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par CLB China Labour Bulletin le 11 avril 2021

La dure réalité du travail dans les usines chinoises de traitement de puces

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[Traduction de l’anglais : Monica Jornet. Groupe Gaston Couté FA]

30.03.2021. Après que plusieurs grandes entreprises de télécommunications ont été mises sur liste noire par l’administration sortante Trump, la Chine a investi 1,4 billion de dollars américains dans son industrie des puces sur cinq ans.




Alors que l’argent afflue, les travailleurs ne partagent pas cette manne. L’environnement aseptisé des usines de fabrication de semi-conducteurs (communément appelées «fabs») cache une sale réalité : des conditions de travail exténuantes et des salaires bas.

L’Annuaire statistique de l’économie industrielle de la Chine indique que le nombre de travailleurs dans les industries des équipements électroniques a augmenté de plus de 2 millions au cours des 10 dernières années, avec 8,8 millions de travailleurs actuellement dans l’industrie. CLB a interviewé un travailleur de fab ce mois-ci, il évoque un environnement où les personnels sont soumis à une pression extrême et les puces plus importantes que les gens.

Le processus de création d’un circuit intégré est onéreux. Il faut extraire le silicium du sable, le convertir en polysilicium, le découper en tranches de silicium, puis réaliser une photolithographie, un emballage et une découpe. Les ouvriers qui fabriquent des puces ont des horaires pénibles, travaillant 12 heures par jour en isolement. Les travailleurs de l’équipe de jour arrivent à 7 h 45 et prennent leur première pause à 11 h. Après une pause-déjeuner d’une heure, ils travaillent de 12h à 20h.

L’employé de la fab interrogé par CLB, qui a demandé l’anonymat, a travaillé dans le traitement de plaquettes de silicium polycristallin, ce qui comprend de vérifier les valeurs d’entrée, de transporter les produits vers les machines de traitement et d’assurer les contrôles de qualité. « La machine tourne toute la journée et les travailleurs doivent garantir que les puces ne présentent aucun défaut et que la machine ne s’arrête pas même un instant ».

L’ouvrier a déclaré à CLB que les travailleurs mettaient auparavant moins de plaquettes dans les machines de lithographie pour faciliter leur travail. Mais leurs dirigeants les ont accusés de rendement insuffisant et ont exigé une hausse du taux d’efficacité. La production des machines de lithographie est passée de 1 000 pièces par équipe à 1 300, soit une augmentation de productivité de 30%. Et on s’attend à ce que la direction augmente cet objectif à l’avenir.

Les employeurs sont préoccupés par la productivité, mais ne paient pas de salaires équitables. Les ouvriers de la fab doivent suivre une formation de six mois à un an et passer des examens pour pouvoir utiliser lees machines, mais les travailleurs de jour ont des salaires de 3 000 yuans par mois seulement alors que les ouvriers qualifiés d’autres types d’usine gagnent. husqu’à plus de 6 000 yuans par mois.

Les travailleurs partent souvent avec le sentiment d’avoir acquis peu de connaissances spécialisées. «Au départ, je pensais qu’en travaillant dans une usine de traitement de plaquettes, j’apprendrais un métier, mais ce n’est pas le cas. Dans cette usine, il n’y a pas de place pour la formation et le salaire est bas », a déclaré le travailleur à CLB.

Il n’est pas étonnant que les fabs connaissent des taux de rotation de personnel élevés. "Les travailleurs ne veulent pas rester", déclare l’ouvrier à CLB et il cite un dicton courant parmi les travailleurs de la fab: "Trois sont embauchés et trois partent."

Les nouveaux embauchés sont tenus de respecter des normes strictes et sont condamnés à une amende pour la moindre erreur. Le travailleur interviewé par CLB nous a dit qu’un de ses collègues avait été renvoyé après avoir renversé une charrette. Des fissures et des particules ont été détectées dans les plaquettes, causant des dommages estimés à 660 000 yuans.

Le taux de rotation élevé et le caractère isolé du travail en usine rendent difficile de s’organisation. Les ouvriers sont enfermés dans des combinaisons de travail blanches et ne sont pas en mesure d’utiliser leur téléphone pendant les heures de travail. Ils ont du mal à entretenir des relations avec leurs parents et amis, et encore moins à s’associer à d’autres travailleurs. Pour que les conditions de travail s’améliorent dans cette industrie en plein essor, les syndicats doivent mener des actions concertées, mais jusqu’à présent, ils observent le silence.
PAR : CLB China Labour Bulletin
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