt, le 24/11/2021

Nous avons créé le syndicat à Varna en 2014. Au départ nous étions une douzaine de personnes de la ville, la plupart d’entre nous travaillaient dans différentes entreprises du secteur services et du tourisme, il y avait aussi un fraiseur. Nous nous étions rencontrés lors des manifestations contre la hausse des prix de l’électricité un an auparavant et avions décidé d’être anarchistes. C’est pourquoi le syndicat démarré comme une initiative anarcho-syndicaliste, même si nous n’avions aucune expérience politique ou syndicale à l’époque. Il s’est avéré qu’il existait déjà une organisation anarcho-syndicaliste en Bulgarie, à savoir l’ARS (Syndicat Autonome des Travailleurs), basée à Sofia, nous venons donc de les rejoindre et nous nous appelons ARS – Varna. Il s’est avéré qu’ils n’avaient pas non plus d’expérience syndicale et aucune activité syndicale réelle hormis l’organisation de manifestations autour des questions sociales et du 1er mai. C’est par cela que nous avons commencé, et à l’époque nous étions plus un groupe militant de partisans de l’anarcho-syndicalisme qu’une organisation syndicale.





A cette époque, nous avons assisté à plusieurs conférences syndicales internationales qui nous ont aidés à nous positionner. Il est important de préciser le contexte dans lequel nous avons été (et sommes toujours) contraints d’organiser et de mener nos activités. La Bulgarie est un petit pays à la périphérie de l’Europe, que beaucoup qualifieraient de « pas très important » politiquement et économiquement. Les processus habituels de privatisation, libéralisation et déréglementation se déroulent ici, mais ce qui le distingue peut-être, ce sont leurs conséquences extrêmes : la Bulgarie est le pays le plus pauvre de l’UE avec les salaires les plus bas, les retraites les plus basses et les pires services publics, éducation et santé comprises. C’est également le pays où les jours de grève sont les plus faibles en Europe, le taux de syndiqué.e.s est légèrement inférieur à la moyenne européenne (18 % de la force de travail) et concerne principalement dans le secteur public. La désindustrialisation caractéristique de la restructuration du capitalisme européen depuis la fin des années 1970 et le début des années 1980 en Europe, a touché la Bulgarie (et le bloc de l’Est) avec une dizaine d’années de retard mais a été beaucoup plus rapide provoquant un changement brutal de la structure économique et de la classe laborieuse.

Du point de vue des traditions syndicales et révolutionnaires, il est important de dire qu’il existe un énorme fossé intergénérationnel en Bulgarie. Avant 1944, il y avait des organisations révolutionnaires et des syndicats relativement nombreux et puissants dans ce pays, mais après la répression des années 1920 et 1930 puis la mise en place du socialisme d’État, ils ont tous été détruits ou intégrés à l’appareil étatique, et aujourd’hui ces traditions ont été complètement anéanties, il n’y en a aucun souvenir vivant.

Varna est la troisième plus grande ville du pays avec une population d’environ 350 000 personnes. Avant la fondation du syndicat, il n’y avait pas une seule organisation de gauche ici, à moins de compter les structures fictives du Parti socialiste bulgare et quelques vieux communistes.

Politiquement, parmi les travailleurs et travailleuses de Varna (et dans le pays en général), les récits de la soi-disante «Transition» dominent, se caractérisant par un anticommunisme viscéral d’un côté et la nostalgie du passé socialiste de l’autre. A travers le prisme de la Transition, ces deux tendances prennent une forme particulière. L’anticommunisme est lié à la démocratisation mais aussi aux politiques de libre marché, la privatisation et la dérégulation, ainsi qu’à l’orientation géopolitique occidentale du pays. L’anticommunisme existe sous une forme anhistorique, intériorisé par une grande partie de la population. Il n’est pas rare d’entendre un collègue définir la baisse de salaire d’une entreprise ou l’intimidation par le patron comme du « communisme ». Tout cela rend extrêmement difficile pour les travailleurs non seulement d’agir, mais même de penser politiquement.

La nostalgie du socialisme, pour sa part, se définit à travers le prisme du nationalisme et s’exprime principalement dans l’idée d’un « État fort, une armée forte et une économie nationale forte », nostalgie de l’État-providence de l’après-guerre, et par une orientation géopolitique vers l’Est. Ces tendances varient, l’anticommunisme prévalant dans les grandes villes de l’ouest du pays, tandis qu’à l’est et dans les petites villes et villages, la nostalgie prévaut.

Premiers pas



Dans cet environnement, et notre orientation étant plus claire, nous avons commencé un travail actif. Notre première section syndicale a été créée dans le centre social que nous avions ouvert un an plus tôt. Par la suite, nous avons loué une pièce indépendante. Début 2015, le mécontentement éclate dans les chemins de fer. La direction préparait la privatisation et les travailleurs et travailleuses faisaient pression sur les syndicats officiels pour organiser la résistance. Le mécontentement était si grand que le syndicat Podkrepa fut contraint d’annoncer une manifestation contre la privatisation et les licenciements. Nous avons également décidé d’intervenir, non pas pour nous rallier à l’initiative de « Podkrepa », mais en appelant à une manifestation à part à la gare de Varna. Nous avons réussi à mobiliser une vingtaine de personnes de notre syndicat nouvellement créé. Plusieurs cheminots se sont également présentés. La manifestation a été un succès et nous avons ensuite organisé une réunion pour discuter des problèmes à BDZ et des possibilités de résistance. Lors de cette réunion, nous avons parlé d’organiser une grève illégale et d’autres formes d’action directe. La réunion et les discussions se sont bien déroulées, plusieurs travailleurs du chemin de fer s’y sont joints. Deux d’entre eux ont même adhéré à notre « syndicat ». Naturellement, ils ne sont pas restés longtemps. L’organisation n’était pas encore prête à accepter de nouveaux membres, sa structure n’était pas clairement établie, nous n’avions aucune expérience syndicale et la lutte dans les chemins de fer s’est vite éteinte.

Malgré tout, cela nous a donné l’enthousiasme et la confiance dont nous avions besoin pour participer efficacement aux conflits sociaux et attirer des travailleurs. Dans les mois qui ont suivi, nous avons été acteurs de nombreux micro conflits. Ainsi des serveuses d’une boîte de nuit de Golden Sands près de Varna sont venues nous voir. Aucun membre du personnel – barmans, serveurs, hôtesses, ni même les ouvriers du bâtiment qui avaient réaménagé le restaurant en début de saison, n’avaient reçu de salaire. Nous avons découvert que le patron de la boîte de nuit était un escroc bien connu de Sofia, dont il était difficile d’obtenir quoi que ce soit par des « moyens légaux ». Nous avons donc décidé que notre meilleure approche était l’action directe. Avec les travailleurs et travailleuses, et leurs proches venu.e.s en soutien, nous avons organisé une action devant la boîte de nuit, située dans le célèbre Hôtel International. Cela s’est passé le 8 mars. Nous avons réussi à faire un grand foin devant l’hôtel. Nous avons même demandé à la télévision locale de faire un reportage. L’entreprise a envoyé des agents de sécurité privés menaçants qui nous ont pris en photo quoique sans intervenir. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Une heure après la manifestation, nous avons reçu un appel du directeur de l’hôtel, furieux de l’atteinte portée à son image en début de saison. Le lendemain, le patron de la boîte de nuit était viré.

D’autres fois, les choses se passaient beaucoup plus simplement. Ainsi, un ouvrier du bâtiment est venu nous voir, également parce qu’il n’avait pas été payé. Sur un ton menaçant, nous avons expliqué au patron au téléphone que s’il ne payait pas tout de suite, le syndicat interviendrait. Cela a suffi et l’argent a été versé au travailleur le jour même.

Notre tactique était d’utiliser tout moyen mais en fonction de la situation. Nous avons également eu recours à des plaintes auprès de l’Inspection du travail. Cela a parfois eu un effet, même si dans la plupart des cas, l’action directe était beaucoup plus rapide et plus efficace.

Ces petites victoires ont été utiles pour acquérir de l’expérience syndicale. Elles n’ont cependant pas aidé à l’organisation à grande échelle. Même si certains des travailleurs et travailleuses que nous avons aidé.e.s sont devenus adhérent.e.s, ils et elles ne sont pas non plus devenus des syndicalistes activistes.

La lutte ouvrière de Piccadilly



Un tournant pour nous est survenu début 2017, huit cents personnels travailleurs de l’une des principales chaînes de vente au détail de l’époque avaient été licenciés. Lorsque nous avons appris la situation à Piccadilly ooù travailleurs et travailleuses s’organisaient pour manifester devant le plus grand site de la chaîne à Varna, nous avons décidé d’intervenir immédiatement. Tout d’abord, nous avons fait quelques recherches. L’entreprise avait déclaré faillite et les patrons s’étaient planqués. Il s’est avéré que personne ne savait qui étaient exactement les propriétaires. La société a été enregistrée en tant que société offshore à Chypre, laquelle appartenait à une autre société offshore aux Seychelles. Nous sommes allé.e.s à la manifestation. Nous les avons aidés à rédiger collectivement une liste de revendications et avons organisé une assemblée générale spontanée après la manifestation pour discuter des prochaines étapes. Il s’est avéré qu’ils ne savaient pas non plus qui était le ou les patrons de l’entreprise. La rumeur disait qu’elle appartenait aux frères Popov (célèbres pour la faillite d’une grande entreprise à Sofia), sans preuve. La situation était difficile. Avec l’entreprise en faillite et sans patron, toutes nos stratégies précédentes étaient inutiles. Nous ne pouvions attaquer l’image d’une entreprise en faillite si son propriétaire était inconnu.

Il était important pour nous d’encourager les personnes travailleuses à la prise de décision collective pour s’unir, dépasser les hiérarchies internes et clarifier les objectifs et les méthodes pour les atteindre. Ces rencontres nous ont aussi permis, en tant qu’acteurs externes, de mieux comprendre les dynamiques internes du collectif et les possibilités d’organisation de la résistance commune. La plupart des victimes travaillaient pour la chaîne depuis plus d’une décennie. Elles se connaissaient bien et cela avait créé un sentiment naturel de camaraderie et de solidarité, malgré l’absence d’une histoire commune des luttes au travail, complètement absentes de la mémoire collective des travailleurs.

Diverses stratégies ont été discutées lors de ces assemblées générales. Au début, deux ouvrières proposèrent d’occuper les magasins, notamment les locaux administratifs avec les coffres forts (où l’on supposait qu’il restait de l’argent). L’idée était de dissuader leur saisie par la banque, qui devait en prendre possession à tout moment, du moins jusqu’à ce que nous recevions l’assurance que le contenu des coffres forts servirait à payer les ouvriers. Malgré notre fort soutien, ce plan n’a pas été approuvé par les autres personnels ouvriers, et nous n’avons pas eu le temps d’en discuter plus sérieusement, car dès le lendemain la banque a pris possession, et les coffres étaient vides.

Nous sommes donc passés au plan B, qui consistait à attaquer le soi-disant « Fonds de garantie des créances ». Il s’agit d’un organisme spécial créé en vertu des règles de l’UE dans lequel chaque employeur de taille moyenne et grande est tenu de payer un prélèvement annuel minimum à utiliser pour payer les salaires en cas de non-paiement ou de faillite de l’entreprise. Le problème était que, dans le passé, les employeurs avaient réussi à faire adopter des changements juridiques au Parlement qui rendaient ce fonds inaccessible, introduisant une date limite d’application irréaliste. La caisse était pleine d’argent (alors près de 260 millions de levs) que les travailleurs ne pouvaient pas utiliser, et sous prétexte que la caisse était pleine, les employeurs avaient arrêté les cotisations annuelles obligatoires. Avec les travailleurs et travailleuses, nous avons décidé de faire pression pour que le fonds soit ouvert, en poursuivant les manifestations.

Nous avons fixé une date et une heure, les invitant à la section syndicale la veille pour préparer ensemble affiches et banderoles. Plusieurs personnes ont répondu, et alors que nous travaillions ensemble sur les matériaux, nous avons pu créer des liens. Le lendemain nous avons organisé une manifestation qui a commencé aux portes de la boutique et s’est terminée devant la mairie. Une centaine de personnes de Piccadilly et une dizaine ou une quinzaine du syndicat s’y sont jointes. Après quelques discours bruyants, nous nous sommes dirigés vers la banque créancière, qui était désormais en possession des actifs de l’entreprise après sa faillite. Les travailleurs et travailleuses en colère ont assiégé l’établissement et – à la grande horreur des employé.e.s et de la clientèle – ont commencé à cogner les carreaux. Après une brève bagarre avec la police, les passions se sont calmées.

Nous avons été frappé.e.s par le transfert des hiérarchies du lieu de travail vers la manifestation. Les personnels les plus bruyants et les plus actifs au début étaient ceux des niveaux inférieurs de gestion – les superviseurs et les gestionnaires de site. En revanche, la majorité des personnels travailleurs, principalement des caissiers et des agents d’entretien, étaient passifs et se tournaient vers les petits managers pour le leadership. Mais les manifestations se sont transformées en une campagne d’un an. Beaucoup de celles et ceux qui étaient actifs au début se sont lassé.e.s et étaient désabusé.e.s. Mais de nouveaux leaders ont émergé de la majorité des « personnels travailleurs ordinaires » et étaient déterminés à mener la lutte à terme. Avec le temps, certain.e.s ont cessé de venir aux réunions et annulé leur adhésion, mais quelques-un.e.s des « nouveaux leaders » sont non seulement restés mais sont devenus certains de nos syndicalistes les plus actifs. L’une d’entre elles, une femme d’origine turque et ancienne caissière à Piccadilly, est désormais la présidente nationale du syndicat. Mais examinons la campagne en détail car elle a conduit à des développements inattendus pour nous-mêmes.
Après la grande manifestation à Varna, nous avons commencé à avoir des réunions régulières avec les travailleurs et avons organisé plusieurs autres manifestations, dont une nationale dans la capitale. Y ont participé des travailleurs et travailleuses des magasins de la chaîne là-bas, ainsi que des travailleurs de l’entreprise de télécommunications Max Telecom, avec qui nous étions en contact depuis un certain temps et qui n’avaient pas non plus été payé.e.s. Le fait que nous ayons réussi à unir les protestations de personnes de différents secteurs confrontés aux mêmes problèmes au travail a été un grand succès pour nous. Mais la grande surprise est venue quand, pendant la manifestation, nous avons été rejoints par plusieurs ouvrier.e.s que personne ne connaissait. Lorsque nous avons commencé à parler, nous avons découvert que ces personnes venaient de l’usine chimique Neochim à Dimitrovgrad et avaient parcouru plusieurs centaines de kilomètres pour soutenir la manifestation « contre l’arbitraire patronal ». Incroyable ! Nous avons par la suite établi une relation très étroite. Nous sommes allés plusieurs fois à Neochim (la plupart en soutien pour faire pression sur la direction) et finalement en 2020, nous nous sommes réuni.e.s dans une organisation commune, mais nous en parlerons plus tard.
La manifestation à Sofia a atteint ses objectifs. Le vol par salaire impayé est devenu un problème national. Du coup, cela a chauffé l’ambiance et l’enthousiasme. À peu près au même moment, une grève illégale a éclaté dans une mine de manganèse près de Varna. Les mineurs de l’équipe de jour se sont barricadés dans la mine et ont refusé de remonter à la surface. La raison était encore le vol de salaire. Avec quelques ouvriers de Piccadilly, nous avons organisé une petite manifestation. Toute la journée – avec des mineurs de l’autre équipe qui s’étaient rassemblés devant pour soutenir leurs collègues – nous avons bloqué l’entrée de la mine.
Nous avons collecté de l’argent pour la nourriture des grévistes, que nous leur avons descendu avec une corde et un seau. Les travailleurs et travailleuses en difficulté de Piccadilly ont échangé leurs expériences et partagé leur solidarité avec les mineurs en grève. Ce fut un grand jour. Finalement, la grève a été annulée après l’intervention du syndicat jaune, dont le représentant est entré secrètement en contact avec un représentant de la direction et, après d’innombrables exhortations, a persuadé les personnels de mettre fin à la grève. Malgré les mensonges du syndicat, ils n’ont jamais reçu tout l’argent qui leur était dû. Nous sommes toujours en contact avec certains mineurs même si la mine n’est plus opérationnelle et qu’ils travaillent ailleurs.
Les manifestations de Piccadilly furent un point d’orgue. Depuis, nous avons organisé plusieurs autres actions localement, mais avec une participation de plus en plus faible. Un an s’était écoulé depuis le début de la campagne et petit à petit, nous avons tous commencé à nous démoraliser. Nous avons réfléchi à la manière de tirer le meilleur parti de l’échec inévitable, comment expliquer aux travailleurs que bien que n’ayant pas réussi à récupérer les salaires, la lutte en elle-même avait été motivante et avait ouvert les yeux de beaucoup d’entre nous sur les besoins des travailleurs et travailleuses quant à la solidarité et résistance face à l’arbitraire patronal. Nous ne voulions pas que tout cet enthousiasme, surtout des ouvriers et ouvrières qui nous avaient rejoints, se perde dans le bourbier de la frustration et du défaitisme. Mais alors que nous réfléchissions exactement à la façon de perdre avec dignité, quelque chose d’inattendu s’est produit : nous avons gagné ! Les manifestations dans la capitale et l’attention médiatique portée au problème avaient mis en branle les rouages ​​de la machine politique. A l’approche des élections, plusieurs politiciens de l’opposition ont décidé de profiter de l’occasion pour marquer des points dans la société en soumettant au vote des amendements à la loi sur le Fonds de garantie des sinistres. Ainsi, plus de 800 travailleurs et travailleuses de Piccadilly ont reçu leur salaire dû. De plus, l’ouverture du fonds signifiait que toutes les autres victimes de vol de salaire pourraient obtenir leur argent du fonds. Plus de 4 000 personnes en ont bénéficié en seulement un an après l’ouverture du fonds. Une victoire spectaculaire qui a montré que les travailleurs et travailleuses luttant pour leurs intérêts matériels, ont le pouvoir non seulement de gagner, mais de remporter des acquis pour l’ensemble de la classe ouvrière. Ce fut notre plus grande victoire.
C’est pendant la campagne de Piccadilly qu’est arrivée l’heure où nous pouvions désormais nous appeler à juste titre une véritable organisation syndicale, capable de mener des luttes sérieuses et de gagner.

Publié par Konflikt, le 24/11/2021
Traduit de l’anglais par Monica Jornet. Groupe Gaston Couté FA Loiret
PAR : Konflikt - traduit de l’anglais par Monica Jornet - groupe Gaston Couté
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